La Russie pourrait perdre Baikonur

La Russie pourrait perdre Baikonur

Analyse des enjeux économiques et géopolitiques de Baikonur, le rôle de Roscosmos, les défis de GLONASS et la montée en puissance de Beidou.

Le site de Baikonur au Kazakhstan est un enjeu stratégique pour la Russie, mais les sanctions internationales et les tensions économiques ont affecté son exploitation. Les satellites GLONASS de la Russie, essentiels à sa navigation globale, souffrent d’un sous-financement dû à la guerre en Ukraine. Pendant ce temps, la Chine renforce son réseau Beidou, cherchant à concurrencer les systèmes GPS et Galileo sur le marché mondial.

Baikonur : un site stratégique en déclin

Le cosmodrome de Baikonur, loué par la Russie au Kazakhstan pour environ 115 millions d’euros par an, est essentiel pour les lancements spatiaux russes. Cependant, en raison de retards de paiement estimés à 26 millions d’euros, le Kazakhstan a saisi des actifs de Roscosmos. Cette situation reflète la pression financière croissante exercée sur la Russie, amplifiée par les sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine.

L’incapacité de la Russie à régler ses dettes affecte ses relations avec le Kazakhstan, qui cherche désormais des partenariats avec la Chine pour augmenter ses exportations d’énergie. Le conflit en Ukraine a non seulement réduit les revenus de la Russie, mais a également limité sa capacité à moderniser les infrastructures de Baikonur.

La Russie pourrait perdre Baikonur

La dégradation du système GLONASS

GLONASS, le système de positionnement global russe, nécessite 24 satellites pour une couverture mondiale. Cependant, plusieurs satellites approchent la fin de leur vie opérationnelle de 7 ans, sans remplacement prévu. Le coût d’un nouveau satellite GLONASS-K, conçu pour une durée de 10 ans, est estimé à 100 millions d’euros par unité. La Russie manque de fonds pour maintenir cette constellation, aggravée par la perte de fournisseurs occidentaux due aux sanctions. Bien que la Chine fournisse des composants électroniques, cette alternative reste coûteuse et insuffisante.

La concurrence croissante des systèmes GPS et Beidou

Depuis l’introduction du GPS en 1978, les systèmes Galileo, Beidou et GLONASS se sont multipliés, chacun coûtant environ 10 milliards d’euros à développer. Beidou, devenu pleinement opérationnel en 2020, cherche à se démarquer avec des services dédiés à la Chine et ses partenaires stratégiques, notamment dans le cadre de l’initiative Belt and Road. Contrairement à Galileo, soutenu par une coalition européenne, Beidou vise une rentabilité commerciale, bien que son adoption internationale reste limitée.

Les enjeux des interférences et du brouillage

La Russie a intensifié ses efforts de brouillage et de manipulation des signaux GPS, ciblant principalement les zones de conflit en Ukraine et en Syrie. Ces actions perturbent également les systèmes civils, notamment l’AIS des navires. Les systèmes INS (Inertial Navigation Systems) sont en cours de développement pour atténuer ces risques, mais leur coût reste élevé, atteignant parfois 50 000 euros par unité pour les modèles militaires avancés.

Impact économique et diplomatique pour la Russie

L’incapacité de la Russie à maintenir ses infrastructures spatiales reflète une baisse de sa compétitivité technologique. Les sanctions, couplées aux tensions avec ses voisins comme le Kazakhstan, affaiblissent sa position sur le marché des lancements commerciaux, autrefois lucratif. En 2021, Roscosmos générait environ 1 milliard d’euros de revenus annuels, un chiffre en chute libre depuis le début de la guerre.

Opportunités pour la Chine et l’Europe

La Chine, avec Beidou, investit dans des marchés émergents et des secteurs civils, cherchant à concurrencer le GPS et Galileo. L’Europe, quant à elle, mise sur Galileo pour réduire sa dépendance au GPS américain, tout en offrant des avantages tels qu’une meilleure précision dans les zones urbaines.

Perspectives d’avenir

Pour restaurer son influence, la Russie devra non seulement résoudre ses tensions avec le Kazakhstan, mais aussi investir massivement dans la modernisation de GLONASS et ses infrastructures spatiales. Cependant, ces efforts restent conditionnés à une résolution favorable du conflit ukrainien et à une levée des sanctions. En attendant, la Chine et l’Europe pourraient capitaliser sur le déclin de la Russie pour renforcer leur position sur le marché global de la navigation satellite.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1333 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.