L’US Air Force suspend les livraisons des KC-46A Pegasus après la découverte de fissures structurelles sur deux appareils.
L’US Air Force a récemment découvert des fissures structurelles sur deux avions ravitailleurs KC-46A Pegasus en cours de livraison. En réponse, Boeing a suspendu temporairement les livraisons pour identifier et corriger la cause de ce problème. Cette situation s’ajoute à une série de difficultés techniques rencontrées par le programme KC-46A depuis son lancement, notamment des problèmes liés à la perche de ravitaillement et au système de vision à distance. Ces défis ont entraîné des surcoûts importants pour Boeing et ont retardé la pleine opérationnalité de la flotte.
La découverte de fissures sur les KC-46A Pegasus
L’US Air Force a récemment découvert des fissures structurelles sur deux des quatre avions ravitailleurs KC-46A Pegasus en cours de livraison. Ces fissures ont été identifiées par Boeing lors d’inspections de routine avant la livraison au Military Delivery Center. Bien que les fissures ne se situent pas sur les surfaces de vol ou les charnières, elles affectent des structures primaires ou secondaires de l’appareil, ce qui soulève des préoccupations quant à l’intégrité structurelle et à la sécurité des vols.
En réponse à cette découverte, l’US Air Force a décidé d’inspecter l’ensemble de sa flotte de 89 KC-46A déjà en service pour déterminer si ce problème est systémique. Si des fissures similaires sont détectées, les appareils concernés subiront des réparations avant de reprendre leurs missions. Cette situation a conduit Boeing à suspendre temporairement les livraisons des KC-46A jusqu’à ce que la cause profonde des fissures soit identifiée et qu’un plan d’action correctif efficace soit mis en œuvre.
Les problèmes techniques récurrents du programme KC-46A
Le programme KC-46A Pegasus a été marqué par une série de problèmes techniques depuis ses débuts. Parmi les plus notables figurent des défaillances du système de vision à distance (Remote Vision System – RVS), utilisé par les opérateurs pour guider la perche de ravitaillement. Ce système a présenté des distorsions d’image et des problèmes de profondeur de champ, rendant le ravitaillement en vol potentiellement dangereux et provoquant des malaises chez les opérateurs.
De plus, la perche de ravitaillement elle-même a rencontré des problèmes de rigidité, compliquant le ravitaillement des avions légers comme l’A-10 Thunderbolt II. Ces problèmes ont nécessité des modifications matérielles et logicielles pour améliorer la flexibilité et la fonctionnalité de la perche. En juillet 2024, des vibrations de la pompe à carburant ont également été identifiées, endommageant les conduits d’air de l’appareil. Boeing a dû mettre en place des solutions temporaires, comme le cyclage de la pompe, en attendant une refonte complète du système.
Ces défis techniques ont contribué à une diminution des taux de disponibilité opérationnelle du KC-46A. Selon le rapport de l’Office du Directeur des Tests et Évaluations Opérationnels pour l’année fiscale 2024, le taux de disponibilité opérationnelle était de 65 %, bien en dessous de l’objectif de 80 % fixé par l’US Air Force. De plus, le taux de capacité de mission, qui devrait être de 90 %, a également diminué, reflétant les difficultés persistantes du programme.
L’impact financier sur Boeing
Les problèmes techniques et les retards associés au programme KC-46A ont eu des conséquences financières significatives pour Boeing. En janvier 2025, la société a annoncé une charge de 800 millions de dollars au quatrième trimestre, reflétant des coûts de fabrication plus élevés que prévu. Cette perte s’ajoute aux 7 milliards de dollars de dépassements de coûts accumulés depuis le début du programme, dus aux défis techniques et aux défauts de qualité nécessitant des corrections.
Ces surcoûts ont été exacerbés par des événements tels que la grève de sept semaines du syndicat des machinistes dans la région de Seattle en septembre 2024, qui a entraîné une interruption de la production des avions, y compris le 767, base du KC-46A. Ces interruptions ont contribué à l’augmentation des coûts de fabrication et aux retards de livraison, affectant la rentabilité globale du programme.
Les conséquences opérationnelles pour l’US Air Force
Les problèmes persistants du KC-46A ont des répercussions directes sur les capacités opérationnelles de l’US Air Force. Le KC-46A est censé remplacer les anciens ravitailleurs KC-135 Stratotanker et KC-10 Extender, dont le dernier a été retiré du service en septembre 2024. Cependant, en raison des déficiences techniques du KC-46A, sa pleine capacité opérationnelle a été retardée, obligeant l’US Air Force à continuer d’utiliser les KC-135 plus longtemps que prévu.
Cette situation crée une période de transition prolongée, avec des implications sur la préparation opérationnelle et la planification stratégique. Les retards dans la mise en service complète du KC-46A limitent la capacité de l’US Air Force à effectuer des missions de ravitaillement en vol de manière efficace, ce qui peut affecter la projection de puissance et la réactivité des forces aériennes américaines.
Les défis à relever
Pour surmonter ces défis, Boeing doit identifier rapidement la cause des fissures récemment découvertes et mettre en œuvre des solutions durables pour assurer la fiabilité du KC-46A. L’entreprise est actuellement engagée dans une analyse approfondie pour déterminer si ces fissures résultent d’un défaut de conception, d’un problème de fabrication ou d’une fatigue structurelle prématurée. Une fois le problème identifié, Boeing devra travailler en collaboration avec l’US Air Force pour mettre en place des mesures correctives et éviter que ce type de défaillance ne se reproduise sur d’autres appareils.
Un autre défi majeur pour Boeing est de rétablir la confiance de l’US Air Force et du Pentagone dans le programme KC-46A. Les nombreuses défaillances techniques et surcoûts ont suscité des inquiétudes quant à la viabilité à long terme du programme. Si Boeing ne parvient pas à résoudre ces problèmes de manière satisfaisante, l’US Air Force pourrait être contrainte d’examiner d’autres options, y compris une extension de la flotte de KC-135 ou le développement d’un nouvel avion ravitailleur en partenariat avec un autre constructeur.
Enfin, la gestion des coûts reste une priorité pour Boeing. Le programme KC-46A est un contrat à prix fixe, ce qui signifie que Boeing doit assumer les dépassements de coûts liés aux problèmes techniques et aux retards de livraison. L’entreprise devra donc trouver un équilibre entre la mise en œuvre des correctifs nécessaires et la maîtrise des dépenses, afin de limiter les pertes financières sur ce programme.
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