Incident entre un Su-35 russe et un chasseur américain

Incident entre un Su-35 russe et un chasseur américain

Un Su-35 russe a failli entrer en collision avec un avion de chasse américain près de l’Alaska, mettant en lumière des tensions aériennes croissantes entre la Russie et les États-Unis.

Le 23 septembre, un incident aérien sérieux s’est produit dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de l’Alaska. Un avion de chasse russe Su-35 a manqué de peu une collision avec un chasseur américain, vraisemblablement un F-16, lors d’une interception menée par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD). Cet événement, capturé en images et diffusé par le NORAD, met en évidence une escalade des tensions et des comportements dangereux de la part des pilotes russes.

Depuis plusieurs années, le Pentagone signale des comportements “non professionnels” et “dangereux” des pilotes russes, notamment lors d’interceptions d’avions de renseignement américains dans les régions de la mer Noire et de la Baltique. La perte d’un drone MQ-9 Reaper après une collision avec un Su-27 russe près de la Crimée en est un exemple marquant.

L’incident du 23 septembre est particulièrement préoccupant car il s’est déroulé dans une zone où de telles interactions sont fréquentes mais généralement sans incident notable. Le général Gregory Guillot, chef du NORAD, a qualifié le comportement du Su-35 russe de dangereux et non professionnel, soulignant qu’il mettait en danger la sécurité de tous les appareils impliqués.

Cet événement souligne la nécessité d’établir des protocoles clairs pour les interactions aériennes afin d’éviter de potentielles escalades militaires. Il reflète également une posture plus agressive des forces aériennes russes, ce qui pourrait avoir des implications significatives pour la sécurité internationale.

Comportement des pilotes russes : une escalade des tensions

Depuis plusieurs années, les forces armées américaines ont signalé à plusieurs reprises des comportements non professionnels et dangereux de la part des pilotes de chasse russes. Ces incidents sont particulièrement fréquents dans des zones stratégiques comme la mer Noire et la Baltique, où les avions de renseignement américains sont régulièrement interceptés. Par exemple, en 2018, un Su-27 russe avait effectué un passage à moins de 1,5 mètre d’un avion de reconnaissance américain EP-3 Aries, créant une situation extrêmement dangereuse.

La perte du drone MQ-9 Reaper en mars 2023 après une collision avec un Su-27 russe près de la Crimée a marqué un point culminant dans cette série d’incidents. Le drone, évalué à environ 30 millions d’euros, effectuait une mission de surveillance lorsqu’il a été percuté, entraînant sa destruction.

Les responsables américains notent une posture plus agressive des forces russes depuis le début du conflit en Ukraine en 2022. Cette agressivité s’étend également à d’autres théâtres d’opération, y compris en Syrie, où les forces russes ont multiplié les actions risquées à proximité des avions américains, augmentant le risque d’incidents involontaires.

Mécanismes d’interception et règles d’engagement

Les interceptions aériennes sont des procédures standard visant à identifier et à surveiller les aéronefs qui s’approchent de l’espace aérien national. Dans l’ADIZ de l’Alaska, l’US Air Force, sous l’autorité du NORAD, effectue régulièrement des interceptions de bombardiers stratégiques et d’avions de renseignement russes, tels que les Tu-95 “Bear”. Ces appareils sont souvent escortés par des chasseurs Su-35, ce qui est une pratique courante.

Les règles d’engagement internationales stipulent que les interceptions doivent être menées de manière sûre et professionnelle. Les avions interceptants doivent maintenir une distance de sécurité, généralement plusieurs centaines de mètres, et éviter toute manœuvre brusque pouvant mettre en danger l’autre appareil. La communication radio est également essentielle pour éviter les malentendus.

Cependant, lors de l’incident du 23 septembre, le Su-35 russe a violé ces règles en passant entre le Tu-95 qu’il escortait et le chasseur américain, puis en coupant la route de ce dernier. Cette manœuvre a créé une situation dangereuse, la collision aérienne n’ayant été évitée que de justesse. À des vitesses pouvant atteindre 900 km/h, les pilotes disposent de très peu de temps pour réagir, ce qui augmente le risque d’accidents.

Implications techniques de l’incident

Le Su-35 est un avion de chasse multirôle de génération 4++, équipé de technologies avancées telles que le radar à balayage électronique et les moteurs à poussée vectorielle. Ces caractéristiques lui confèrent une super-manoeuvrabilité, lui permettant d’effectuer des manœuvres complexes à haute vitesse. De son côté, le F-16 américain est un chasseur léger, réputé pour sa manœuvrabilité et sa polyvalence, utilisé par plus de 25 pays dans le monde.

Malgré ces avancées technologiques, l’incident met en évidence que le facteur humain reste déterminant pour la sécurité aérienne. Les systèmes d’alerte anticollision et les protocoles de communication ne peuvent prévenir les accidents si les pilotes ne respectent pas les règles établies. Une collision entre ces deux appareils aurait pu entraîner la destruction totale des avions, compte tenu de la quantité de carburant et des armements qu’ils peuvent transporter, sans parler du risque environnemental lié à la dispersion de débris sur une vaste zone.

Incident entre un Su-35 russe et un chasseur américain

Conséquences stratégiques et diplomatiques

Cet incident accentue les tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Russie, deux puissances militaires dotées de capacités nucléaires. Il soulève des interrogations sur les intentions russes et sur la possibilité que ces actions soient délibérées pour tester les réactions américaines ou pour démontrer une présence militaire affirmée dans des zones stratégiques.

Les États-Unis pourraient envisager des réponses diplomatiques, telles que des protestations officielles ou la convocation d’ambassadeurs. Sur le plan militaire, il pourrait y avoir une réévaluation des protocoles d’interception ou une augmentation des patrouilles aériennes dans la région. Cependant, toute escalade doit être gérée avec prudence pour éviter une détérioration supplémentaire des relations entre les deux pays.

La nécessité d’un dialogue et de protocoles renforcés

Pour réduire les risques d’incidents similaires à l’avenir, il est essentiel que les deux nations s’engagent dans un dialogue ouvert sur les règles d’engagement et les protocoles de sécurité. La réactivation de canaux de communication militaires peut faciliter la résolution de malentendus et la coordination en temps réel.

Des accords tels que l’Accord sur la prévention des incidents en mer (INCSEA) signé en 1972 entre les États-Unis et l’Union soviétique pourraient servir de modèle pour des arrangements similaires dans le domaine aérien. De plus, l’implication d’organisations internationales comme l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pourrait aider à établir des normes universelles pour les interceptions aériennes.

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