Les projets Su-57 et Su-75 sont suspendus en Russie, révélant des failles technologiques et économiques dans un contexte de sanctions et de guerre en Ukraine.
Les programmes Su-57 Felon et Su-75 Checkmate, symboles des ambitions de l’aviation militaire russe, sont à l’arrêt. Depuis 2022, les sanctions internationales liées à la guerre en Ukraine ont gravement limité les capacités économiques et industrielles de la Russie, stoppant la production après seulement 32 Su-57. De plus, le Su-75, conçu comme une alternative plus abordable au Su-57, n’a jamais effectué son vol inaugural. Ces échecs, combinés aux faibles performances des autres appareils russes, comme le Su-34 et le Su-35, soulignent la crise profonde que traverse le secteur aéronautique russe.
L’arrêt du Su-57 : un projet dépassé par ses ambitions
Le Su-57 Felon, lancé pour rivaliser avec les F-22 et F-35 américains, est l’exemple d’un programme ambitieux qui a échoué. Développé depuis les années 1980 par Sukhoi, cet avion de 29 tonnes n’a vu que 32 prototypes et appareils pré-séries construits. Le coût élevé, estimé à 40 millions d’euros par unité, et des performances jugées inférieures aux attentes ont entraîné une absence de commandes à l’export et une production limitée pour la force aérienne russe.
Les sanctions imposées à la Russie depuis 2022 ont aggravé la situation. L’accès restreint aux technologies critiques, notamment pour les moteurs et les systèmes électroniques avancés, a paralysé la capacité de Sukhoi à poursuivre le développement. En comparaison, les États-Unis ont produit plus de 850 F-35, soutenus par une base industrielle stable et des partenaires internationaux.
L’échec du Su-57 révèle des failles structurelles dans l’industrie aéronautique russe. Les retards chroniques, les coûts non maîtrisés et l’incapacité à rivaliser technologiquement sur le marché international compromettent l’avenir de Sukhoi.
Le Su-75 Checkmate : une solution qui n’a jamais décollé
Le Su-75 Checkmate, présenté en 2021 comme une alternative plus abordable au Su-57, était censé offrir un avion furtif de 26 tonnes avec une capacité d’exportation compétitive. Le projet visait à concurrencer le F-35 américain avec un coût unitaire annoncé de 25 à 30 millions d’euros.
Cependant, le Su-75 n’a jamais dépassé le stade de la maquette. Initialement prévu pour un vol inaugural en 2023, le programme a été repoussé à 2027, avant d’être suspendu en 2024 en raison du manque de financement et de l’impact des sanctions. L’absence de commandes étrangères et les performances médiocres des autres modèles Sukhoi, comme le Su-34 et le Su-35, ont réduit les perspectives du Su-75 à néant.
Cette suspension reflète une réalité économique : les clients potentiels se tournent désormais vers des alternatives plus fiables, notamment les appareils occidentaux et chinois. Le J-20 chinois, par exemple, a attiré l’attention en tant qu’alternative crédible, mettant en évidence le déclin de l’influence russe sur le marché des exportations militaires.
Les faiblesses des autres appareils Sukhoi
Les Su-34 et Su-35, principaux modèles récents de Sukhoi, n’ont pas répondu aux attentes en Ukraine. Le Su-34, conçu comme un bombardier tactique, a subi des pertes importantes face aux défenses aériennes modernes. Avec environ 140 unités produites, il est loin de remplacer les anciens Su-24, dont une centaine reste encore en service malgré leur âge avancé.
Le Su-35, conçu pour la supériorité aérienne, a également montré ses limites face aux appareils occidentaux. Sa production limitée et ses performances décevantes en combat réduisent son attractivité à l’export. Par ailleurs, les sanctions empêchent la Russie de maintenir un rythme de production suffisant pour renouveler son parc aérien.
Ces modèles souffrent également d’une obsolescence technologique. Les retards dans la mise à niveau des systèmes électroniques et des moteurs, ainsi que des problèmes récurrents de maintenance, compromettent leur efficacité sur le terrain.
Conséquences pour l’aviation militaire russe
La guerre en Ukraine a révélé les faiblesses structurelles de l’aviation militaire russe. Incapable de rivaliser avec les modèles occidentaux, la Russie doit désormais repenser sa stratégie industrielle et militaire. Le budget alloué à la défense, qui représente 6 % du PIB en 2024, est largement insuffisant pour compenser les pertes et les retards.
L’échec des programmes Su-57 et Su-75 a également un impact sur les exportations militaires, qui représentaient une part importante des revenus de l’industrie aéronautique russe. Les clients traditionnels, comme l’Inde et l’Algérie, se tournent désormais vers des alternatives chinoises ou occidentales.
Enfin, le déclin de Sukhoi met en lumière une crise plus large dans le secteur de la défense russe. Depuis la fin de la guerre froide, l’absence de réformes structurelles et la dépendance aux exportations ont affaibli la compétitivité de l’industrie. Les sanctions internationales et la guerre en Ukraine accélèrent cette dégradation, menaçant la viabilité à long terme de la Russie en tant que puissance militaire aérienne.
L’arrêt des programmes Su-57 et Su-75 marque un tournant pour l’aviation militaire russe. Incapable de surmonter les défis technologiques et économiques, la Russie voit son influence décliner sur le marché mondial des avions de combat. Ce déclin, amplifié par les sanctions et les échecs en Ukraine, souligne la nécessité pour la Russie de repenser sa stratégie industrielle et militaire pour rester pertinente à l’échelle internationale.
Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.