Les bases russes de Khmeimim et Tartous en Syrie montrent des signes de retrait partiel. Un tournant stratégique dans la présence militaire russe en Méditerranée.
Des images satellites récentes montrent un retrait progressif des forces russes des bases stratégiques de Khmeimim et Tartous en Syrie. Ces sites abritaient des systèmes de défense avancés comme le S-400 et jouaient un rôle crucial dans la projection de puissance russe en Méditerranée. Ce mouvement fait suite à l’effondrement du régime de Bachar Al-Assad et s’accompagne de discussions complexes avec la nouvelle autorité de transition dominée par Hay’at Tahrir al-Sham (HTS). Les implications de ce retrait partiel pourraient remodeler la dynamique militaire dans la région, en augmentant les vulnérabilités de la Russie face à des menaces croissantes, notamment les attaques par drones.
Khmeimim : un hub stratégique en transformation
Depuis 2015, Khmeimim est le centre névralgique des opérations aériennes russes en Syrie. Située près de Lattaquié, cette base a permis à Moscou de soutenir militairement le régime d’Assad face aux factions rebelles. Son importance stratégique est renforcée par :
- La capacité d’accueil d’aéronefs majeurs comme le Su-35 Flanker-E et le Su-34 Fullback.
- La présence de systèmes de défense avancés comme le S-400, capable de couvrir un rayon de 400 km.
Les images satellites de décembre 2024 montrent toutefois un démantèlement partiel des infrastructures. Les missiles S-400 ont été retirés de leurs emplacements, les radars 91N6 Big Bird sont en configuration de transport, et plusieurs avions de transport (An-124, Il-76) semblent prêts à évacuer du matériel. Cette activité reflète une probable réorganisation des priorités stratégiques russes.
Tartous : une base navale cruciale pour la russie
Le port de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée, est un point d’ancrage clé pour les forces navales de Moscou. Grâce à un accord de 49 ans signé en 2017, la Russie a investi massivement dans l’expansion de cette base pour y accueillir des navires de grande capacité, tels que les frégates de classe Admiral Gorshkov.
Cependant, des images récentes montrent l’absence de navires russes au port, bien que certains bâtiments soient stationnés au large. Ce repositionnement vise probablement à minimiser les risques d’attaques, Tartous étant une cible vulnérable en cas de crise.
Le retrait des défenses : une vulnérabilité croissante
Le démantèlement des systèmes de défense aérienne, en particulier des S-400, expose les bases russes à des menaces accrues. Les attaques par drones, déjà fréquentes, pourraient s’intensifier. En 2018, une attaque coordonnée par des drones artisanaux a touché Khmeimim, soulignant les défis de la défense dans un environnement de guerre asymétrique.
Les systèmes restants, comme les Pantsir-S1, pourraient ne pas suffire pour couvrir les lacunes laissées par les S-400. La réduction des capacités défensives reflète une volonté de limiter les coûts d’opérations, mais compromet la sécurité des installations restantes.
Les implications géopolitiques
La perte éventuelle de Khmeimim et Tartous représenterait un revers stratégique majeur pour Moscou :
- Ces bases permettent de projeter la puissance militaire russe en Méditerranée, une zone clé pour surveiller les activités de l’OTAN.
- Elles offrent un point d’accès aux marchés du Moyen-Orient et de l’Afrique, consolidant l’influence russe.
Les discussions en cours entre la Russie et HTS, bien que controversées, visent à garantir un maintien minimal de ces bases. Toutefois, la fragilité de la situation syrienne, marquée par des conflits entre factions kurdes, turques et rebelles, complique toute négociation.
Le retrait partiel des forces russes illustre une réévaluation stratégique face à un environnement incertain. Si Moscou parvient à conserver Khmeimim et Tartous, sa position en Méditerranée restera solide, mais les vulnérabilités croissantes de ses installations soulignent les défis d’une présence prolongée en Syrie.
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