
Deux Alpha Jet de la Patrouille de France sont entrés en collision près de Saint-Dizier, les pilotes indemnes, enquête en cours.
Le 25 mars 2025, deux Alpha Jet de la Patrouille de France sont entrés en collision à proximité de la base aérienne 113 de Saint-Dizier, en Haute-Marne. L’accident est survenu lors d’un entraînement. Les trois membres d’équipage ont réussi à s’éjecter et sont sains et saufs, bien qu’un pilote soit polytraumatisé. L’un des appareils s’est écrasé sur un site industriel, provoquant un incendie rapidement maîtrisé. L’événement soulève des questions sur les protocoles de sécurité, la maintenance des Alpha Jet, et leur remplacement prévu à l’horizon 2032-2035. L’article analyse ces dimensions techniques et stratégiques en s’appuyant sur des données officielles, des rapports de défense, et des sources spécialisées.
Collision en vol : les faits et les conditions de l’accident
Le mardi 25 mars 2025, vers 15h35, deux Alpha Jet de la Patrouille de France ont été impliqués dans une collision lors d’une séance de répétition à proximité de la base aérienne 113 de Saint-Dizier. L’incident s’est produit pendant une figure acrobatique, documentée par des vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Ces images montrent une désintégration partielle de deux appareils dans les airs, avec perte de contrôle immédiate.
Les trois pilotes (deux en place avant, un en place arrière) se sont éjectés à temps. Le système de siège éjectable “Martin-Baker Mk.10”, installé sur l’Alpha Jet, a fonctionné comme prévu, permettant l’évacuation à basse altitude. Deux des pilotes ont été transportés à l’hôpital de Saint-Dizier, tandis que le troisième, atteint de traumatismes multiples, est suivi médicalement par le service de santé des armées.
L’un des avions s’est écrasé sur un silo de l’entreprise Calin, située à proximité immédiate de la base. Un incendie s’est déclaré, maîtrisé rapidement par les pompiers. Aucun dommage civil ou victime au sol n’a été signalé. Le plan SATER (Sauvetage Aéro-Terrestre) a été activé pour coordonner les opérations de recherche et de secours.
L’Armée de l’Air et de l’Espace a ouvert une enquête de sécurité aérienne et une enquête judiciaire, pour comprendre les causes précises de la collision : erreur de trajectoire, problème mécanique, ou défaillance de communication. Une analyse des enregistreurs de vol (boîtes noires) est en cours.

Sécurité, communication et perception publique : des enjeux critiques
La collision a eu lieu pendant un entraînement public auquel assistaient des dizaines de passionnés, selon le Journal de la Haute-Marne. Cette exposition au public augmente la sensibilité de l’opinion aux incidents. L’absence de victimes a évité une crise majeure, mais l’événement remet en question la gestion des risques liés aux démonstrations.
En parallèle, les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont permis une diffusion rapide de l’accident, avant même les premières communications officielles. Cela révèle une faiblesse structurelle dans la stratégie de communication de crise du ministère des Armées, peu réactive face aux flux numériques.
De plus, les démonstrations de la Patrouille de France sont perçues comme un outil diplomatique et symbolique de projection française, notamment lors de salons internationaux et d’événements officiels. Tout accident altère cette image. En 2019, le crash d’un pilote canadien lors du meeting de Saint-Hubert avait déclenché une enquête parlementaire au Canada. L’Armée de l’air française devra gérer de façon préventive l’impact politique et médiatique de cet accident, y compris à l’international.
Enfin, des voix s’élèvent sur l’utilité stratégique de la Patrouille de France, alors que les besoins opérationnels augmentent sur d’autres segments (cybersécurité, guerre électronique, drones). Si la PAF reste un symbole de cohésion, sa justification budgétaire devient plus difficile à défendre.

L’Alpha Jet, un avion en fin de cycle
L’Alpha Jet, développé conjointement par Dassault Aviation et Dornier dans les années 1970, est entré en service dans l’armée de l’Air française en 1977. Il s’agit d’un biréacteur d’entraînement avancé et d’appui au sol. D’une longueur de 11,85 mètres et doté d’une envergure de 9,11 mètres, il peut atteindre une vitesse de 1 000 km/h et voler jusqu’à 14 630 mètres d’altitude.
En 2024, la France disposait encore de 72 Alpha Jet, dont 21 affectés à la Patrouille de France et 51 dédiés à l’entraînement à la base de Cazaux. La moyenne d’âge de la flotte dépasse les 45 ans. Chaque appareil fait l’objet de rénovations régulières dans le cadre du programme R2, comprenant des travaux de structure, de cockpit et de navigation.
Cependant, malgré ces rénovations, ces avions sont confrontés à des contraintes mécaniques récurrentes. Selon la Direction générale de l’armement, le taux de disponibilité moyen des Alpha Jet était de 53 % en 2023, contre 79 % pour les Rafale. Ces chiffres indiquent une usure logistique significative.
Le coût d’entretien d’un Alpha Jet est estimé à 5 500 € de l’heure de vol, selon un rapport du Sénat de 2022. Ce chiffre comprend le carburant, la maintenance, les pièces détachées et le personnel. Avec près de 200 heures de vol par avion et par an, le coût annuel pour la flotte de la Patrouille de France approche 23 millions d’euros.
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