Parmi les familles d’avions de combat soviétiques, 1’une des plus nombreuses est celle qui porte le nom de Pavel Osipovitch Sukhoi, l’un des plus grands ingénieurs aéronautiques de l’histoire. Mis à l’écart à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il revint en faveur par la suite et connut son heure de gloire dans les années 1950. C’est à partir d’un de ses premiers projets, le Su-7 d’appui tactique, que prit forme en 1967 un avion d’assaut plus puissant et plus moderne, le Su-17 ou FITTER dans le code OTAN. Bien que dérivant directement de son prédécesseur, ce nouvel appareil était autrement plus puissant et efficace : charge militaire doublée, rayon d’action augmenté de 30%, souplesse opérationnelle plus grande grâce à l’adoption d’une aile à géométrie partiellement variable. On prendra pour preuve de la valeur du Su-17 les très nombreux exemplaires qui ont constitué un des points forts de l’aviation militaire et de l’Aéronavale soviétiques et des forces du Pacte de Varsovie pendant les années 1980, mais aussi la continuelle remise à jour du projet initial qui s’est développé en de nombreuses variantes adaptées et configurées pour les besoins les plus divers. Ainsi, les modèles Sukhoi Su-20 et Su-22 désignent des versions d’exportation dont l°avionique et le groupe propulseur ont été modifiés. La dernière sous-série (FITTER J dans le code OTAN) est équipée d’un turboréacteur de 11 500 kg de poussée, avec post-combustion. Par ailleurs, le fuselage de ces appareils a été modifié, non seulement pour augmenter la capacité d’emport de carburant mais aussi pour améliorer l’avionique et le poste de pilotage; on y trouve également deux points d’emport supplémentaires pour la charge militaire. Les variantes d’entraînement ont également été modernisées, dotées d’une entière capacité opérationnelle et, pour les séries les plus récentes, équipées d’un périscope postérieur métallique escamotable comportant des glaces latérales. La vaste expérience du groupe de travail de Sukhoi dans le domaine des avions d’assaut a trouvé des applications dans les deux modèles suivants, le Su-24 (FENCER dans le code OTAN) et le Su-25 (FROGFOOT). Le premier, opérationnel depuis décembre 1974 sous le nom de Su-19, a été soumis à de nombreuses améliorations pour devenir enfin un puissant multi rôle, optimisé pour l’attaque au sol. Le Su-24 est un gros et lourd bimoteur biplace, à aile à géométrie variable, capable de voler à une vitesse supérieure à Mach 2 et d’opérer avec une efficacité imparable à très basse altitude, grâce à une avionique perfectionnée considérée comme l’une des meilleures des avions de cette catégorie. Environ un millier de Su-24 sont en service, dispersés dans tous les districts militaires périphériques de l’Union Soviétique. Trois variantes se distinguent particulièrement : FENCER C (1981), avec une avionique plus puissante et améliorée, FENCER D (1983), équipée d’une perche de ravitaillement en vol, et FENCER E, en service dans la flotte de la Baltique. Une nouvelle version a été essayée et approuvée en 1988 : elle est destinée à la guerre électronique.
Le Sukhoi Su-25 est plus spécialisé : il a été conçu pour l’appui tactique réalisé en coopération avec les forces terrestres. Il s’agit d’un bimoteur monoplace très similaire au Northrop A-9A, le concurrent malheureux du Fairchild A-10A, créé par l’USAF pour accomplir les mêmes tâches. Plus petit, plus léger et plus rapide que l’appareil américain, le Su-25 (FROGFOOT dans le code OTAN) est optimisé pour l’attaque contre des cibles terrestres, en particulier des véhicules blindés et des objectifs extrêmement bien protégés. On vante ses qualités de manœuvrabilité et de souplesse opérationnelle. Son armement comprend un canon bi-tube de 30 mm et une charge militaire de 4 500 kg maximum. Le Su-25 a accompli son premier vol en 1976 et est entré en service quatre ans plus tard, après une longue période de mise au point. L’appareil a reçu son baptême du feu en 1982 en Afghanistan, où il a servi de façon intensive en combat, accomplissant souvent des missions en collaboration étroite avec les hélicoptères d’assaut MiG-24 HIND. Depuis 1984, les chaînes de montage tournent à plein rendement et l’on estime qu’à la fin des années 1980, environ 600 exemplaires avaient été livrés. Mais la tradition des Sukhoi ne se limite pas aux avions d’assaut : ainsi, le sigle Su-27 désigne aujourd’hui un avion de supériorité aérienne qui compte parmi les plus gros et les plus puissants. Inscrit sous le nom de FLANKER dans le code OTAN, ce bimoteur monoplace qui peut dépasser Mach 2, repose sur les mêmes principes aérodynamiques que le MiG-29 (FULCRUM), même si ses dimensions, son poids et sa puissance sont nettement supérieurs. De plus, alors que le MiG-29 a été conçu pour concurrencer ses équivalents américains, le Su-27 est optimisé pour engager des cibles lointaines, en particulier quand elles volent à plus basse altitude. Propulsé par deux Tumansky R-32 de 13 600 kg de poussée chacun et avec un rayon de combat de 1 500 km (en réduisant l’armement), le Su-25 peut transporter dix missiles air-air, y compris des missiles à guidage radar ou infra-rouge AA-10 Alamo, le premier missile soviétique équipé d’un système de poursuite automatique. L’armement est complété par un canon de 30 mm installé au niveau de l’emplanture de 1’ai1e droite. Le Su-27 a effectué son premier vol en 1976 et la production en série a démarré sept ans plus tard. Selon les estimations occidentales, plus de 200 exemplaires avaient été livrés à la fin des années 1980.