Le F-22 Raptor recevra le système TacIRST de Lockheed Martin, offrant une détection passive des cibles furtives et une meilleure survie.
Le F-22 Raptor, fleuron des chasseurs furtifs de l’US Air Force, s’apprête à intégrer un système infrarouge de recherche et suivi (IRST) distribué, développé par Lockheed Martin. Ce système, nommé Infrared Defensive System (IRDS), permettra de détecter et suivre passivement des cibles aériennes, y compris furtives, tout en restant immunisé contre les contremesures électroniques. Cette technologie, déjà utilisée dans d’autres plateformes, améliore la survivabilité et l’efficacité des missions en complément des radars traditionnels. Les tests de ce système, menés depuis 2022, préparent les Raptors à affronter des adversaires modernes, comme les chasseurs furtifs chinois ou russes.
L’ajout d’un système IRST au F-22 : une nécessité stratégique
Le F-22, conçu pour la supériorité aérienne, manquait d’une capacité essentielle : un système de recherche infrarouge (IRST). Les avions furtifs adverses, tels que le J-36 chinois, exploitent leur faible signature radar pour échapper aux détecteurs traditionnels. L’IRST, en détectant la chaleur émise par les moteurs ou la friction de l’air, fournit une solution efficace à longue distance.
L’IRST offre un avantage clé : sa capacité à fonctionner passivement, sans émettre de signaux détectables. Cela le rend particulièrement utile dans des environnements où les brouillages électroniques sont courants. En complément des radars, il peut guider ces derniers pour verrouiller une cible avec précision, augmentant ainsi l’efficacité globale.
La configuration prévue pour le F-22 inclut des capteurs TacIRST intégrés dans la structure de l’avion, évitant l’ajout de pods externes qui pourraient compromettre sa furtivité. Ce système permettra également un suivi angulaire précis des cibles et, grâce à une collaboration en réseau entre plusieurs avions, une triangulation des distances pour des engagements de haute précision.
Une technologie testée et éprouvée
Le système TacIRST, introduit en 2022, a d’abord été testé sur des chasseurs F-5 Advanced Tiger opérés par des sociétés privées comme Tactical Air Support (TacAir). Ces essais ont confirmé que l’IRST pouvait s’intégrer dans des configurations variées, allant de capteurs intégrés à des pods externes. Les tests récents sur le F-22 ont montré une intégration réussie, bien que le défi reste d’adapter ces capteurs dans l’espace limité de l’avion.
Une caractéristique notable est la distribution des capteurs IRDS sur la structure du F-22. Contrairement aux systèmes traditionnels montés sur des pods, cette approche offre une couverture panoramique tout en maintenant la furtivité. Les tests ont également exploré l’utilisation de pods sous les ailes pour élargir les capacités de détection. Ces derniers, équipés d’ouvertures spécifiques, pourraient être utilisés en complément des capteurs intégrés.
Des implications opérationnelles majeures
L’ajout du système IRDS transforme la façon dont les F-22 interagissent avec leurs environnements de combat. Les avantages comprennent :
- Détection accrue des menaces furtives : Les chasseurs modernes, comme les Su-57 russes, utilisent des technologies de réduction de signature radar. L’IRST permet de les détecter via leurs émissions infrarouges.
- Immunité aux contremesures électroniques : Contrairement aux radars, l’IRST reste fonctionnel même dans des environnements saturés de brouillages.
- Meilleure gestion des cibles multiples : Les données fusionnées de l’IRST, du radar et des capteurs radio passifs permettent une identification plus rapide et précise des cibles.
Avec ces capacités, le F-22 s’adapte mieux aux menaces modernes tout en conservant son rôle de chasseur dominant. Cette intégration reflète également une évolution vers une architecture de capteurs distribuée, similaire au Distributed Aperture System (DAS) du F-35, mais adaptée aux contraintes spécifiques du F-22.
Les défis techniques et logistiques
Malgré ses avantages, l’intégration de l’IRDS au F-22 pose plusieurs défis. La taille réduite des capteurs TacIRST permet leur intégration, mais les contraintes d’espace dans l’avion nécessitent des ajustements majeurs. Les experts estiment que cette installation pourrait également nécessiter des modifications de la gestion thermique, car les capteurs IR génèrent une chaleur importante qui doit être dissipée efficacement.
De plus, le coût de cette modernisation reste une préoccupation. Chaque F-22 déjà en service coûte environ 150 millions d’euros, et l’ajout de systèmes avancés comme l’IRDS pourrait augmenter ces coûts de 5 à 10 millions d’euros par unité. Cependant, cet investissement est justifié par la nécessité de maintenir la supériorité technologique face à des adversaires en pleine modernisation.
Une réponse à l’évolution des menaces
Les capacités de l’IRDS ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans un contexte où la modernisation des forces aériennes mondiales accélère. La Chine, avec son J-20 et son projet de chasseur J-36, investit massivement dans des technologies furtives. De même, la Russie continue de développer des variantes avancées du Su-57, intégrant des systèmes similaires à l’IRST.
Pour l’US Air Force, le F-22 équipé de l’IRDS devient une plateforme essentielle dans des scénarios où la domination aérienne est cruciale. En cas de conflits futurs impliquant des forces avancées, cette technologie pourrait faire la différence entre succès et échec dans des environnements contestés.
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