Le spaceplane réutilisable chinois a atterri après 267 jours en orbite, marquant une avancée majeure dans la technologie spatiale réutilisable.
Le spaceplane réutilisable chinois a terminé sa troisième mission orbitale après 267 jours en orbite. Ce véhicule, développé par la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), fait partie des efforts de la Chine pour développer des solutions spatiales réutilisables. L’objectif est de réduire les coûts et de rendre l’accès à l’espace plus abordable et flexible. Bien que peu d’informations soient disponibles en raison de la nature secrète de la mission, des opérations de proximité (RPO) avec des objets libérés en orbite ont été observées, ce qui pourrait indiquer des applications futures variées, allant de la maintenance de satellites à des opérations contre des satellites adverses.
Avancée technologique du spaceplane réutilisable chinois
Le spaceplane chinois marque une percée technologique significative dans le domaine des engins spatiaux réutilisables. Lancé pour la troisième fois le 14 décembre 2023 à partir du port spatial de Jiuquan à bord d’une fusée Long March 2F, cet appareil a réalisé un vol de 267 jours avant de retourner sur Terre le 6 septembre 2024. Cette durée est comparable à celle de sa mission précédente, qui avait duré 276 jours. L’objectif de ce véhicule est de démontrer la faisabilité d’un système de transport spatial réutilisable, ce qui permettrait de réduire considérablement les coûts des missions spatiales tout en augmentant leur fréquence.
En comparaison, d’autres missions spatiales réutilisables, comme le programme X-37B des États-Unis, montrent des similitudes en termes de durée et d’objectifs. Toutefois, la Chine maintient un haut niveau de secret autour de son programme spatial, ne publiant que peu de détails sur les caractéristiques techniques du véhicule ou les résultats spécifiques des expériences menées.
Le rôle des opérations de proximité et de rendez-vous en orbite
Un des aspects notables de la mission du spaceplane chinois est la réalisation d’opérations de rendez-vous et de proximité (RPO) avec des objets qu’il a lui-même libérés en orbite. Ces opérations, observées lors de la deuxième et de la troisième mission, suggèrent que le véhicule spatial est capable de se rapprocher intentionnellement d’un autre objet en orbite, un atout technologique majeur.
Les RPO peuvent avoir plusieurs applications. Dans un contexte civil, elles permettent des missions de maintenance, réparation ou récupération de satellites endommagés, ce qui améliorerait considérablement la durée de vie des systèmes spatiaux. Cependant, ces capacités pourraient également être utilisées à des fins plus controversées, telles que des opérations anti-satellites, où un engin spatial est employé pour désactiver ou détruire les satellites adverses en orbite.
La maîtrise de telles manœuvres complexes renforce la position stratégique de la Chine dans l’espace, lui offrant non seulement des capacités défensives accrues mais aussi une influence dans la course technologique pour le contrôle de l’espace.
Développement d’un système de transport spatial réutilisable
Le programme chinois de spaceplane s’inscrit dans une stratégie plus large visant à développer un système de transport spatial entièrement réutilisable, basé sur le concept de stade suborbital réutilisable. Le premier test de cette technologie a eu lieu en 2021, suivi d’un second en août 2022. L’objectif est de mettre au point un véhicule à décollage vertical et atterrissage horizontal qui pourrait être utilisé pour des lancements fréquents, réduisant ainsi la dépendance aux ressources coûteuses.
La China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC) a déjà reçu un soutien national, notamment un financement du National Science Foundation of China, pour accélérer le développement de ce système. La possibilité de réutiliser un spaceplane de manière fréquente et efficace représenterait une avancée majeure dans la réduction des coûts liés aux missions spatiales, tout en augmentant l’accès à l’espace pour des missions scientifiques, commerciales ou militaires.
Le temps entre l’atterrissage et le nouveau lancement de ces engins est un indicateur clé pour évaluer le degré de réutilisabilité atteint. En observant la rapidité de redéploiement du spaceplane, on pourra juger de la maturité du programme en matière de vols réutilisables. D’après les premières observations, le cycle de redéploiement de l’appareil s’est réduit, passant de presque deux ans entre la première et la deuxième mission à seulement sept mois entre la deuxième et la troisième.
Conséquences stratégiques et géopolitiques
La maîtrise de la technologie des spaceplanes réutilisables offre à la Chine un avantage stratégique important dans le domaine spatial. Outre les applications commerciales et scientifiques, cette capacité renforce considérablement le potentiel militaire de la Chine. Les engins réutilisables permettent des lancements fréquents à moindre coût, augmentant ainsi la flexibilité et la rapidité d’interventions spatiales.
Le fait que la Chine maintienne un haut degré de secret autour de ce programme renforce les incertitudes géopolitiques. Les États-Unis, avec leur programme X-37B, surveillent attentivement les progrès chinois dans ce domaine, car la capacité à effectuer des manœuvres complexes en orbite, y compris des opérations de proximité, pourrait avoir des implications militaires sensibles. Le développement de technologies spatiales avancées par la Chine pourrait accroître les tensions internationales, surtout dans le contexte d’une militarisation croissante de l’espace.
D’un point de vue géopolitique, la maîtrise des technologies spatiales réutilisables pourrait également renforcer les capacités de la Chine à mener des missions interplanétaires, et éventuellement à jouer un rôle central dans l’exploration lunaire et martienne. Les ambitions spatiales de la Chine, qui incluent la construction d’une station lunaire d’ici les années 2030, s’inscrivent dans cette stratégie globale d’augmentation de son influence dans l’espace.
Le retour réussi du spaceplane réutilisable chinois après 267 jours en orbite confirme la maturité croissante de la technologie spatiale chinoise. En réalisant des opérations de proximité et en perfectionnant un système de transport spatial réutilisable, la Chine montre qu’elle est prête à concurrencer les grandes puissances spatiales sur le plan technologique et stratégique.
Cette avancée pourrait non seulement réduire les coûts des missions spatiales, mais aussi offrir de nouvelles capacités militaires et commerciales à la Chine. À mesure que le programme évolue, il sera crucial de suivre l’impact de cette technologie sur les équilibres géopolitiques et sur la manière dont les grandes puissances interagiront dans l’espace dans les décennies à venir.
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