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La France prépare l’Airbus A321 MPA pour remplacer l’Atlantique 2, face à la domination du Boeing P-8 sur le marché des patrouilleurs maritimes.
L’Airbus A321 MPA est le futur avion de patrouille maritime destiné à remplacer les Dassault Atlantique 2 de la Marine nationale française. Il sera basé sur la version A321XLR de l’avion de ligne, avec une autonomie de 8 700 km et une capacité accrue en carburant, capteurs et armement. Développé par Airbus Defence and Space en partenariat avec Thales, il sera conçu pour la lutte anti-sous-marine, la surveillance maritime, et la protection des sous-marins nucléaires français. Le programme se heurte à la domination du Boeing P-8 Poseidon, déjà adopté par plusieurs pays de l’OTAN.
Un programme en phase d’étude
Le ministère français de la Défense a attribué à Airbus Defence and Space un contrat de deux ans pour la phase de réduction des risques du projet A321 MPA. Cette phase comprend des essais en soufflerie, la définition des spécifications techniques, ainsi qu’une étude des conditions industrielles et économiques du programme.
L’objectif est de lancer le développement à grande échelle d’ici fin 2026, suivi d’une mise en production. Ce programme intervient dans un contexte où plusieurs membres de l’OTAN ont déjà opté pour le Boeing P-8 Poseidon, notamment l’Allemagne, le Canada, la Norvège et le Royaume-Uni.
Le P-8, dérivé du Boeing 737-800ERX, domine le marché des avions de patrouille maritime grâce à son radar AN/APY-10, ses sonoboués et sa capacité d’emport de torpilles Mk 54 et de missiles Harpoon.
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Une plateforme optimisée pour les missions maritimes
L’Airbus A321 MPA sera basé sur la version A321XLR (eXtra Long Range) de l’A321neo, avec une autonomie de 8 700 km et une capacité de transport de combustible accrue.
Sa longueur de fuselage supérieure à celle de l’A320 permet une meilleure distribution des capteurs, une soute à armement plus grande et une charge utile plus importante. L’architecture de mission sera ouverte pour garantir une capacité d’évolution tout au long du cycle de vie de l’appareil.
Thales sera le principal fournisseur des systèmes de mission, comprenant :
- Radar AESA à ouverture synthétique pour la détection des navires et sous-marins
- Système acoustique avec sonoboués passifs et actifs
- Détecteur d’anomalie magnétique (MAD) pour repérer les sous-marins immergés
- Capteurs électro-optiques/infrarouges (FLIR) pour la reconnaissance
- Mesures de soutien électronique (ESM) pour l’interception des transmissions radiofréquence
L’A321 MPA pourra également être armé de torpilles et de missiles anti-navires, notamment le missile du programme Future Cruise/Anti-Ship Weapon (FC/ASW), en développement avec le Royaume-Uni et l’Italie.
Un rôle stratégique dans la dissuasion nucléaire
L’un des rôles majeurs de l’A321 MPA sera la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Marine nationale. Ces derniers, basés à l’Île Longue, assurent la dissuasion nucléaire française.
L’Atlantique 2 joue aujourd’hui un rôle essentiel dans cette mission en assurant la surveillance des SNLE en sortie et retour de patrouille. L’A321 MPA devra donc disposer de capteurs performants pour repérer et suivre d’éventuelles menaces sous-marines ou de surface.
L’accroissement des activités sous-marines russes en Atlantique Nord et en Méditerranée renforce l’importance d’une capacité de patrouille maritime performante. Les sous-marins russes de classe Yasen et Borei, armés de missiles de croisière et balistiques, représentent une menace significative.
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Un marché dominé par Boeing
L’A321 MPA devra affronter un marché largement conquis par le P-8 Poseidon. En plus des pays de l’OTAN, des nations comme l’Inde, la Corée du Sud et l’Australie ont déjà adopté le P-8.
La France espère cependant exporter l’A321 MPA vers des marchés alternatifs. L’Asie-Pacifique, notamment autour de la mer de Chine, est un région en forte demande de moyens de surveillance maritime en raison des tensions territoriales.
Le Moyen-Orient constitue également une opportunité, plusieurs pays ayant équipé leurs forces aériennes avec des avions Airbus. La présence de la France dans ces régions pourrait favoriser les opportunités de vente.
Un projet ambitieux mais incertain
Le remplacement des Atlantique 2 devra intervenir avant 2035, date limite fixée par la Marine nationale. Mais les questions budgétaires, les capacités industrielles et les difficultés d’exportation pourraient compliquer l’avenir de l’A321 MPA.
Sans succès à l’exportation, la viabilité du programme pourrait être remise en cause. La France devra donc décider si elle poursuit seule ce projet ou s’oriente vers des coopérations internationales.
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