Il ne fait aucun doute maintenant que les États-Unis bénéficièrent énormément pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale des technologies aéronautiques mises à la disposition de leurs constructeurs par leur allié N°1, la Grande-Bretagne et (après la fin des combats) des prises de guerre réalisées dans l’industrie aéronautique de l’Allemagne nazie vaincue. L’exploit américain consistant à avoir été les premiers à franchir sans problème majeur le fameux « mur du son ›› fut grandement aidé par l’innovation britannique et l’on peut dire la même chose à propos du développement des réacteurs. L’Angleterre comme l’Allemagne étaient en tête, dans les années 1930 et au début de la Seconde Guerre mondiale, dans le domaine de la mise au point pratique de la turbine à réaction adaptée aux avions de combat de première ligne et ces deux pays furent en mesure de déployer des chasseurs à réaction avant la fin du conflit. Aux États-Unis, le développement d’avions de combat à réaction opérationnels fut beaucoup plus lent que dans les autres pays, fait qui ne manque pas de surprendre si l’on se rappelle que par la suite, l’industrie aéronautique américaine fut de loin la première du monde en matière de conception d’appareils à réaction et de volumes produits. Courant 1941, les Américains réussirent à obtenir les droits de fabrication et de développement de la turbine dérivée des réalisations de Frank Whittle et déjà mise au point et produite au Royaume-Uni. Cette cession permit à la société General Electric de devenir n° 1 dans le développement des turbines et, en 1941, la société Bell fut chargée d’étudier et de construire le premier chasseur à réaction américain. Le nouvel appareil à turbine de Bell se révéla tout aussi peu intéressant, excepté le fait qu’il était le premier chasseur à réaction américain. Appelé P-59 Airacomet, il fit son premier vol le 16 octobre 1942.
Trois prototypes XP_ 5 9A furent construits suivis de 13 avions YP-59A destinés à la mise au point du type et à l’instruction des personnels. Ces avions ne se montrèrent pas particulièrement performants, plusieurs chasseurs américains à hélice comme le superbe North American P-51 Mustang étant plus rapides. L’Airacomet apparut aussi comme une médiocre plateforme de tir en raison d’une certaine instabilité directionnelle aux grandes vitesses en dépit du fait que l’armement était regroupé dans le nez. Un exemplaire fut échangé aux Britanniques contre un Gloster Meteor, le chasseur à réaction anglais le plus moderne et le plus efficace. La décision fut donc prise de ne pas mettre l’Airacomet en service opérationnel dans l’US Army Air Force et les commandes initiales relativement importantes furent annulées. Par la suite, seuls 20 P-59A de la première série et 30 appareils P-59B légèrement améliorés furent construits. Une seule unité de chasse, le 412ème Fighter Group, fut équipée d’Airacomet, mais sans les engager au combat.
Avion de chasse est le guide des avions militaires.