Les Houthis auraient utilisé les données russes pour cibler le transport maritime international, détournant l’attention de la guerre en Ukraine. Analyse des impacts stratégiques.
Depuis octobre 2023, les Houthis ont intensifié leurs attaques sur le transport maritime international dans la mer Rouge, soutenus par des données de ciblage fournies par la Russie. Ce soutien s’inscrit dans une stratégie visant à détourner les ressources américaines de l’Ukraine vers le Moyen-Orient. L’utilisation de missiles, de drones et de navires sans équipage pour menacer les routes commerciales essentielles, notamment le détroit de Bab al-Mandab, a conduit à des perturbations majeures, entraînant une réduction de 77 % du trafic de pétroliers en août 2024. Parallèlement, des missions internationales de défense ont coûté environ 1 milliard de dollars aux États-Unis en munitions. Cet article analyse les implications militaires, économiques et géopolitiques de cette situation.
La menace accrue sur le transport maritime international
Les attaques orchestrées par les Houthis dans la mer Rouge ont eu un impact profond sur le transport maritime. Les voies passant par le détroit de Bab al-Mandab, l’un des goulots d’étranglement stratégiques pour le transit du pétrole, voient transiter près de 10 % du pétrole mondial chaque jour. Selon Windward, le trafic de pétroliers à travers le détroit a chuté de 77 % entre octobre 2023 et août 2024. Ce réajustement a entraîné un allongement des routes, les navires étant contraints de contourner l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, ajoutant des coûts de carburant et de temps considérables aux entreprises maritimes. Par exemple, la route par le Cap de Bonne-Espérance peut rallonger le trajet de plus de 6 000 km, augmentant les coûts d’exploitation de plus de 15 % pour certains transporteurs.
Cette redirection entraîne également une augmentation des prix du pétrole et des produits expédiés par voie maritime, un effet en chaîne se répercutant sur les marchés mondiaux. Les efforts de défense des forces américaines et européennes dans la région se sont matérialisés par la création d’unités spéciales, telles que l’opération américaine Prosperity Guardian et l’opération européenne Aspides, visant à sécuriser les voies de transit.
L’influence russe et les implications stratégiques
La Russie, en fournissant des données de ciblage aux Houthis, répond à un objectif stratégique : détourner l’attention et les ressources américaines de l’Ukraine. En collaborant indirectement avec les Houthis, Moscou a contribué à créer une nouvelle zone de tension qui sollicite les forces militaires occidentales. Le soutien de la Russie aux Houthis pourrait également être perçu comme une tactique d’”économie de guerre”, permettant à Moscou de maintenir une pression constante sur les États-Unis sans engagement direct.
En parallèle, la Russie aurait menacé de fournir des armes longue portée à d’autres acteurs dans des régions où elles pourraient être utilisées contre les alliés occidentaux. Si ce transfert de technologie anti-navires se confirmait, cela compliquerait davantage la défense maritime des partenaires occidentaux dans la région.
Un coût opérationnel majeur pour les États-Unis
Pour les États-Unis, l’effort de défense dans la mer Rouge est loin d’être négligeable. Le secrétaire de la Marine américaine, Carlos Del Toro, a révélé en avril que plus de 1 milliard de dollars en munitions avaient déjà été dépensés pour protéger les navires dans cette région et en soutien à Israël depuis octobre 2023. Les attaques perpétrées par les Houthis ont poussé le groupe de frappe de l’USS Dwight D. Eisenhower à utiliser environ 770 munitions durant sa mission de neuf mois, visant à repousser missiles, drones et navires sans équipage.
La concentration de ressources dans cette région signifie une réduction de la capacité des États-Unis à répondre à d’autres menaces globales. De plus, les investissements militaires massifs exigent un financement constant, pesant sur le budget de défense, à un moment où les tensions internationales augmentent dans plusieurs régions stratégiques.
Les implications pour les relations internationales
Les tensions croissantes dans la mer Rouge ont également des répercussions sur les relations entre les puissances mondiales. La coopération entre la Russie et les Houthis suscite des préoccupations chez les partenaires américains au Moyen-Orient, tels que l’Arabie saoudite, déjà engagée dans un conflit prolongé avec les Houthis. Cette situation met en évidence l’interconnexion croissante des conflits régionaux et des rivalités globales.
L’influence militaire de la Russie au Moyen-Orient, qui inclut un soutien aux acteurs non étatiques, renforce la complexité du paysage géopolitique pour les États-Unis et leurs alliés. En soutenant indirectement les Houthis, Moscou pourrait chercher à asseoir une position stratégique, affectant les équilibres dans une région cruciale pour le commerce mondial.
La perspective économique et géopolitique
Les perturbations des routes commerciales par les attaques des Houthis font grimper les coûts pour les entreprises internationales. En parallèle, le recours croissant à des itinéraires plus longs et plus coûteux augmente la volatilité des prix de biens essentiels, impactant l’économie mondiale. Les entreprises maritimes et les assureurs ont également ajusté leurs primes pour les cargaisons transitant par la mer Rouge, certains doublant même les coûts.
La coopération entre la Russie et les Houthis accentue les tensions en mer Rouge, impose des coûts importants aux économies mondiales, et complexifie les réponses militaires des États-Unis et de leurs alliés. La stratégie de Moscou, visant à disperser les ressources américaines, pourrait avoir des implications de long terme sur la sécurité énergétique et la stabilité géopolitique dans la région du Moyen-Orient.
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