
Depuis mars, les États-Unis ont mené plus de 800 frappes contre les Houthis, réduisant de 70 % leurs tirs de missiles en mer Rouge.
Depuis le 15 mars, les forces américaines ont lancé plus de 800 frappes contre les cibles militaires Houthies au Yémen. Cette campagne, qui s’appuie sur des moyens aériens et navals lourds, vise à réduire la menace contre la navigation maritime en mer Rouge. Résultat : les attaques de missiles ont baissé de 70 % et les attaques de drones de 55 %. Les objectifs incluent des centres de commandement, des usines d’armement, des sites de stockage, ainsi que la destruction du port de Ras Isa, clé pour le financement Houthi. Malgré ce recul, le groupe conserve une capacité d’action, alimentée par le soutien iranien.
Une campagne aérienne massive pour réduire la menace des Houthis
Depuis le 15 mars 2025, les forces armées américaines ont engagé plus de 800 frappes aériennes contre les installations militaires contrôlées par les Houthis au Yémen. Ce rythme d’opérations aériennes équivaut à plus de 12 frappes par jour en moyenne. À titre de comparaison, lors de l’opération Tempête du Désert de 1991, l’US Air Force réalisait environ 1 000 sorties par jour, mais contre une armée étatique. Le rythme contre un groupe insurgé illustre l’ampleur des moyens déployés.
Les objectifs visés regroupent des centres de commandement, des systèmes de défense aérienne, des usines de fabrication d’armes, ainsi que des dépôts d’armes. La destruction de ces cibles vise à affaiblir la capacité offensive des Houthis, notamment contre le transport maritime en mer Rouge, essentiel pour le commerce mondial, qui voit passer environ 12 % du commerce international.
Les frappes sont menées par des chasseurs embarqués sur deux porte-avions en mer Rouge, appuyés par des bombardiers stratégiques B-2 opérant depuis Diego Garcia, dans l’océan Indien. Ces appareils peuvent parcourir plus de 11 000 km sans ravitaillement, et sont équipés de munitions de précision telles que les GBU-31 (munitions de 900 kg de type JDAM).

Conséquences sur les capacités de frappe des Houthis
L’effet de cette campagne commence à se faire sentir. Selon CENTCOM, les tirs de missiles balistiques Houthis ont chuté de près de 70 % depuis mars. Les attaques de drones suicides ont diminué de 55 %.
Avant cette campagne, les Houthis étaient capables de tirer plusieurs missiles par semaine contre des navires commerciaux ou militaires. Depuis le début de 2024, plus de 50 attaques contre des navires avaient été recensées dans la zone. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à moins de 3 attaques majeures par mois, selon l’United States Naval Institute.
Cette réduction d’activité a permis de sécuriser davantage les routes commerciales, dont le détournement par le Cap de Bonne-Espérance augmentait le coût du transport maritime d’environ 30 % et ajoutait 12 à 14 jours de transit par rapport à la route classique via la mer Rouge.
Néanmoins, les Houthis conservent encore une capacité de nuisance. Leur stratégie de harcèlement maritime repose sur des équipements relativement simples : des drones bon marché (estimés entre 10 000 et 100 000 euros l’unité) et des missiles parfois dérivés de matériels soviétiques ou iraniens.
Cibles prioritaires : missiles antinavires et drones navals
La priorité pour les forces américaines reste la neutralisation des missiles antinavires et des drones navals. Les Houthis utilisent notamment des missiles balistiques adaptés au tir contre des navires, comme le Quds-2, capable de frapper des cibles maritimes jusqu’à 700 km de distance.
Le développement et l’approvisionnement de ces armes montrent un soutien logistique important. Les experts estiment que l’Iran fournit aux Houthis des équipements avancés via des routes maritimes clandestines ou des réseaux de contrebande par Oman.
Un missile antinavire moderne coûte entre 1,5 et 2 millions d’euros. En neutralisant ces capacités, CENTCOM tente de réduire les coûts opérationnels pour la coalition maritime internationale, qui doivent aujourd’hui utiliser des moyens lourds comme des missiles SM-2 ou SM-6 (coût unitaire supérieur à 3 millions d’euros) pour intercepter les menaces Houthies.
L’impact stratégique de la destruction du port de Ras Isa
La destruction du port de Ras Isa par les frappes américaines représente un coup sévère pour l’économie militaire des Houthis. Situé sur la côte ouest du Yémen, Ras Isa était le principal terminal d’importation de carburant sous contrôle Houthi.
Le carburant importé servait à la fois à l’approvisionnement militaire et à l’économie civile sous leur contrôle. De plus, les Houthis prélevaient des taxes estimées à près de 1 million d’euros par semaine sur les importations commerciales.
La perte du port a donc deux conséquences majeures :
- Réduction des ressources logistiques : Les opérations militaires, notamment les lancements de missiles ou les mouvements de troupes, nécessitent d’importants volumes de carburant.
- Affaiblissement économique : La réduction des recettes fiscales rend plus difficile le financement des salaires pour les forces Houthies et les services civils dans les territoires qu’ils contrôlent.
Cette situation pourrait accroître les tensions internes au sein du mouvement et fragiliser leur emprise sur le territoire, notamment à Sanaa.

Le soutien iranien : un facteur déterminant
CENTCOM souligne que les Houthis ne peuvent maintenir leurs capacités militaires sans le soutien actif de l’Iran. Depuis plusieurs années, Téhéran fournit des armes, du renseignement et des technologies aux Houthis.
Selon les Nations unies, environ 70 % des armes sophistiquées trouvées sur les Houthis seraient d’origine iranienne ou auraient transité via des réseaux liés à l’Iran. Les experts estiment que l’Iran dépense entre 100 et 200 millions d’euros par an pour soutenir divers groupes alliés au Moyen-Orient, dont les Houthis.
Ce soutien permet aux Houthis de maintenir un niveau de capacité militaire supérieur à celui d’autres groupes rebelles comparables, malgré les frappes aériennes continues. En outre, il pose un défi stratégique aux États-Unis et à leurs alliés régionaux, en les obligeant à mener une campagne militaire prolongée sans véritable solution politique en vue.
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