
Analyse technique du Chengdu F-X, avion de chasse chinois de 6e génération : furtivité, propulsion, IA, capteurs, données techniques et projection stratégique.
Objectif opérationnel et logique de conception
Le programme Chengdu F-X vise à équiper la PLAAF d’un avion de chasse chinois de 6e génération d’ici 2035. L’initiative est pilotée par Chengdu Aircraft Industry Group, déjà responsable du J-20. L’objectif est de proposer une plateforme capable de supplanter les performances des chasseurs furtifs de génération actuelle, notamment le F-22 et le F-35, tout en répondant aux exigences opérationnelles futures : combat multidomaine, autonomie décisionnelle, réduction de la signature électromagnétique, guerre en essaim, et intégration IA.
L’approche repose sur trois axes fondamentaux :
- Furtivité adaptative dans le spectre RF et IR
- Intégration native d’intelligence artificielle
- Systèmes d’armement modulaires à charge utile flexible
Les premiers rendus industriels laissent apparaître un design sans dérive verticale, avec des entrées d’air ventrales et des ailes à géométrie variable, confirmant une recherche poussée d’optimisation aérodynamique et de signature radar ultra-basse.

Design furtif et aérodynamique
Le design du Chengdu F-X adopte une cellule sans gouvernes verticales, inspirée de concepts comme le BAE Tempest et le NGAD. Cette structure vise une réduction maximale de la section radar équivalente (RCS), inférieure à 0,001 m² selon les hypothèses du programme. La cellule adopte des lignes angulaires continues, sans cassure, avec intégration complète des armements en soutes internes.
Les entrées d’air sont situées en position ventrale, avec séparation des flux à basse observabilité. Le revêtement serait basé sur des composites à faible réflectivité radar, ainsi qu’une couche thermorégulée pour limiter la signature infrarouge. Le taux de traînée visée serait inférieur à 0,015, contre 0,02 pour le J-20. La poussée vectorielle serait assurée par des buses plates orientables, compatibles avec une architecture sans empennage.
Les dimensions estimées sont :
- Longueur : environ 20 mètres
- Envergure : 14 mètres en configuration de vol
- Surface alaire variable selon le profil de mission
Propulsion et système énergétique
Le Chengdu F-X devrait être équipé d’une évolution du moteur WS-15, dérivé du projet Emei. Cette motorisation offrirait une poussée supérieure à 180 kN avec postcombustion, et environ 130 kN à sec. L’un des objectifs techniques est d’atteindre un rapport poussée/masse supérieur à 1,3, permettant des vols supersoniques sans postcombustion (supercruise) à Mach 1,8.
La consommation spécifique viserait une réduction de 10 % par rapport aux moteurs du J-20, avec une autonomie de 2 800 km en configuration standard sans réservoirs externes. Une capacité de ravitaillement en vol par système à perche rigide est prévue, avec intégration d’une autonomie IA du système de ravitaillement.
Le système de génération électrique serait basé sur un double alternateur haute fréquence capable d’alimenter une charge avionique de plus de 300 kW, afin de supporter les systèmes de guerre électronique actifs, les radars AESA, les capteurs IRST et l’armement électromagnétique futur.

Capteurs, IA embarquée et traitement des données
Le Chengdu F-X intégrera une suite de capteurs multispectraux. Le radar principal serait un AESA GaN (nitrure de gallium), avec une portée théorique supérieure à 400 km contre des cibles aériennes à faible signature. Ce radar serait épaulé par un système IRST monté en carénage dorsal et par des capteurs optiques latéraux.
L’architecture IA embarquée reposerait sur un système de traitement centralisé avec capacités d’auto-apprentissage basées sur des modèles neuraux. Elle permettra une assistance décisionnelle temps réel sur la gestion des menaces, l’optimisation des trajectoires, le choix des modes de tir et la coordination interplateformes.
L’interface pilote-machine devrait intégrer une projection holographique du cockpit, couplée à une commande vocale et à un suivi occulométrique. La logique tend vers un pilotage semi-assisté ou vers des vols autonomes en escadrille coordonnée, avec commande à distance en réseau maillé.
Armement, modules et capacités de combat
Le Chengdu F-X sera configuré avec une charge utile interne estimée à 8 000 kg. Il pourrait embarquer :
- Missiles air-air PL-15 et PL-21 longue portée
- Missiles air-sol hypersoniques
- Drones sous-commandés via liaison réseau
- Armes à énergie dirigée (laser) en projet
Le système de gestion d’armement sera entièrement modulaire, capable d’adapter la configuration mission selon les besoins. L’intégration des drones escorte (loyal wingman) est une priorité tactique, chaque F-X pouvant théoriquement contrôler jusqu’à 4 drones appairés.
Le rayon de combat effectif visé est de 1 500 km. Le Chengdu F-X devra également assurer des missions de brouillage actif, de suppression des défenses sol-air et de commandement tactique aérien.

Une projection stratégique
Le Chengdu F-X n’est pas uniquement un chasseur. C’est une plateforme conçue pour opérer au centre d’un réseau distribué. Son architecture repose sur la fusion de capteurs, l’interfaçage IA et la modularité opérationnelle. Son rôle prévu dépasse le duel aérien : gestion tactique, brouillage, frappe de précision, coordination d’essaims.
L’armée chinoise mise sur ce programme pour compenser les retards structurels dans les moteurs et pour s’aligner sur le rythme technologique du NGAD américain ou du SCAF européen. L’enjeu est autant technologique que géopolitique.
Si la mise en service est espérée autour de 2035, des démonstrateurs pourraient voler dès 2028 selon les projections industrielles.
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