Qui va acheter le SU-57 Felon russe ?

Qui va acheter le SU-57 Felon russe ?

Le Su-57 russe peine à convaincre sur le marché international en raison des sanctions, des coûts élevés et de la complexité du programme.

Le Sukhoi Su-57, conçu pour être le fer de lance de l’aviation militaire russe, peine à trouver des acheteurs internationaux. Bien que promu comme un chasseur de cinquième génération, des facteurs tels que les coûts élevés, les sanctions internationales (CAATSA) et le manque de transparence dans le développement ont conduit des partenaires potentiels comme l’Inde à se retirer du projet. De plus, les relations complexes avec des pays intéressés comme l’Algérie et l’Iran ajoutent une incertitude quant à l’avenir du Su-57. Cet article examine en détail ces défis et les perspectives d’exportation de cet avion.

Le Su-57 : Un chasseur de cinquième génération sous pression

Le Sukhoi Su-57, également appelé Felon, est le premier avion de chasse de cinquième génération développé par la Russie. Doté de caractéristiques avancées telles qu’une furtivité améliorée, une super-manoeuvrabilité et des capacités de vol supersoniques sans postcombustion, cet appareil devait concurrencer les avions similaires, notamment le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II des États-Unis.

Cependant, malgré ces avancées technologiques, le Su-57 a rencontré plusieurs difficultés qui ont entravé sa production et son adoption. L’une des principales difficultés réside dans le coût de développement de l’avion, estimé à plusieurs milliards de dollars, et la complexité de sa production, qui a ralenti la livraison des unités à l’armée russe elle-même. En 2024, il a été signalé que le Su-57 avait subi son premier revers opérationnel lors d’une mission en Ukraine, où il a été endommagé par une attaque de drone. Ce genre d’incident ternit l’image d’invulnérabilité que la Russie cherche à projeter avec cet avion.

La sortie de l’Inde : un coup dur pour le programme Su-57

Initialement, le projet Su-57 devait être une coopération entre la Russie et l’Inde, avec un accord signé en 2007 pour le développement conjoint d’une version dérivée appelée Fifth Generation Fighter Aircraft (FGFA). Cependant, l’Inde s’est retirée du projet en 2018, exprimant des inquiétudes quant aux coûts élevés, aux performances insuffisantes et au manque de transparence dans la répartition des tâches et des bénéfices du développement.

L’un des principaux points de friction était l’incapacité de la Russie à fournir un partage équitable des informations et des technologies avec l’Inde, ainsi que la résistance à permettre aux pilotes indiens de tester l’avion avant de finaliser les spécifications. De plus, l’Inde souhaitait une version biplace du Su-57 pour répondre à ses besoins opérationnels spécifiques, mais la Russie n’avait ni les ressources ni la volonté de développer cette variante. Le coût initial investi par l’Inde, estimé à 6 milliards de dollars (environ 5,5 milliards d’euros), a été perdu, marquant un échec retentissant pour ce partenariat.

En plus de ces défis internes, la loi américaine CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act) a également joué un rôle dissuasif en rendant difficile pour l’Inde de poursuivre des achats militaires significatifs avec la Russie sans risquer de sanctions économiques. La sortie de l’Inde a donc laissé le programme Su-57 sans l’un de ses principaux partenaires financiers et technologiques, exacerbant les difficultés de ce projet.

Le cas de l’Algérie : une commande incertaine

En 2020, il a été rapporté que l’Algérie avait passé une commande pour 12 à 14 Su-57, avec une option pour augmenter cette commande à 24 unités. L’Algérie, qui entretient depuis longtemps des relations militaires étroites avec la Russie, aurait vu dans le Su-57 un moyen de renforcer ses capacités aériennes face à son rival régional, le Maroc, largement soutenu par les États-Unis.

Cependant, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, les perspectives de cette commande sont devenues floues. Les sanctions économiques imposées à la Russie, combinées aux difficultés internes de production du Su-57, ont semé le doute quant à la capacité de Moscou à honorer cet engagement. De plus, le manque de communication officielle récente sur cette commande suggère que le projet pourrait être en suspens, voire annulé.

Cette incertitude met en lumière les défis auxquels sont confrontés les pays qui cherchent à acheter des équipements militaires russes dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu. L’Algérie, qui a souvent maintenu une position indépendante vis-à-vis des grandes puissances, se trouve désormais dans une situation complexe, où ses besoins en défense doivent être équilibrés avec les réalités politiques et économiques internationales.

Qui va acheter le SU-57 Felon russe ?

L’intérêt de l’Iran : un achat hypothétique

L’Iran a manifesté un intérêt pour le Su-57, mais cet intérêt reste pour l’instant hypothétique. En 2023, l’Iran a finalisé un accord pour l’achat de Su-35S, des avions initialement destinés à l’Égypte mais non livrés en raison de la pression de la loi CAATSA. Cet achat est perçu comme une étape préparatoire à une éventuelle acquisition du Su-57, bien que cette perspective reste incertaine.

L’Iran est actuellement sous de lourdes sanctions internationales, ce qui complique tout achat militaire important. Cependant, en raison de ses relations étroites avec la Russie, il est possible que l’Iran cherche à acquérir le Su-57 comme une démonstration de force régionale. L’Iran opère actuellement des avions vieillissants, dont des F-4 Phantom II et des F-14 Tomcat, acquis avant la révolution de 1979. L’acquisition du Su-57 marquerait une modernisation significative de sa flotte aérienne.

Cependant, il est important de noter que les relations entre la Russie et l’Iran ont été historiquement complexes. Malgré une coopération croissante ces dernières années, notamment dans le contexte de la guerre en Syrie, la Russie a déjà refusé de fournir des systèmes d’armement avancés à l’Iran par le passé. Par conséquent, il reste à voir si le Su-57 rejoindra un jour l’arsenal iranien.

Conséquences pour l’industrie aéronautique russe et internationale

Le programme Su-57 représente à la fois un défi technique et un symbole de la stratégie de défense russe. Cependant, les difficultés rencontrées dans la production et l’exportation de cet avion mettent en lumière les limites de l’industrie de défense russe face aux sanctions économiques et à une concurrence internationale féroce.

La Russie, autrefois un fournisseur clé d’avions de chasse sur le marché international, a vu ses parts de marché diminuer, en partie à cause des sanctions imposées par la loi CAATSA. Des pays comme l’Égypte et l’Indonésie, qui avaient exprimé un intérêt pour les avions russes, ont finalement opté pour des alternatives occidentales, soulignant la difficulté pour la Russie de maintenir sa position sur ce marché.

Pour l’avenir, la capacité de la Russie à vendre le Su-57 à des clients étrangers dépendra non seulement de l’amélioration de la fiabilité et des performances de l’avion, mais aussi de la gestion des impacts géopolitiques. Sans acheteurs internationaux solides, le Su-57 risque de devenir un symbole des ambitions non réalisées de la Russie dans le domaine de l’aéronautique militaire.

Quel avenir pour le Su-57 ?

Le Sukhoi Su-57 reste un projet en cours de développement avec un avenir incertain. Les défis techniques, les contraintes financières et les répercussions géopolitiques rendent difficile l’évaluation de son succès potentiel sur le marché international. Sans partenariats internationaux solides et sans capacité à surmonter les obstacles économiques et diplomatiques, il est possible que le Su-57 ne trouve jamais sa place dans les flottes aériennes des nations étrangères.

Toutefois, la Russie pourrait chercher à redéfinir sa stratégie en matière de défense, en se concentrant sur des partenariats avec des pays moins affectés par les sanctions occidentales. Le succès du Su-57 pourrait alors dépendre de la capacité de la Russie à adapter son offre aux besoins spécifiques de ces nations, tout en résolvant les problèmes internes liés à la production et à la performance de l’appareil.

Le Su-57 reste un projet emblématique des défis contemporains de l’industrie de défense russe, symbolisant à la fois l’ambition technologique et les contraintes géopolitiques auxquelles la Russie est confrontée. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si cet avion deviendra un pilier de l’aviation militaire mondiale ou s’il restera une curiosité technique sans réel impact stratégique.

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