A l’heure où il devient difficile pour les avions de chasse français, et spécifiquement le Rafale, faisons un petit retour sur l’un des succès de Dassault Aviation, le Mirage III. Le cahier des charges d’un chasseur léger à destination de l’Armée de l’air française fut établi au début de l’année 1953. Les trois constructeurs français de l’époque s’y intéressent. La SNCASG propose son SC 9050 Trident 2, la SNCASE son SE 212 Trident mais c’est finalement Dassault qui présente l’appareil le plus adapté à la demande: le MD-550 Mystère Delta. Outre son innovante voilure en aile Delta, en complément de ses deux réacteurs il disposait aussi d’une fusée d’appoint lui permettant de dépasser le mur du son, même en montée. Deux prototypes sont alors commandés et le MD-550-01 effectue son premier vol le 25 juin 1965 aux mains de Roland Glavany. Les performances évoluent au cours des essais et il finit, en fin d’année, par atteindre la vitesse de Mach 1,3 en vol horizontal. En février 1956, l’appareil prend l’appellation de Mirage et rétroactivement de Mirage I pour le MD-550-01 et de MirageII pour le 02. Malheureusement l’armée change d’avis, modifie le cahier des charges et finalement le programme est abandonné en juillet 1956… Dassault rachète alors son prototype 2 au ministère de la Défense et continue seul, sur ses fonds propres, le développement de l’appareil qui devient alors le Mirage III répondant bien cette fois aux nouvelles spécifications édictées par l’armée.
Le premier prototype décolla le 17 novembre 1956. 10 avions sont commandés en mai 1957, les Mirage 3A, légèrement modifiés, 30 % plus grands et surtout plus puissants. Le 12 mai 1958, le premier exemplaire décolle et atteindra lors des vols suivants la vitesse de Mach 2,2 devenant ainsi le premier avion européen à dépasser Mach 2. La production en série commença alors, entre 1959 et 1961 en version 3B (biplace d’entraînement), 3C (interception), 3 D (biplace). Ill E (attaque au sol tous temps) et HIR (reconnaissance). Les appareils seront opérationnels à partir de 1962 et rapidement commandés a l’export par une vingtaine de pays dont certains les utilisent encore.
En 1967. Dassault propose une version simplifiée pour les vols par temps clair, le Mirage 5. équipé d’un radar moins perfectionné mais surtout permettant l’emport de 35 % de carburant supplémentaire par rapport au Mirage 3. Il sera livré à une dizaine de pays. Il évoluera à la fin des années 1970, en Mirage 50 à l’avionique modernisée. puis en IHNG intégrant les commandes de vol électriques du Mirage 2000 et en HIT avec un réacteur Pratt & Whitney construit sous licence. Des prototypes à décollage vertical, Balzac V puis Mirage 3 furent aussi testés entre 1962 et 1966 mais plusieurs crashs mirent fin au projet… Un modèle à voilure a géométrie variable, le HIG, devenant ensuite G4 et G8. sera également évalué au début des années 1970. Bien que ses performances étaient pour l’époque incroyables (Mach 2,34 à 12.800 m et pouvant atteindre les 18.500 mètres d’altitude), il ne fut jamais construit et les 2 seuls exemplaires sont aujourd’hui exposés aux musées du Bourget et de Montélimar.