
Le MQ-1C Gray Eagle utilise le missile AGM-114L Longbow Hellfire pour abattre des drones en tests. Découvrez ses capacités C-UAS, radars avancés et armes cinétiques.
Le MQ-1C Gray Eagle, un système aérien sans pilote (UAS) développé par General Atomics Aeronautical Systems (GA-ASI), a démontré sa capacité à neutraliser des drones lors d’essais au tir réel en utilisant le missile AGM-114L Longbow Hellfire, guidé par radar à ondes millimétriques. Ces tests, réalisés à Dugway Proving Ground, Utah, marquent une avancée dans les systèmes contre-UAS (C-UAS), combinant des solutions cinétiques comme les missiles Hellfire et des mitrailleuses Dillon Aero DAP-6 Minigun, ainsi que des options non cinétiques telles que des lasers en développement. Le Gray Eagle STOL (décollage et atterrissage courts) renforce sa flexibilité opérationnelle, permettant des missions depuis des terrains sommaires. Les radars Lynx et EagleEye détectent et suivent les drones, avec une portée terrestre de 80 km et maritime de 200 km. Ces innovations répondent à la menace croissante des drones, notamment dans des régions comme le Moyen-Orient. Cependant, le coût élevé du Longbow Hellfire (environ 200 000 € par missile) pousse GA-ASI à explorer des alternatives moins coûteuses, comme des roquettes guidées par laser.

Tests du MQ-1C Gray Eagle avec le missile longbow hellfire
Le MQ-1C Gray Eagle, un UAS de moyenne altitude et longue endurance (MALE), a été testé avec succès pour abattre un petit drone lors d’essais au tir réel à Dugway Proving Ground, Utah. Ces tests ont utilisé le missile AGM-114L Longbow Hellfire, un projectile guidé par radar à ondes millimétriques, capable de fonctionner dans des conditions météorologiques difficiles. Selon C. Mark Brinkley, porte-parole de GA-ASI, cette démonstration marque une nouvelle application du Gray Eagle comme plateforme C-UAS. Le missile, d’un poids de 49 kg et d’une portée de 8 km, a été couplé au radar embarqué du Gray Eagle, probablement le Lynx ou l’EagleEye, pour détecter et neutraliser la cible.
Cette capacité s’inscrit dans un contexte où les drones, notamment les drones kamikazes, prolifèrent. Par exemple, en 2023, les attaques de drones en Ukraine ont augmenté de 30 % selon des rapports de défense, soulignant l’urgence de solutions C-UAS. Le Longbow Hellfire, initialement conçu pour des cibles terrestres comme les chars, offre une précision accrue grâce à son guidage radar, contrairement aux variantes à guidage laser. Cependant, son coût, estimé à 200 000 € par unité, limite son usage à des cibles stratégiques. Les tests confirment que le Gray Eagle peut redéfinir les stratégies de défense aérienne, mais soulèvent des questions sur l’équilibre entre efficacité et coût.
Développement d’options cinétiques alternatives
GA-ASI explore des alternatives cinétiques pour réduire les coûts des missions C-UAS. Lors de tests en 2024 à Yuma Proving Ground, le démonstrateur Mojave a validé l’emploi de mitrailleuses Dillon Aero DAP-6 Minigun, tirant des munitions de 7,62 mm. Ces armes, montées en pods, offrent une solution abordable contre les drones de petite taille, souvent appelés « poubelles volantes » en raison de leur faible résistance. Une mitrailleuse DAP-6 peut tirer 3 000 coups par minute, avec un coût par balle d’environ 0,50 €, bien inférieur à celui d’un Hellfire.
Brinkley a indiqué qu’une nouvelle option cinétique, potentiellement une roquette guidée par laser comme l’APKWS II, sera présentée dans les mois à venir pour le Gray Eagle STOL. L’APKWS II, d’un coût de 25 000 € par unité, permettrait d’augmenter la capacité d’engagement grâce à un magasin plus important. Par exemple, un Gray Eagle pourrait emporter 12 roquettes APKWS II contre seulement 4 Hellfire, augmentant sa flexibilité tactique. Cette approche s’inspire de l’emploi récent de l’APKWS II par des F-16 contre des drones en mer Rouge, démontrant son efficacité contre des cibles lentes.
Capacités du Gray Eagle STOL pour les opérations C-UAS
Le Gray Eagle STOL, dérivé du démonstrateur Mojave, est conçu pour opérer depuis des pistes sommaires, avec un décollage en 122 m pour des missions de renseignement et 305 m avec 12 Hellfire. Cette capacité, testée en 2023 près d’El Mirage, Californie, répond aux besoins d’opérations décentralisées, notamment dans le Pacifique où les bases avancées sont rares. Le STOL intègre les améliorations du Gray Eagle 25M, incluant une résilience accrue aux brouillages électroniques via une navigation visuelle et des technologies anti-jamming SATCOM.
En 2024, des essais sur le porte-avions HMS Prince of Wales ont démontré la capacité du STOL à opérer sans catapulte ni câbles d’arrêt, renforçant son intérêt pour la défense maritime contre les drones. Avec une endurance de 24 heures et une altitude maximale de 8 800 m, le Gray Eagle STOL peut maintenir une patrouille aérienne prolongée, idéale pour surveiller des zones à risque comme le Moyen-Orient, où les drones kamikazes ont été utilisés dans 60 % des attaques aériennes récentes selon des données de CENTCOM.
Radars lynx et eagleeye pour la détection des drones
Les radars Lynx et EagleEye, développés par GA-ASI, jouent un rôle clé dans la détection et le suivi des drones. Le EagleEye, un radar à synthèse d’ouverture, peut repérer des cibles terrestres à 80 km et maritimes à 200 km. Bien que sa performance contre des cibles aériennes ne soit pas pleinement documentée, des tests ont validé son mode air-air, y compris en vision descendante, essentiel pour repérer des drones à basse altitude. Une nouvelle antenne à balayage électronique actif (AESA) en développement augmentera sa portée et sa polyvalence.
En comparaison, le radar AN/APG-78 Longbow des hélicoptères AH-64 Apache détecte des cibles aériennes à 10 km, illustrant l’avantage du EagleEye pour les missions longue portée. Ces capacités permettent au Gray Eagle d’agir comme une plateforme multi-rôles, combinant détection, suivi et engagement. Par exemple, lors d’exercices au Moyen-Orient en 2024, des Apache ont utilisé des Longbow Hellfire pour abattre des drones, une tactique que le Gray Eagle peut reproduire avec une portée et une endurance supérieures.

Développement d’un laser C-UAS pour le Gray Eagle
GA-ASI travaille sur un laser poddé pour le MQ-9B SkyGuardian, adaptable au Gray Eagle, présenté en 2025 lors de symposiums aux États-Unis. Ce laser, destiné à la défense de flotte contre les drones d’attaque unidirectionnels, promet une solution économique avec un coût par tir négligeable comparé aux 200 000 € d’un Hellfire. Cependant, les lasers aéroportés restent complexes, comme le montre l’annulation de programmes comme le YAL-1 Airborne Laser en 2011 pour des raisons techniques.
Les tests actuels se concentrent sur la maturité de la technologie laser de GA-ASI, qui pourrait neutraliser plusieurs drones sans rechargement, contrairement aux missiles. Par exemple, un laser de 50 kW, comme ceux testés par Lockheed Martin, peut détruire un drone en 2 secondes à 1 km. Si intégré au Gray Eagle, ce laser renforcerait sa capacité à protéger des bases avancées ou des navires, mais son développement pourrait prendre 3 à 5 ans selon les estimations du marché.
Conséquences des essais C-UAS du Gray Eagle
Les essais du Gray Eagle avec le Longbow Hellfire redéfinissent les approches C-UAS. Contrairement aux systèmes terrestres, limités en portée et mobilité, le Gray Eagle offre une flexibilité unique. Sa capacité à être déployé rapidement près des forces au sol, avec une endurance de 24 heures, en fait une plateforme idéale pour des patrouilles aériennes défensives. En Ukraine, où les drones représentent 40 % des pertes matérielles selon des rapports de 2024, un tel système pourrait protéger des infrastructures critiques.
Cependant, le coût du Longbow Hellfire pose un défi économique. Avec un prix de 200 000 €, son emploi contre des drones à 1 000 € est difficilement justifiable. Cela pousse GA-ASI à privilégier des solutions comme l’APKWS II ou les lasers. De plus, l’intégration de radars avancés et d’armes polyvalentes fait du Gray Eagle une plateforme multi-rôles, capable de soutenir des missions de renseignement et d’escorte armée, réduisant la dépendance aux chasseurs coûteux comme les F-16, dont le coût horaire dépasse 25 000 €.
Perspectives pour le marché C-UAS
Le marché mondial des systèmes C-UAS devrait atteindre 5,2 milliards € d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel de 26 % selon MarketsandMarkets. Les drones Gray Eagle, avec leurs capacités multi-rôles, pourraient capter une part significative de ce marché, notamment pour les armées cherchant des solutions mobiles. Des pays comme la Pologne et l’Australie, déjà intéressés par les drones GA-ASI, pourraient adopter le Gray Eagle pour contrer les menaces de drones russes ou chinois.
Cependant, la concurrence est rude, avec des systèmes comme le Coyote de Raytheon (coût par unité : 50 000 €) ou les lasers terrestres de Rheinmetall. Le Gray Eagle devra démontrer un avantage coût-efficacité, notamment via des armes comme l’APKWS II ou le laser poddé, pour rester compétitif. Les tests en cours et les déploiements futurs, notamment dans des zones de conflit comme le Moyen-Orient, seront cruciaux pour valider son rôle dans la défense moderne.
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