Six avions de transport militaire Y-20 chinois ont atterri en Égypte sans annonce officielle, suscitant des interrogations sur la nature de cette opération.
Le 15 avril 2025, au moins six avions de transport stratégique chinois Xi’an Y-20 ont atterri en Égypte, probablement sur la base aérienne de Wadi Abu Rish. Cette opération, non annoncée, s’inscrit dans le cadre d’exercices aériens conjoints sino-égyptiens, baptisés “Eagles of Civilization 2025”, prévus jusqu’au début mai. Cette manœuvre reflète l’approfondissement des relations militaires entre la Chine et l’Égypte, dans le contexte de l’initiative chinoise “Belt and Road”.
Le Xi’an Y-20 : un avion de transport stratégique aux capacités impressionnantes
Le Xi’an Y-20 est un avion de transport militaire développé par la Chine, destiné à renforcer sa capacité de projection stratégique. Avec une capacité de charge utile de 66 tonnes et une masse maximale au décollage de 220 tonnes, il peut transporter des équipements lourds, tels que des chars de combat, sur de longues distances. Doté d’une autonomie de 7 800 km avec une charge de 40 tonnes, le Y-20 est comparable au C-17 Globemaster III américain. Il est équipé de quatre turboréacteurs Soloviev D-30KP-2, en attendant l’intégration des moteurs chinois WS-20. Le Y-20 a été conçu pour opérer sur des pistes courtes, avec une distance de décollage minimale de 600 à 700 mètres. Il est également capable de missions de ravitaillement en vol et de transport médicalisé.
La base aérienne de Wadi Abu Rish : un site stratégique en Égypte
La base aérienne de Wadi Abu Rish, située dans le gouvernorat de Beni Suef, est une installation militaire égyptienne importante. Elle dispose de deux pistes en asphalte de 3 985 mètres chacune, permettant l’accueil d’avions de grande taille comme le Y-20. La base abrite le 42e escadron de l’armée de l’air égyptienne, équipé de chasseurs MiG-29M/M2, et un centre de formation aéronautique. Sa position géographique, à environ 70 km au sud du Caire, en fait un point stratégique pour les opérations militaires et les exercices conjoints.
Des exercices aériens conjoints sino-égyptiens : une coopération militaire renforcée
Les vols des Y-20 chinois en Égypte s’inscrivent dans le cadre des exercices aériens conjoints “Eagles of Civilization 2025”, organisés entre la Chine et l’Égypte. Ces manœuvres, prévues jusqu’au début mai, visent à renforcer la coopération militaire entre les deux pays, notamment en matière de commandement, de contrôle et d’interopérabilité des équipements. La Chine et l’Égypte ont intensifié leurs relations militaires ces dernières années, avec des accords de coopération, des ventes d’armement et des formations conjointes. Par exemple, l’Égypte produit localement des avions d’entraînement K-8E en partenariat avec la Chine, et utilise des drones chinois Wing Loong pour ses opérations de surveillance.
Une opération qui s’inscrit dans l’initiative “Belt and Road” de la Chine
L’arrivée des Y-20 en Égypte s’inscrit dans le cadre plus large de l’initiative “Belt and Road” (BRI) lancée par la Chine pour renforcer ses liens économiques et stratégiques avec d’autres pays. L’Égypte, en tant que point de passage clé entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe, joue un rôle central dans cette initiative. La Chine a investi massivement dans des projets d’infrastructure en Égypte, notamment dans la zone économique du canal de Suez, avec des investissements estimés à 100 milliards de dollars. Ces projets visent à faire de l’Égypte un hub logistique majeur pour le commerce international, en particulier pour les échanges entre la Chine et l’Afrique.
Conséquences géopolitiques : une présence chinoise accrue au Moyen-Orient
L’opération des Y-20 en Égypte reflète l’expansion de l’influence militaire chinoise au Moyen-Orient. En renforçant ses liens avec l’Égypte, la Chine cherche à sécuriser ses intérêts économiques dans la région, notamment en protégeant les routes commerciales et les investissements liés à la BRI. Cette présence accrue peut également être perçue comme une réponse à la réduction de l’engagement militaire des États-Unis dans la région, offrant à la Chine une opportunité de combler le vide laissé par Washington. Cependant, cette expansion suscite des inquiétudes parmi certains pays occidentaux, qui y voient une tentative de la Chine d’étendre son influence stratégique au détriment des équilibres régionaux existants.
Perspectives : vers une coopération sino-égyptienne renforcée
L’opération des Y-20 en Égypte pourrait marquer le début d’une coopération militaire plus étroite entre les deux pays. Des exercices conjoints réguliers, des transferts de technologie et des ventes d’armement pourraient s’intensifier dans les années à venir. L’Égypte pourrait également jouer un rôle clé dans la stratégie chinoise en Afrique, en servant de base logistique pour les opérations chinoises sur le continent. Toutefois, cette coopération devra être équilibrée avec les relations traditionnelles de l’Égypte avec d’autres puissances, notamment les États-Unis, pour éviter des tensions diplomatiques.
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