Alors que l’on célèbre l’anniversaire du 6 Juin, prenons quelques lignes pour se rappeler du développement sans pareil de l’aviation militaire, notamment avec la fin des chasseurs à hélices. Le grand effort de protection et de technologie dans lequel s’engagea l’industrie américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale déboucha sur la conception des meilleurs – et des derniers – chasseurs à hélice, appareils qui représentaient l’expression optimale d’une formule née avec la Grande Guerre et qui a évolué au cours de trois décennies de l’histoire de l’aviation. Ces avions n’ont pas eu le temps de contribuer réellement à la fin des hostilités, et, pendant les années de paix, ils ont été immédiatement relégués au second plan par l’apparition des premiers chasseurs à réaction modernes.
Le North American F-82 Twin Mustang fut un des projets les plus originaux réalisés pour répondre aux exigences des dernières années de guerre. En janvier 1944, la demande qui fut à l’origine de ce programme portait sur la réalisation d’un chasseur d’escorte à long rayon d’action qui fût en mesure d’appuyer l’activité opérationnelle du bombardier américain le plus moderne, le Boeing B-29 Superfortress. Il fallait donc que cet avion possédât une grande autonomie de vol, mais également qu’il pût se battre à grande altitude contre les puissants chasseurs japonais des dernières générations. En établissant le projet, la North American s’était engagée dans une voie qui, dès le départ, assurait des garanties de succès importantes; elle utilisa essentiellement le fuselage, l’unité motrice et les ailes de son prestigieux P-51 Mustang et, sur la base de ces éléments qui avaient déjà amplement fait leurs preuves, elle réalisa un bimoteur bipoutre qui avait l’air d’être le résultat de l’accouplement de deux Mustang unis par une aile commune. Mais, en définitive, ce projet déboucha sur un appareil complètement différent, doté de caractéristiques uniques et d’une individualité bien définie. Trois prototypes volèrent au début de 1953, suscitant un intérêt immédiat auprès des autorités militaires; celles-ci apprécièrent tout particulièrement les Twin Mustang pour leur vitesse, leur maniabilité, leur puissance de feu et, naturellement, pour leur grande autonomie. Cependant, la tournure du conflit mit fin brusquement au programme de production. Etant donné que la nécessité d’avoir un chasseur d’escorte se faisait moins ressentir (après que seulement 20 F-82B eurent été livrés à l’U.S.A.A.F.), on décida de transformer le Twin Mustang en chasseur de nuit. En 1946, après quelques exemplaires des séries F-82C et D, apparurent les premiers F-82E, F et G des 250 construits. Les deux dernières versions”(avec une configuration définitive pour le combat de nuit) remplacèrent des Northrop P-61 Black Widow considérés comme périmés. La carrière des F-82 se termina avec la guerre de Corée. Après une expérience brève mais intense en première ligne, ces avions cédèrent le pas aux jets; ils servirent dans des rôles secondaires jusqu’en 1953, date à laquelle ils furent réformes.
Le Grumman F7F Tigercat, chasseur lourd polyvalent qui, mis au point pour l’U.S. Navy en 1941, avait volé comme prototype en décembre 1943, subit le même sort que le Twin Mustang. Se détachant complètement de la tradition des Grumman, le F7F était un bimoteur à ailes moyennes doté d’un train tricycle avant; ce fut même le premier avion de combat bimoteur embarqué de l’U.S. Navy; il offrait des caractéristiques exceptionnelles de maniabilité, de vitesse et de puissance. Commandé au début de 1944 dans sa version initiale F7F-1 (34 exemplaires), le Tigercat eut de graves problèmes sur le plan opérationnel, qui aboutirent à des changements dans les commandes. On orienta la production d’abord sur une version biplace pour la chasse de nuit (F7F-2N, 65 exemplaires), puis sur une version à nouveau monoplace (F7F-3, 189 exemplaires) qui, de toute manière, ne réussit pas à entrer en service avant la fin de la guerre. En 1946, les chaînes de montage construisirent 60 F7F-3N et 13 F7F-4N, deux modèles destinés à la chasse de nuit et aux Marines. Le Tigercat finit également sa carrière opérationnelle après les premières phases de la guerre de Corée. Un autre “Cat” de la firme Grumman subit le même sort : il s’agit du F8F Bearcat, né en 1943 pour remplacer l’excellent F 6F Hellcat, que l’on considère aujourd’hui encore comme le meilleur monoplace embarqué doté d’un moteur à pistons. Le premier prototype apparut le 21 août 1944, et, deux mois plus tard, l’U.S. Navy lança la production à grande échelle. Cependant, avec la fin des hostilités, le programme fut révisé; en 1945, les premiers F8F-1 des 765 commandés au total arrivèrent dans les bases, suivis en 1946 par les 100 F8F-1B et par les 36¢F8F-IN (pour la chasse de nuit). 0n équipa au moins 24 unités de la marine américaine avec ces avions, dans le cadre d’un vaste programme de modernisation en attendant les premiers appareils à réaction. En 1948 enfin, on réalisa la version F8F-2 améliorée et plus puissante; la production fut de 305 unités, dont 12 en version chasse de nuit (F8F-2N) et 30 pour la reconnaissance photographique (F8F-2P); ces derniers appareils furent réformés en 1952. Les Bearcat furent utilisés en Indochine par l’armée de l’air française et par la Royal Thai Air Force.