L’OTAN teste sa première doctrine anti-drones en Roumanie avec des exercices pratiques et des interférences GPS réelles pour renforcer ses capacités de défense.
L’OTAN a testé sa première doctrine anti-drones en Roumanie, axée sur la défense contre les menaces de drones de classe 1. L’exercice Ramstein Legacy, tenu du 3 au 14 juin, a impliqué des unités de plusieurs pays membres et des équipements spécialisés de diverses entreprises. Des interférences GPS réelles ont été détectées, soulignant les défis modernes auxquels NATO est confrontée. Des formations complémentaires et des exercices pratiques sont prévus pour renforcer les capacités anti-drones de l’alliance.
Les objectifs de l’exercice Ramstein Legacy
Après des mois de retard, NATO a adopté sa première doctrine anti-drones et a testé ses principes lors de l’exercice Ramstein Legacy, qui s’est tenu du 3 au 14 juin le long de la côte de la mer Noire en Roumanie. L’objectif principal de cet exercice était de développer la défense aérienne et antimissile intégrée de l’alliance, en mettant particulièrement l’accent sur la lutte contre les menaces posées par les drones de classe 1, qui incluent les drones petits, mini et micro.
Les drones de classe 1 représentent une menace croissante dans les conflits militaires actuels. Leur petite taille et leur capacité à échapper aux systèmes de défense traditionnels en font des outils efficaces pour la reconnaissance et les attaques. L’exercice visait à préparer les forces de NATO à détecter, identifier et neutraliser ces drones, en utilisant des équipements de guerre électronique, des radars et des systèmes de commandement et de contrôle.
Participation internationale et équipements spécialisés
L’exercice a rassemblé des unités de plusieurs pays membres de NATO, dont la Roumanie, l’Allemagne, le Portugal, la Hongrie, la France, la Turquie et la Pologne, soutenues par des chasseurs britanniques et finlandais. En outre, trois entreprises ont été invitées à présenter leurs équipements anti-drones : Echodyne, une entreprise américaine, CS Group de France et Rohde & Schwarz, spécialiste allemand de l’électronique.
Parmi les équipements présentés, on retrouvait des dispositifs de détection et de brouillage, capables de repérer les signatures électroniques des drones. Ces systèmes permettent non seulement de localiser les drones mais aussi de les désorienter ou de les neutraliser. Par exemple, les radars d’Echodyne utilisent une technologie avancée de faisceaux électromagnétiques pour suivre les drones en temps réel, même dans des environnements encombrés.
Déroulement des exercices pratiques
Les premiers jours de l’exercice ont été consacrés à la familiarisation avec les capacités des systèmes en place. Les participants ont été formés à l’utilisation de l’équipement de guerre électronique, des radars et des systèmes de commandement et de contrôle. Les jours suivants ont été dédiés à des exercices pratiques, avec des scénarios de plus en plus complexes. Les officiers du Centre d’excellence italien C-UAS ont joué le rôle de l’ennemi, utilisant des drones civils courants pour simuler des menaces.
Les modèles de drones utilisés incluaient le Parrot Disco, fabriqué aux États-Unis, ainsi que deux types de drones DJI, fabriqués en Chine. Les participants de l’exercice ont dû utiliser leurs équipements de détection pour repérer les signatures électroniques de ces drones, démontrant ainsi l’efficacité des systèmes en conditions réelles.
Interférences GPS et défis de la guerre électronique
Au cours de l’exercice, des experts de NCIA ont confirmé la détection de brouillage GPS, qui a affecté certains drones. Cette technique d’interférence consiste à envoyer de fausses coordonnées aux systèmes de navigation des drones, les désorientant ou les faisant s’écraser. Mario Behn, principal scientifique à NCIA, a expliqué que les contrôleurs de drones montraient des positions fictives en Crimée, bien que les drones soient physiquement présents en Roumanie, illustrant ainsi l’étendue des interférences.
Le site web GPSJam a rapporté un niveau élevé d’interférences GPS couvrant toute la région de Constanta pendant les deux jours de Ramstein Legacy. Les techniques et équipements anti-brouillage utilisés pour atténuer ces interférences restent classifiés pour des raisons de sécurité, mais il est clair que NATO doit continuer à développer et affiner ses capacités de guerre électronique pour faire face à de telles menaces.
Perspectives et formation continue
En 2019, NCIA a établi une académie à Oeiras, au Portugal, pour fournir une formation sur les systèmes de communications, de commandement aérien et de cybersécurité de NATO. Avec l’omniprésence des drones dans les conflits modernes, cette académie prévoit d’ajouter un curriculum dédié à la lutte contre les UAS, incluant des cours théoriques et des formations pratiques intensives.
Cependant, standardiser ces formations pose des défis, en raison de la diversité des arsenaux de drones des pays membres de NATO. La nécessité d’acheter des drones améliorés et des contre-mesures plus sophistiquées ajoute une couche de complexité à ce processus. Comme l’a souligné Cristian Coman, les processus d’acquisition prennent des années, tandis que les menaces évoluent rapidement, nécessitant des réponses plus agiles et efficaces.
L’adoption et le test de la première doctrine anti-drones de NATO représentent une étape importante dans la préparation de l’alliance à faire face aux menaces modernes. Les exercices pratiques et la détection des interférences GPS ont mis en lumière les défis technologiques actuels et l’importance d’une formation continue et d’une adaptation rapide aux nouvelles menaces. À l’avenir, l’accent devra être mis sur l’amélioration des capacités de détection, de brouillage et de neutralisation des drones pour assurer une défense efficace et adaptée aux conflits modernes.
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