Face au manque de volontaires russes, la Russie recrute des soldats étrangers, offrant des sommes attractives malgré des risques élevés.
La Russie, confrontée à une baisse du soutien public pour sa guerre en Ukraine et à un manque croissant de volontaires, a commencé à recruter des soldats à l’étranger. Les recrues proviennent principalement de zones rurales et de pays pauvres d’Asie centrale et d’Afrique, attirées par des promesses financières alléchantes et des permis de résidence en Russie. Cependant, le taux élevé de mortalité parmi ces soldats pose un défi croissant pour le Kremlin, qui pourrait manquer de combattants d’ici 2026.
La mobilisation intérieure en déclin : raisons et conséquences
Le conflit en Ukraine, qui dure maintenant depuis plus de deux ans, a profondément changé la perception publique en Russie. Initialement, le Kremlin a pu justifier l’invasion en la qualifiant de mission pour “récupérer” une partie de l’ancien empire soviétique. Cependant, au fil des mois, les pertes humaines importantes ont érodé le soutien populaire. Les mères russes, notamment, ont exprimé leur indignation face à l’utilisation de conscrits dans une guerre qui, selon la loi russe, ne devrait impliquer que des soldats professionnels. Ces jeunes hommes, souvent inexpérimentés, se retrouvent en première ligne d’un conflit meurtrier qui n’a fait qu’augmenter en intensité.
Pour contourner cette résistance, le gouvernement russe a choisi une solution financière : offrir des primes importantes aux soldats qui acceptent de se rendre en Ukraine. Cette stratégie, bien que temporairement efficace, a montré ses limites. Dans les grandes villes, les hommes en âge de combattre ont souvent les moyens financiers de fuir le pays pour échapper aux recruteurs. Ceux qui possèdent des compétences techniques ou professionnelles recherchées par l’État sont également moins enclins à se laisser enrôler. Cette fuite des cerveaux a forcé les recruteurs militaires à se tourner vers les zones rurales, où la pauvreté rend l’argent proposé plus attractif.
La somme de 20 000 dollars (environ 18 500 euros) offerte aux recrues représentait une fortune pour les hommes issus de ces régions. Pour beaucoup, cette somme pouvait changer la vie de leur famille, même si cela impliquait de risquer leur vie sur le champ de bataille ukrainien. Cependant, à mesure que la guerre s’intensifie et que les pertes augmentent, même ces sommes ne suffisent plus à convaincre les hommes de s’engager.
Recrutement à l’étranger : une solution à double tranchant
Face à l’épuisement des volontaires russes, Moscou a commencé à chercher des recrues en dehors de ses frontières. Les pays d’Asie centrale, anciens États soviétiques, se sont révélés être des terrains de recrutement particulièrement prometteurs. La pauvreté généralisée et la maîtrise de la langue russe ont permis d’attirer des hommes en quête de meilleures perspectives économiques. En plus de l’argent, la Russie leur promet des permis de résidence, une offre difficile à refuser pour beaucoup. Cependant, ces recrues savent que leurs chances de survie sont minces, surtout en 2024, alors que le conflit est devenu encore plus mortel.
En parallèle, la Russie a également recruté des soldats en Afrique et en Asie, souvent par le biais de courtiers locaux. Ces recruteurs proposaient des contrats alléchants aux hommes en quête de travail, sans nécessairement informer les gouvernements locaux de la véritable nature de l’engagement. Mais cette tactique a rapidement suscité des tensions politiques dans les pays concernés, notamment lorsque les pertes en vies humaines ont commencé à augmenter. Les gouvernements locaux, sous pression de leurs populations, ont alors commencé à interdire le recrutement par la Russie, malgré les tentatives de corruption par Moscou.
L’avenir du recrutement russe : un défi croissant
Malgré ces efforts, le Kremlin fait face à un défi de taille : le réservoir de soldats disponibles s’amenuise rapidement. Les experts en personnel militaires russes estiment que, si la situation continue ainsi, la Russie pourrait manquer de combattants d’ici 2026. Cette perspective inquiète non seulement les stratèges militaires, mais aussi les décideurs politiques, qui doivent gérer une guerre de plus en plus impopulaire tout en maintenant la capacité opérationnelle des forces armées.
L’épuisement des volontaires et la réticence croissante des recrues étrangères mettent en lumière les limites de la stratégie actuelle de la Russie. La dépendance à l’égard de soldats étrangers expose également le Kremlin à des risques politiques supplémentaires, car les gouvernements étrangers pourraient resserrer les contrôles sur les activités de recrutement russe. De plus, les pertes humaines parmi ces recrues pourraient encore ternir l’image de la Russie sur la scène internationale, compliquant davantage ses efforts de guerre.
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