Récemment, un grand pas vers la création d’un fonds européen de défense a été fait. En effet, face au désengagement de Donald Trump en matière de défense, l’Europe a compris qu’elle devait compter sur elle-même pour assurer sa défense. Paris et Berlin ont donc dressé une liste de toutes les capacités militaires dont leurs deux pays pourraient se doter ensemble. Y figurent pêle-mêle la surveillance militaire de l’espace, l’imagerie spatiale, la cybersécurité… Tous les éléments de cette liste ne sont pas des voeux pieux ou lointains. Certaines coopérations sont même déjà à l’oeuvre, comme celle visant à construire un char terrestre commun qui remplacera, vers 2030, les Leopard allemands et les Leclerc français. Mais un élément de cette liste intrigue tout de même : celle décrivant l’idée de « développer un système de combat aérien européen, sous la direction des deux pays, pour remplacer leurs flottes actuelles d’avions de combat sur le long terme ». La mise en oeuvre d’une telle idée pose pas mal de questions.
Côté français, les militaires ont déjà le Mirage et le récent Rafale de chez Dassault. La France n’a donc, a priori, pas besoin d’une nouvelle génération d’avions avant 2040. Elle est par ailleurs engagée avec la Grande-Bretagne dans un ambitieux programme sur un futur système de combat aérien, fruit d’une collaboration entre Dassault et BAE.
Côté allemand, il est vrai que l’armée allemande se prépare, à l’horizon 2025, à mettre à la retraite son avion de combat Tornado ; et qu’elle exploite toujours les Eurofighter réalisés en consortium avec Airbus, BAE et Leonardo, qui sont plus récents mais peu performants dans les attaques air-sol. Afin de les remplacer, l’Allemagne ne s’est pas tournée vers Dassault mais vers Lockheed Martin, à qui elle a demandé plus d’informations sur l’avion de chasse américain F-35 (déjà choisi par un bon tiers des pays européens). L’Allemagne hésite cependant à s’équiper de F-35. Airbus serait en effet le grand perdant de l’affaire : avec la fin prochaine des livraisons des Typhoon d’Eurofighter, la firme a désespérément besoin de nouveaux projets pour rester dans la course des jets militaires.
Que ce soit côté français ou allemand, rien ne semble donc augurer d’un futur projet commun : tout porte à croire que si un tel projet devient réalité, ce sera effectivement « sur le long terme ».