AirCo DH.2

Le AirCo DH.2 fut un chasseur britannique à moteur en pousseur, conçu en 1915, qui permit aux Alliés de reprendre l’initiative aérienne.

Le AirCo DH.2 est un avion de chasse britannique monomoteur conçu en 1915 selon une configuration biplan à moteur en pousseur. Il s’agissait du premier véritable chasseur monoplace du Royal Flying Corps, employé pour contrer la supériorité allemande du Fokker Eindecker. Son moteur Gnome Monosoupape de 100 chevaux propulsait l’appareil à une vitesse maximale de 150 km/h, avec une autonomie de 400 km. Le DH.2 s’est illustré en 1916, notamment au sein du No. 24 Squadron, mais a montré ses limites dès l’apparition des Albatros D.III allemands. Remplacé progressivement à partir de 1917, il aura été produit à 453 exemplaires, marquant une étape clef dans l’évolution tactique de l’aviation britannique.

L’historique du AirCo DH.2

Le AirCo DH.2 est né du besoin urgent de contrer la domination allemande dans les airs pendant la Première Guerre mondiale, notamment durant la période appelée le “Fokker Scourge” à l’été 1915. À cette époque, les chasseurs allemands Fokker E.I, dotés de dispositifs de synchronisation permettant de tirer à travers l’hélice, dominaient le ciel. En l’absence de cette technologie, les Alliés ont opté pour une configuration en pousseur, permettant de placer l’armement à l’avant de l’appareil sans risquer d’endommager l’hélice.

Conçu par Geoffrey de Havilland pour la société Airco, le DH.2 était une réponse tactique à cette impasse technique. L’appareil fut engagé pour la première fois sur le front en juillet 1915, et son développement permit de combler un vide dans la doctrine de chasse alliée.

Le DH.2 devint opérationnel dans le No. 24 Squadron, première unité de chasse équipée exclusivement de cet appareil. La première victoire aérienne confirmée fut obtenue le 2 avril 1916. Dès lors, les DH.2 participèrent activement à la reconquête de la supériorité aérienne.

Entre avril et novembre 1916, les DH.2 totalisèrent près de 60 victoires aériennes, avant que l’arrivée de nouveaux chasseurs allemands, comme les Albatros D.I et D.III, ne réduise leur efficacité. Néanmoins, le DH.2 constitue une étape historique majeure dans la structuration d’une aviation de chasse britannique indépendante et tactiquement cohérente.

AirCo DH.2

Le design du AirCo DH.2

Le DH.2 présente une architecture biplan à deux travées, avec des ailes légèrement dièdrées, reliées par des montants parallèles et des câbles de tension. L’ensemble repose sur un train d’atterrissage fixe à deux roues avant et une patin de queue.

L’appareil mesure 7,68 mètres de long, avec une envergure de 8,61 mètres et une hauteur de 2,90 mètres. Son poids à vide est de 427 kg, pour une masse maximale au décollage de 654 kg.

Le fuselage se présente comme une nacelle avant, où le pilote prend place dans un cockpit ouvert, offrant une bonne visibilité vers l’avant. Le moteur Gnome Monosoupape, placé à l’arrière du fuselage, actionne une hélice bipale en bois, configuration propre aux moteurs en pousseur.

Le poste de pilotage comprend un support pour mitrailleuse Lewis calibre .303 (7,7 mm) alimentée par un tambour de 47 cartouches. Initialement, plusieurs positions de montage étaient prévues, mais cette disposition s’est avérée peu pratique en combat. Les pilotes ont progressivement fixé l’arme en position centrale, ajustant le tir en orientant l’appareil lui-même.

L’alimentation en carburant est assurée par un réservoir situé derrière le pilote, avant le moteur. Les surfaces de commande comprennent une dérive verticale unique et un empennage horizontal monté en haut de celle-ci.

L’ensemble donne un appareil relativement simple mais robuste, facile à maintenir en opération, et surtout plus stable en combat que beaucoup d’appareils contemporains.

La performance du AirCo DH.2

Le DH.2 est propulsé par un moteur rotatif Gnome Monosoupape de 100 chevaux, capable de propulser l’appareil à une vitesse maximale de 150 km/h. Son autonomie de vol atteint 400 km, avec une endurance moteur de 2h45.

Son plafond opérationnel est de 4 270 mètres, avec un taux de montée de 166 mètres par minute. Ces caractéristiques étaient compétitives au moment de son engagement initial, notamment face aux Fokker Eindecker allemands.

Cependant, l’absence de synchronisation entre l’arme et l’hélice obligeait à des compromis ergonomiques. Le système de visée fut d’ailleurs amélioré par le Major Lanoe Hawker, qui développa un support rigide et un dispositif de visée ajusté, permettant d’améliorer considérablement la précision des tirs.

Le DH.2 avait l’avantage d’une bonne maniabilité, appréciée des pilotes expérimentés. Toutefois, son taux de montée restait limité, et son armement léger constituait un handicap dès l’apparition de chasseurs allemands plus puissants et mieux armés.

L’ensemble du système, bien que limité sur le plan technologique, permit une progression significative des doctrines de combat aérien et contribua à établir les standards de l’aviation de chasse britannique jusqu’à la fin du conflit.

AirCo DH.2

Les missions du AirCo DH.2 au combat

Le DH.2 fut engagé principalement sur le front occidental, dès juillet 1915, et joua un rôle déterminant dans la phase critique de reconquête de la maîtrise de l’air en 1916. Il fut notamment déployé dans les escadrons No. 24, No. 29, No. 32 et No. 41 du Royal Flying Corps.

L’appareil s’illustra par des missions de supériorité aérienne, de protection des reconnaissances, et d’interception. En avril 1916, il abattit son premier Fokker Eindecker, contribuant à réduire l’avantage tactique allemand.

En juin 1916, les DH.2 totalisèrent 17 victoires aériennes, suivies de 15 en août, 15 en septembre, et 10 en novembre. Leur impact fut significatif, bien que progressif, dans la réduction de la pression allemande.

Le combat du 20 décembre 1916, où cinq DH.2 furent abattus sur six engagés face à des Albatros D.III, illustre cependant la limite technologique de l’appareil dans sa deuxième année de service.

Par la suite, les DH.2 furent redéployés sur des théâtres secondaires, notamment en Macédoine et en Palestine, où l’aviation ennemie était moins avancée. En parallèle, plus de 100 exemplaires furent utilisés comme avions d’entraînement au Royaume-Uni.

Un dernier mot sur le AirCo DH.2

Le AirCo DH.2 fut progressivement remplacé dès mars 1917 par des appareils plus performants tels que le Airco DH.5 et le Sopwith Pup, dotés de moteurs plus puissants, de vitesses plus élevées et d’un armement plus adapté aux nouveaux standards du combat aérien.

Le dernier retrait du DH.2 des lignes de front intervient fin 1917, tandis que son utilisation en école de pilotage perdure jusqu’en automne 1918. Il n’était plus apte à répondre aux exigences croissantes du conflit aérien.

Avec 453 exemplaires construits, le DH.2 aura joué un rôle clef, non pour sa performance brute, mais pour avoir structuré une première doctrine de chasse autonome dans le Royal Flying Corps.

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