En juin dernier, un chasseur-bombardier Mitsubishi A6M, plus connu sous le nom de « Zéro », a finalement retrouvé le ciel tokyoite : cela faisait près de 80 ans que les japonais n’avaient pu admirer ses ailes flanquées du « hinomaru » (nom du drapeau japonais, un rond rouge sur fond blanc) dans leur ciel. Un spectacle rare, car cet emblématique avion de chasse de la Seconde Guerre mondiale est en passe de disparaître : de nos jours, il ne resterait plus que quatre exemplaires en état de marche dans le monde. Durant la guerre, ce chasseur monoplace a semé la peur dans les rangs des Alliés grâce à son extrême mobilité et sa puissance de feu. Il était en effet particulièrement léger et très maniable, car dépourvu de blindage. Construit à 10 000 exemplaires par Mitsubishi Heavy Industries, il s’est illustré à plusieurs occasions durant la guerre : lors de l’attaque-surprise japonaise contre la base navale américaine de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941 ; mais aussi et surtout vers la fin de la guerre, quand les pilotes kamikazes sont allés fracasser leurs appareils contre des navires américains dans le sud du Japon, entre l’île de Kyushu et celle d’Okinawa.
L’exemplaire survivant a une histoire assez mouvementée. Retrouvé dans la jungle de Papouasie-Nouvelle-Guinée dans les années 1970, il a été ramené aux Etats-Unis et restauré. Son propriétaire précédent l’a notamment fait participer au tournage du film hollywoodien Pearl Harbor, ainsi qu’à plusieurs shows aériens aux Etats-Unis. En 2008, il a finalement été racheté par un homme d’affaires japonais, Masahide Ishizuka, pour l’équivalent de 3 millions d’euros, et a été rapatrié dans son Japon natal. L’objectif de son nouveau propriétaire est de le faire voler aussi souvent que possible, et de le faire connaître aux nouvelles générations de Japonais : il souhaite que les jeunes sachent qu’il y a 75 ans, le Japon était déjà parvenu à mettre au point une telle technologie.
En 2013, le célèbre cinéaste d’animation japonais Hayao Miyazaki, lui aussi mordu d’aviation, avait déjà consacré un long métrage à cet avion de chasse, avec Le vent se lève. Pacifiste convaincu, Miyazaki n’y célèbre pas tant les qualités au combat de cet appareil mythique, mais se focalise sur la vie de Jiro Horikoshi, le concepteur du Zero Fighter au sein du groupe Mitsubishi de l’époque. Il montre que le concepteur de l’A6M n’aspirait en réalité qu’à créer de belles machines volantes, mais que ses rêves ont été détournés et mis au service des besoins militaires de l’époque.