Si le Pentagone était Napoléon, le F-35 serait un peu sa Bérézina. L’ambition qui a animé la conception de cet appareil n’a d’égal que ses incroyables ratés. Des problèmes difficiles à accepter au vu du budget pharaonique qui a présidé à son développement. Le premier prototype de F-35 a fait son vol inaugural en 2006. Dix ans plus tard, 154 avions de série ont été construits et livrés à leurs acheteurs (dont 45 pour la seule année 2015). Pourtant, l’avion reste à ce jour en développement et ne peut toujours pas être utilisé en opération. Et la date où il sera opérationnel semble avoir encore été remportée. Un rapport annuel du Pentagone, émis par le bureau des tests opérationnels et de l’évaluation (DOT&E), a en effet mis en avant le retard qu’a pris une fois de plus le programme, à tel point qu’il n’est pas certain que l’US Air Force puisse déclarer opérationnels ses premiers F-35 d’ici la fin de l’année, comme c’était initialement prévu. Ont été pointées dans ce rapport des « ambiguïtés dans l’affichage des menaces » pour le pilote, ainsi qu’un danger lié au siège éjectable, qui pourrait blesser, voire tuer, le pilote qui activerait l’éjection. Ce danger est suffisamment réel pour que les pilotes les plus légers (moins de 61 kg) aient été interdits de prendre les commandes de l’appareil. Le risque est également considéré comme élevé pour les pilotes d’un poids inférieur à 74 kg. Ces nouvelles difficultés techniques pourraient mettre plus d’un an à être résolues. Au-delà du code (son ambitieux système informatique, composé de millions de lignes de codes, est à la source de la plupart de ses problèmes), des défauts de conception ont également été pointés du doigt. La soute à munitions, notamment, chaufferait de manière excessive. La solution actuelle ? Ouvrir la soute pour l’aérer. Une solution gênante pour une appareil censé être furtif ! En 2014, c’était du côté du moteur que le F-35 péchait. L’appareil avait brillé par son absence au salon de Farnborough en raison d’un incendie moteur. En 2015, c’est le siège éjectable de Martin Baker qui fait défaut. Qu’en sera-t-il en 2016 ? Le rapport du DOT&E est en tout cas implacable : il signale qu’à l’heure actuelle, les problèmes apparaissent plus vite qu’ils ne sont résolus.
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