Considéré aujourd’hui encore comme le meilleur chasseur-bombardier jamais construit, le McDonnell F-4 Phantom II fut un des plus gros succès de l’industrie aéronautique américaine. Encore en service au début des années 1980 dans les principales aviations militaires, après avoir traversé toutes les guerres depuis celle du Vietnam, cet appareil bissonique puissant et polyvalent fut construit en plus de 5 000 exemplaires et en plusieurs versions. C’est en effet le 24 mai 1978, trois jours avant le 20° anniversaire de son premier vol, que les chaînes de montage de Saint-Louis ont dépassé le cap des 5 000 avions construits. A cette date, les commandes étaient ainsi réparties : 2 640 appareils pour l’U.S.A.F., 1 264 pour l’U.S. Navy/Marine corps et 1096 pour les aviations militaires étrangères, parmi lesquelles figurent la Grande-Bretagne, l’Allemagne fédérale, le Japon, Israël, l’Iran et l’Espagne.
En 1953, McDonnel conçut le projet sur la demande de la marine américaine, qui voulait un biréacteur supersonique d’attaque tous temps. La phase de mise au point, assez longue et laborieuse, fut retardée par une modification des directives de l’U.S. Navy formulées le 18 octobre 1954 pour la construction de 2 prototypes. Les essais du premier prototype, l’YF4H-l, eurent lieu le 27 mai 1958. Vinrent ensuite 23 avions de présérie et, au terme de longs essais, les 649 F-4B de la première version furent produits; ils entrèrent en activité en 1961. Entre-temps, la grande puissance de cet appareil avait attiré l’attention de l’U.S.A.F., qui avait demandé à la McDonnell, cas unique dans l’histoire, de réaliser un avion plus puissant. Ainsi, le F-4C ressemblait à la version embarquée et vola pour la première fois le 27 mai 1963; la production se chiffra à 583 exemplaires. Vinrent ensuite, en 1965, 843 F-4D, au moteur et à l’électronique plus élaborés; puis, en octobre 1967, 580 F-4E, dont les propulseurs, l’armement et la capacité des réservoirs avaient été modifiés.
Les exportations commencèrent alors; Israël et l’Iran commandèrent plusieurs centaines d’appareils, la Turquie et la Grèce en achetèrent également. En outre, la McDonnell construisit des versions spécialement conçues pour les pays alliés. Parmi ces appareils figurent : le F-4EJ de 1971, destiné au Japon pour la construction sous licence (140 appareils fabriqués); le F-4F de 1973, pour l’Allemagne fédérale (175 exemplaires fabriqués entre 1973 et 1976); le F-4K, livré à la Fleet Air Arm (britannique) en avril 1968 et équipé de ‘moteurs Rolls-Royce Spey; enfin 118 F-4M, très semblables aux précédents, fournis à partir de 1968 à la Royal Air Force.
Entre-temps, l’U.S. Navy avait décidé de mettre au point une version plus élaborée de son F-4B et ressemblant sensiblement à celle du F-4D de l’U.S.A.F. Le prototype (F-4J) vola pour la première fois en mai 1966; ses moteurs étaient plus puissants et les systèmes de contrôles de l’armement de bord étaient plus élaborés. La production se chiffra à 518 exemplaires jusqu’en 1972. La McDonnell construisit plusieurs versions pour la reconnaissance photographique parallèlement aux chasseurs : 505 RF-4C en 1964 pour l’U.S.A.F., 46 RF-4B en 1965 pour les Marines, et les RF-4E en 1967, exclusivement destinés à l’exportation et adoptés par l’Allemagne fédérale, la Grèce, la Turquie, l’Iran, Israël et le Japon.
On plaça dans la partie avant des avions de reconnaissance photographique des appareils pour prendre des clichés le jour comme la nuit, à la place de la direction de tir et des systèmes de lancement des missiles Sparrow. Pendant les années 70, 228 F-4B et 260 F-4J furent modernisés : on renforça leur structure, on modifia les moteurs, on ‘perfectionna l’électronique. Le F-4N et le F-4S furent donc des versions améliorées respectivement du F-4B et du F-4J, et la production du F-4S commença au printemps de 1978.