Mirage IV – un avion stratégique

Le Mirage IV qui a pris sa retraite en juillet 1996 fût l’un des avions les plus stratégiques du dispositif de défense française. Retour sur un avion reconnaissable à son aile en delta qui a fait rêver des milliers de pilotes de chasse. Une des caractéristiques les plus remarquables des bombardiers stratégiques conçus au cours des années quarante et cinquante est sans aucun doute leur longévité peu commune. Lorsque ces appareils furent mis au point, les ingénieurs qui les réalisèrent pensèrent que leur carrière n’excéderait pas une dizaine d’années et qu’ils seraient à coup sûr remplacés par des machines plus modernes. Seules les nations les plus puissantes furent en mesure d’assurer une succession aux bombardiers stratégiques de première génération dont elles s’étaient pourvues, les autres durent se contenter de rénover les avions en service. Pendant la décennie 1960-1970, du fait de l’apparition de systèmes de défense aérienne beaucoup plus efficaces, les appareils conçus pour opérer à haute altitude furent affectés à des missions de pénétration à basse altitude, les bombes nucléaires qu’ils emportaient étant remplacées par des missiles utilisables à distance de sécurité.

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Quelques-uns de ces avions, tels que le Victor et le Valiant britanniques ou le M-4 « Bison » soviétique, se virent assigner d’autres tâches. Par contre, le Boeing B-52 continue à être employé pour l’attaque stratégique au sein de l’US Air Force et sera utilisé à cette fin pendant de longues années. Tel est aussi le cas du Dassault Mirage IV. Contrairement aux trois pays (Etats-Unis, Union soviétique et Royaume-Uni) qui la précédèrent dans le cercle très fermé des puissances nucléaires, la France ne se dota que d’un seul type de bombardier stratégique. Portant le nom générique d’une lignée d’appareils célèbres, le Mirage IV a constitué l’un des éléments essentiels de la dissuasion française au cours des vingt dernières années. Cet avion se trouve aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle carrière, et il se pourrait qu’il demeure en service pendant encore une décennie. Il s’agit-là d’une véritable performance, concernant une machine conçue pour servir une dizaine d’années seulement. Sa dénomination et sa configuration sont là pour prouver que le Mirage IV s’apparente à la lignée issue du chasseur Dassault Mirage III.

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En avril 1957, quand commença le développement du futur bombardier stratégique français, Dassault fut en mesure de satisfaire les exigences officielles en proposant un avion aux dimensions supérieures d’environ 50% à celles du Mirage III et à la surface alaire doublée. Le nouvel appareil, qui n’était considéré que comme une machine de transition, en attendant la réalisation d’un avion aux plus grandes capacités, était équipé de deux réacteurs ; il devait bénéficier d’un rayon d’action assez important, pour attaquer des objectifs situés en Union soviétique à partir de bases françaises et se poser sur les aérodromes de l’OTAN les plus proches. La France devait ensuite s’équiper d’un bombardier trois fois plus volumineux, qu’elle ne mit jamais au point en raison des contraintes financières que supposait ce programme. Elle fit l’acquisition d’une douzaine de Boeing C-15511 de ravitaillement en vol auprès des Etats-Unis afin d’accroitre l’autonomie de ses Mirage IV.

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