Saab a récemment présenté en Suède le premier prototype de son « chasseur multirôle de nouvelle génération », le Gripen E. Cet appareil ambitionne de rivaliser avec d’autres a priori plus puissants tels que le F-35 Lightning II de Lockheed Martin, le Rafale de Dassault ou l’Eurofighter du consortium européen éponyme. Et Si les caractéristiques techniques du Gripen E sont à l’évidence plus faibles, son prix également plus faible pourrait le rendre très attractif pour certains pays.
C’est que Saab joue gros avec ce nouvel avion de chasse. Le constructeur suédois est en effet bien modeste parmi les géants de l’armement, avec un chiffre d’affaires d’à peine 2,9 milliards d’euros en 2015. Contrôlé par le suédois Investor (le bras financier de la famille Wallenberg), Saab a su jusqu’à présent rester à flot, en proposant aussi bien des petits avions à usage civil que toute une gamme d’équipements allant du radar au sous-marin. Le groupe a également pu compter sur le soutien indéfectible de la Suède : le pays n’étant en effet pas membre de l’Otan, tous les gouvernements qui se succèdent à Stockholm sont soucieux de maintenir une industrie nationale de l’armement.
Saab avait déjà réussi un beau pari avec le Gripen C/D, son précédent chasseur multirôle. En plus de la centaine d’appareils vendus à l’armée suédoise, le groupe était parvenu à écouler plusieurs dizaines d’exemplaires grâce au prix attractif de son appareil : 28 à l’Afrique du Sud, 12 à la Thaïlande, 14 à la Hongrie et 14 autres à la République tchèque.
La version E se caractérise par un appareil plus grand, doté d’un réacteur plus puissant (une variante du F414 de General Electric), et qui permet d’embarquer plus d’armes et des systèmes électroniques plus performants. La Suède en a déjà commandé 60, mais n’a pas été la seule à se montrer intéressée. Le Gripen E a en effet déjà convaincu le Brésil, qui a décidé l’année dernière d’en acquérir 36 unités pour un montant de 4,5 milliards de dollars (à assembler localement).
Mais le constructeur suédois cible bien d’autres clients potentiels. Le marché suisse, en premier lieu. Le dernier appel d’offre de Berne avait en effet abouti à une commande de 22 Gripen E/F (annulée par la suite après un référendum). La Finlande, en second lieu. Le constructeur compte en effet sur le renforcement de la coopération militaire entre la Suède et la Finlande (elle aussi non-membre de l’Otan) pour vendre son Gripen E à Helsinki. D’autres marchés sont également en ligne de mire, tels que : Belgique, Autriche, Inde, Indonésie et Malaisie.
Le groupe espère vendre quelques 450 Gripen dans les vingt années à venir.