Les astronomes demandent une interdiction globale des publicités spatiales visibles depuis la Terre, menaçant l’astronomie et le ciel nocturne.
Les publicités dans l’espace visibles depuis la Terre posent de graves problèmes pour l’astronomie. Ces “publicités intrusives” perturbent les observations au sol et menacent la conservation du ciel nocturne. Bien que les États-Unis interdisent ces pratiques, des entreprises dans d’autres pays développent des technologies pour projeter des logos ou des messages depuis l’orbite terrestre. Les astronomes appellent à une interdiction internationale via des traités ou conventions pour éviter cette nouvelle forme de pollution visuelle et préserver les recherches scientifiques et la beauté du ciel.
Les enjeux techniques des publicités dans l’espace
Les publicités spatiales, définies comme visibles à l’œil nu depuis la Terre sans instruments, exploitent des technologies telles que les satellites équipés de lasers ou de voiles réfléchissantes. Par exemple, un cubesat équipé de lasers pourrait projeter des logos ou des messages dans le ciel nocturne, créant une forme de pollution lumineuse artificielle.
L’impact sur l’astronomie est considérable. Les télescopes au sol, comme ceux des observatoires au Chili ou à Hawaï, dépendent d’un ciel sombre et exempt d’interférences lumineuses. Une augmentation des satellites publicitaires perturberait non seulement les observations mais compliquerait aussi le suivi d’objets célestes critiques, tels que les astéroïdes proches de la Terre.
Les coûts liés au lancement de ces satellites sont également préoccupants. Actuellement, envoyer un petit satellite en orbite basse coûte entre 10 000 et 20 000 euros par kilogramme. Cela signifie que des entreprises disposant de budgets conséquents pourraient exploiter cette technologie, malgré son impact environnemental et scientifique.
La législation actuelle aux États-Unis
Les États-Unis interdisent les publicités spatiales via une loi fédérale qui empêche l’octroi de licences de lancement à des missions comportant ce type de charge utile. Cette réglementation est en vigueur depuis plusieurs décennies, limitant ainsi les initiatives américaines dans ce domaine.
Cependant, cette législation n’a pas d’équivalent universel. Selon John Barentine, membre de l’American Astronomical Society (AAS), l’absence d’une norme internationale ouvre la porte à des initiatives provenant d’autres nations. Les entreprises situées en dehors des États-Unis, notamment en Russie, expérimentent activement ces technologies.
Un exemple notable est celui d’Avant Space, une entreprise russe ayant lancé en avril 2024 un cubesat destiné à tester la projection de logos publicitaires en orbite. Bien que les détails de cette mission restent flous, le succès de cette démonstration technologique illustre le potentiel de développement rapide dans ce secteur.
Les initiatives et préoccupations internationales
D’autres pays s’intéressent également à la publicité spatiale. En 2019, une entreprise russe, StartRocket, a collaboré avec PepsiCo pour tester une publicité dans l’espace utilisant des voiles réfléchissantes en Mylar pour projeter un logo. Bien que cette initiative ait été suspendue après des tests préliminaires, elle souligne la viabilité technique de telles opérations.
Les astronomes s’inquiètent de l’absence d’un consensus international. L’American Astronomical Society a appelé à une interdiction globale des publicités spatiales via des traités internationaux ou des conventions sous l’égide des Nations Unies. Le Comité des Nations Unies pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) pourrait jouer un rôle crucial dans l’élaboration de normes globales.
Cependant, la mise en œuvre d’une telle interdiction nécessite une coordination complexe entre les nations. Les intérêts commerciaux, notamment dans les pays en développement cherchant à exploiter l’espace pour des raisons économiques, compliquent davantage la situation.
Conséquences économiques et écologiques
La publicité spatiale présente un potentiel économique important, mais ses conséquences environnementales sont préoccupantes. Les satellites publicitaires contribuent à l’augmentation des débris spatiaux, un problème déjà critique en orbite basse. Selon l’ESA (Agence spatiale européenne), plus de 36 000 débris de taille supérieure à 10 cm sont actuellement suivis en orbite. Chaque nouveau satellite augmente le risque de collisions et d’explosions, exacerbant ce problème.
De plus, la pollution lumineuse affecte non seulement l’astronomie mais aussi la faune terrestre. Les cycles naturels des espèces nocturnes sont perturbés par les sources lumineuses artificielles, compromettant leur survie.
Sur le plan économique, bien que les entreprises puissent tirer profit de la publicité spatiale, les coûts liés à la gestion des impacts négatifs (suivi des débris, réduction de la pollution lumineuse) pourraient être élevés. Des observatoires et des institutions de recherche pourraient également être contraints d’investir dans des technologies plus coûteuses pour compenser les interférences, ce qui alourdirait encore les budgets scientifiques.
L’appel à une action concertée
Face à ces défis, les astronomes insistent sur l’urgence d’établir des normes internationales. Une telle régulation pourrait inclure :
- La limitation du nombre de satellites publicitaires autorisés en orbite.
- L’interdiction stricte des technologies visant à projeter des images visibles depuis la Terre.
- La collaboration entre les gouvernements pour surveiller et sanctionner les violations.
Des exemples récents montrent que la sensibilisation du public peut jouer un rôle clé. Des campagnes contre la pollution lumineuse ont déjà réussi à mobiliser des soutiens pour des réglementations locales dans plusieurs pays. Ces efforts doivent maintenant s’étendre à l’échelle internationale pour inclure l’espace.
Perspectives pour l’avenir
Les technologies spatiales continueront d’évoluer, rendant la publicité spatiale plus accessible et plus attrayante pour les entreprises. Cependant, sans régulation stricte, ces avancées pourraient entraîner une détérioration irréversible des conditions d’observation astronomique et une augmentation des tensions internationales.
L’espace est un bien commun, et son exploitation doit être équilibrée entre intérêts économiques et préservation scientifique. Les initiatives comme celles de l’AAS montrent que des solutions sont possibles, mais elles nécessitent un engagement collectif.
L’industrie spatiale a prouvé qu’elle pouvait innover rapidement. Il est temps d’utiliser cette capacité pour garantir que ces innovations profitent à l’humanité sans compromettre des ressources précieuses comme le ciel nocturne.
Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.