Un avion 3D

Quel est le comble pour un avion ? De ne jamais voler. C’est le cas du D551. En 1939, le constructeur Emile Dewoitine entreprend de décliner son modèle D520 en avion de chasse en augmentant ses performances : envergure augmentée, réservoir accru, pare-brise redessiné. Mais l’armistice signé donne un coup de frein au projet et le modèle, considéré comme prise de guerre, est ferraillé. En 2017, Réplic’Air décide de le faire entrer dans la légende aéronautique. Cette association toulousaine, qui rassemble quatre-vingts passionnés d’aéronautique, n’en est pas à son premier coup d’essai. En 2013, cent ans après la traversée de la Méditerranée par Roland Garros, elle reconstruit l’avion Morane-Saulnier afin de relier Fréjus à Bizerte en Tunisie. Pari réussi en huit heures. « Notre objectif est de retrouver l’esprit des pionniers qui se sont lancés dans des défis techniques, explique Wilfried Dufaud, membre de l’association. Pour reconstruire le D551 nous sommes partis des dessins d’origine pour reproduire des pièces, fabriquées avec de nouveaux moyens technologiques : la découpe laser et la fabrication additive ». Pour concevoir cet avion de guerre de dix mètres d’envergure, doté d’un moteur V12, l’association s’est entourée de partenaires, dont le motoriste Safran et Assystem. Pour le projet, cette société d’ingénierie, qui emploie 1500 personnes à Toulouse, conçoit certaines pièces de structures (supports systèmes, sous-composants de la structure secondaire et systèmes mécaniques) produites en fabrication additive par le montalbanais Prismadd. « Notre intérêt est multiple, ajoute Julie de Cevins, vice-présidente d’Assystem en charge des activités pour Airbus. Ce projet permet de renforcer nos compétences en impression 3D et de mobiliser nos équipes autour des notions humaines, de partage et d’engagement ». De son côté, l’association, met en avant les avantages de la fabrication additive : rapidité de la fabrication de pièces “en un seul bloc” et “plus légères” avec des matériaux “nobles”. Au stade de la fabrication qui a débuté en décembre, les pièces seront ensuite livrées et assemblées par Réplic’Air dans ses ateliers toulousains et tarnais. Ce biplace de 1000 chevaux, en aluminium et titane, sera présenté au salon du Bourget, en juin, « dans son état d’avancement de construction », précise Wilfried Dufaud, qui est aussi ingénieur chez Assystem. Le premier vol d’essai est prévu pour 2018.

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