Analyse des efforts de la Russie pour influencer les opérations en Afrique, leur impact sur les relations avec l’Occident et les conséquences économiques et politiques pour l’Afrique.
La Russie intensifie ses opérations militaires en Afrique, influençant la politique régionale et perturbant les approvisionnements de matières premières destinées à l’Europe. Avec environ 1 000 mercenaires actifs, principalement affiliés au groupe Wagner, la Russie soutient divers gouvernements africains, notamment au Mali. En coopérant avec l’armée malienne, les mercenaires russes participent à des combats contre des groupes rebelles, notamment le CSP-DPA. Ces efforts russes en Afrique compliquent les initiatives de soutien de l’Occident à l’Ukraine, car l’Europe dépend de l’approvisionnement en ressources naturelles africaines, que la Russie cherche à perturber. Ce contexte souligne une nouvelle ère de rivalité géopolitique sur le continent africain.
L’extension de l’influence militaire russe en Afrique
Depuis 2018, la Russie a considérablement accru sa présence en Afrique à travers des opérations militaires et la présence de mercenaires du groupe Wagner. Ces mercenaires sont déployés dans plusieurs pays, notamment au Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest qui fait face à des conflits internes et à des rébellions armées. Le rôle de la Russie consiste à soutenir des gouvernements fragilisés tout en perturbant l’accès de l’Occident aux matières premières cruciales, telles que les métaux et les ressources énergétiques.
Avec environ 1 000 mercenaires actifs dans divers pays africains, la stratégie russe repose sur la coopération avec les gouvernements locaux, souvent en échange de contrats miniers ou d’accès à d’autres ressources. Par exemple, au Mali, la Russie est un allié clé du gouvernement militaire de transition, offrant des conseils militaires, des armes et des forces pour combattre les rebelles locaux. Ces interventions prolongent et intensifient les conflits existants, mais elles renforcent également la position stratégique de la Russie dans la région.
La situation géopolitique au Mali : Une instabilité chronique
Le Mali, avec une population d’environ 23 millions de personnes, est l’un des pays les plus instables de la région du Sahel. Depuis le départ des forces coloniales françaises, le pays a vu émerger des conflits internes entre divers groupes ethniques, notamment les Touaregs, et les forces gouvernementales. En 2024, des affrontements dans le nord du Mali entre l’armée malienne, soutenue par les mercenaires russes, et les rebelles du CSP-DPA (Cadre Stratégique Permanent pour la Défense des Peuples de l’Azawad) ont fait de nombreuses victimes.
La stratégie de Moscou consiste à soutenir ces gouvernements fragiles en échange d’avantages économiques et militaires. Par exemple, les mines d’or du Mali, une source de revenus essentielle pour le pays, sont sécurisées par des forces étrangères, y compris des mercenaires, pour garantir leur exploitation continue. Cependant, cette intervention russe renforce également l’opposition locale, exacerbant les conflits ethniques et politiques existants.
Les défis sécuritaires liés aux groupes terroristes
La situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest est aggravée par la présence croissante de groupes terroristes islamiques, tels que le JNIM (Jama’ah Nusrah al Islam wal Muslimîn) et l’ISGS (État islamique dans le Grand Sahara). Ces groupes, opérant principalement au Mali, au Niger et au Burkina Faso, posent un défi majeur pour les gouvernements locaux et leurs alliés étrangers, y compris la Russie.
Les forces russes, notamment celles affiliées au groupe Wagner, ont joué un rôle actif dans la lutte contre ces groupes, bien que les résultats aient été mitigés. Les attaques terroristes dans les régions du nord et du centre du Mali ont fait en moyenne plus de 100 morts par mois en 2024, soulignant l’ampleur du problème. L’incapacité des forces maliennes et de leurs alliés russes à contenir cette menace a conduit à une déstabilisation continue de la région, compromettant les efforts de développement et de stabilisation économique.
Les implications économiques de la présence russe
Outre l’impact direct sur la sécurité, la présence militaire russe en Afrique a des implications économiques majeures, notamment en ce qui concerne les ressources naturelles. La Russie utilise l’accès aux ressources minières, notamment dans des pays comme le Mali et la République centrafricaine, pour financer ses opérations et accroître son influence économique dans la région. Les matières premières africaines, telles que l’or et les métaux rares, sont vitales pour l’économie mondiale, et les perturbations causées par les conflits prolongés affectent directement les approvisionnements vers l’Europe et l’Asie.
Par exemple, le commerce illégal de drogues et d’autres produits via des routes qui traversent le Mali et l’Algérie profite aux groupes terroristes et aux milices armées. La Russie, en s’associant avec ces acteurs, perturbe non seulement l’économie locale, mais aussi les chaînes d’approvisionnement mondiales. Cette situation crée une dépendance accrue des nations occidentales vis-à-vis de la stabilité en Afrique, une opportunité que la Russie utilise pour faire pression sur ses adversaires.
Conséquences géopolitiques
La stratégie russe en Afrique, bien qu’opportuniste, a des implications géopolitiques profondes. En perturbant les approvisionnements en matières premières et en soutenant des régimes instables, la Russie s’assure une position stratégique dans la région tout en détournant l’attention de ses propres difficultés en Ukraine. L’impact sur les économies européennes, en particulier celles dépendantes des matières premières africaines, est non négligeable. Par ailleurs, la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), formée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, offre à la Russie une opportunité d’exercer une influence accrue dans une région traditionnellement sous l’influence française.
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