Le programme FCAS Européen en difficulté

Le programme FCAS Européen en difficulté

Le programme FCAS, visant à développer un avion de chasse européen de 6e génération, est confronté à des tensions industrielles majeures.

Le Future Combat Air System (FCAS) est un projet européen ambitieux visant à développer un système de combat aérien de 6e génération. Piloté par Dassault Aviation, Airbus et Indra Sistemas, il comprend un chasseur de nouvelle génération (NGF), des drones accompagnateurs et un cloud de combat. Malgré un contrat de 3,2 milliards d’euros signé en décembre 2022 pour la phase 1B, des désaccords persistants sur le partage des tâches et la propriété intellectuelle ralentissent le programme. Le premier vol du démonstrateur est désormais prévu pour 2029, avec une entrée en service autour de 2040. Ces retards soulèvent des questions sur la souveraineté technologique européenne et la capacité à mener des projets de défense multinationaux.

Le programme FCAS Européen en difficulté

Les tensions industrielles au cœur du programme FCAS

Le Future Combat Air System (FCAS), lancé en 2017, est un projet de coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne pour développer un système de combat aérien de 6e génération. Le cœur du programme est le chasseur de nouvelle génération (NGF), destiné à remplacer les Rafale français, les Eurofighter allemands et espagnols. Le projet comprend également des drones accompagnateurs et un cloud de combat pour assurer une interconnectivité optimale sur le champ de bataille.

En décembre 2022, un contrat de 3,2 milliards d’euros a été signé pour la phase 1B du programme, couvrant la recherche, la technologie et la conception globale du système. Cependant, des tensions persistantes entre les partenaires industriels, notamment entre Dassault Aviation et Airbus, entravent la progression du projet. Le PDG de Dassault, Éric Trappier, a exprimé ses préoccupations concernant le partage des tâches et la gouvernance du programme, déclarant que “quelque chose ne fonctionne pas” et appelant les États à revoir la gestion du projet.

Le désaccord porte principalement sur la répartition des responsabilités et la propriété intellectuelle. Alors que Dassault est le maître d’œuvre du NGF, Airbus représente l’Allemagne et l’Espagne et détient deux tiers des droits de vote, limitant ainsi la capacité de Dassault à diriger le projet selon ses standards. Cette situation a conduit à des négociations permanentes, ralentissant le développement du programme.

Les implications stratégiques pour la souveraineté européenne

Le FCAS est plus qu’un simple projet industriel ; il est un symbole de la volonté européenne de renforcer sa souveraineté en matière de défense. Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions accrues, notamment en Europe de l’Est, la capacité de l’Europe à développer ses propres systèmes de défense est cruciale.

Cependant, les désaccords entre les partenaires industriels mettent en lumière les défis de la coopération européenne en matière de défense. Le modèle de “retour géographique”, où chaque pays cherche à obtenir une part du travail proportionnelle à son investissement, complique la répartition des tâches en fonction des compétences réelles. Ce modèle peut conduire à des compromis sur la qualité et l’efficacité du système final.

La France, en particulier, insiste sur la nécessité de préserver sa capacité à mener des missions de dissuasion nucléaire de manière autonome. Cela implique que le futur chasseur doit être capable d’opérer sans contraintes imposées par d’autres pays, ce qui complique davantage la coopération avec des partenaires ayant des priorités différentes.

Le programme FCAS Européen en difficulté

Les défis techniques et financiers du programme

Le développement du FCAS représente un défi technique majeur. Le chasseur de nouvelle génération devra intégrer des technologies avancées telles que la furtivité, l’intelligence artificielle, la connectivité en temps réel et la capacité à opérer en collaboration avec des drones. Le programme prévoit également le développement d’un nouveau moteur, confié à une coentreprise entre Safran et MTU Aero Engines.

Sur le plan financier, le coût total du programme est estimé entre 50 et 80 milliards d’euros, avec une répartition équitable entre les trois pays partenaires. La phase 1B, actuellement en cours, est financée à hauteur de 3,2 milliards d’euros sur une période de trois ans. Des retards dans le programme pourraient entraîner des dépassements de coûts et compromettre la viabilité du projet.

Le calendrier initial prévoyait un premier vol du démonstrateur en 2027, mais les tensions industrielles ont repoussé cette échéance à 2029. L’entrée en service du système complet est désormais envisagée autour de 2040, ce qui pourrait laisser un vide capacitaire pour les forces aériennes des pays partenaires.

L’avenir et les alternatives possibles

Face aux difficultés rencontrées, plusieurs scénarios sont envisageables pour l’avenir du FCAS. Une option serait de renforcer la coopération entre les partenaires en clarifiant les responsabilités et en adoptant une gouvernance plus efficace. Cela nécessiterait des compromis de part et d’autre, notamment sur la question de la propriété intellectuelle et du partage des tâches.

Une autre possibilité serait que la France poursuive le développement du chasseur de manière autonome, en s’appuyant sur son expérience avec le Rafale et le drone nEUROn. Cette approche garantirait une plus grande autonomie, mais impliquerait des coûts supplémentaires et la perte des avantages liés à la coopération européenne.

Enfin, le programme pourrait être réorienté pour intégrer de nouveaux partenaires ou pour se concentrer sur des domaines spécifiques, tels que les drones ou le cloud de combat, en laissant de côté le développement du chasseur habité.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1532 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.