Caproni Ca.1

Le Caproni Ca.1, bombardier italien de la Première Guerre mondiale, marqua l’essor de l’aviation lourde avec une architecture novatrice.

Le Caproni Ca.1 fut le premier bombardier lourd italien utilisé dès 1915 durant la Première Guerre mondiale. Conçu par Gianni Caproni, cet avion triplace était doté de trois moteurs Fiat A.10 totalisant 300 chevaux. Il pouvait transporter une charge de bombes sous la nacelle centrale et était armé de deux mitrailleuses FIAT-Revelli de 6,5 mm. Sa vitesse maximale atteignait 120 km/h, avec une portée opérationnelle de 550 km. Utilisé principalement contre l’Empire Austro-Hongrois, le Ca.1 réalisa sa première mission de combat le 20 août 1915. Produit à environ 165 exemplaires, il équipa jusqu’à quinze escadrilles italiennes, y compris en France et en Libye. Il fut remplacé progressivement par le Caproni Ca.3, plus puissant. Le Ca.1 constitue une étape décisive dans le développement des bombardiers lourds au sein de l’aéronautique militaire italienne.

L’historique du Caproni Ca.1

Le Caproni Ca.1 prend racine dans les premiers travaux de Gianni Caproni, ingénieur aéronautique italien ayant fondé la Società de Aviazione Ing. Caproni. En 1913, il expérimente un appareil triengine baptisé Caproni 260 hp, avec une disposition peu courante : un moteur central en configuration pousseur, et deux autres moteurs sur la nacelle principale également en configuration pousseur. Cette version est ensuite améliorée pour aboutir, à la fin de l’année 1914, à une nouvelle configuration : deux moteurs en tracteur montés sur les ailes et un moteur pousseur à l’arrière de la nacelle centrale.

Ce changement marque un tournant technique. Les moteurs rotatifs Gnome français sont remplacés par des Fiat A.10, moteurs en ligne, liquide refroidis, produisant 100 chevaux chacun. Cette nouvelle mouture, surnommée Caproni 300 hp, attire rapidement l’attention de l’état-major italien.

En août 1915, l’avion entre officiellement en service sous la désignation Caproni Ca.1. Sa production s’accélère dans les mois suivants, avec environ 165 unités construites jusqu’en décembre 1916. L’Italie est ainsi l’un des premiers pays, avec la Russie, à aligner des bombardiers lourds opérationnels avant même les développements britanniques ou allemands. Le Ca.1 initie la première doctrine de bombardement stratégique diurne dans l’armée italienne.

Caproni Ca.1

Le design du Caproni Ca.1

Le Caproni Ca.1 adopte une configuration biplan à quatre baies avec un empennage double flèche monté sur deux longerons arrière. L’élément central du fuselage est une nacelle contenant le poste de pilotage, le troisième moteur et l’armement avant. Cette disposition facilite la maintenance et le remplacement des moteurs, tout en offrant une meilleure visibilité au pilote.

L’équipage comprend quatre hommes : deux pilotes côte à côte, un mitrailleur avant et un mitrailleur arrière, ce dernier étant positionné sur une plate-forme métallique en porte-à-faux derrière l’aile supérieure, devant le moteur pousseur.

L’armature de l’avion est en bois, recouverte de toile tendue, une technique standard de l’époque. Le train d’atterrissage fixe, avec deux roues principales et une roulette avant, repose sur des jambes de force en acier, tandis qu’un patin de queue stabilise l’ensemble.

Le plan horizontal arrière supporte trois dérives verticales, assurant la stabilité directionnelle. Cette configuration améliore la maniabilité malgré le gabarit de l’appareil.

Les bombes sont accrochées sous la nacelle centrale, tandis que deux mitrailleuses Fiat-Revelli de 6,5 mm assurent la défense. L’organisation spatiale de l’équipage et des systèmes démontre une conception pragmatique axée sur la fonctionnalité.

Les performances du Caproni Ca.1

Le Caproni Ca.1 est équipé de trois moteurs Fiat A.10 à six cylindres en ligne, refroidis par liquide, chacun fournissant environ 100 chevaux, soit une puissance totale de 300 chevaux (224 kW).

La vitesse maximale atteint 120 km/h, suffisante pour l’époque, mais laissant l’appareil vulnérable aux chasseurs ennemis. Sa portée opérationnelle avoisine 550 km, ce qui permet des missions en profondeur au-delà des lignes adverses. Le plafond opérationnel est d’environ 3 960 mètres, ce qui limite l’efficacité des tirs antiaériens au sol, encore peu développés à cette période.

Le poids à vide est estimé à 3 270 kg, pour un poids maximal au décollage de 3 990 kg. L’envergure des ailes est de 22,74 mètres, la longueur totale de 11,15 mètres et la hauteur de 3,66 mètres.

L’armement comprend 2 mitrailleuses Fiat-Revelli de 6,5 mm, positionnées à l’avant et à l’arrière. La capacité d’emport de bombes varie selon la mission, mais se situe généralement autour de 200 à 400 kg, suspendus sous la nacelle centrale.

Ces caractéristiques, bien qu’élémentaires face aux standards des années 1930, restent adaptées aux réalités de 1915–1916. Le Ca.1 a servi de base pour des développements techniques ultérieurs comme le Caproni Ca.3, mieux motorisé.

Caproni Ca.1

Les missions du Caproni Ca.1 au combat

Le Caproni Ca.1 entre en action le 20 août 1915, lors d’un raid sur le terrain d’aviation autrichien d’Aisovizza. Cette première mission marque le début des opérations de bombardement stratégique italien contre l’Empire Austro-Hongrois.

Le Ca.1 est déployé dans quinze escadrilles italiennes, intégrées au Corpo Aeronautico Militare. Trois de ces unités sont transférées temporairement en France, en soutien aux forces alliées. Une autre escadrille opère en Libye, où l’aviation italienne mène des opérations de contrôle colonial.

Les objectifs visés sont variés : infrastructures ferroviaires, entrepôts de munitions, aérodromes ennemis. Cependant, le rayon d’action réduit, la faible vitesse et la défense rudimentaire exposent souvent le Ca.1 aux tirs au sol et aux chasseurs ennemis. Les pertes d’équipages sont significatives, mais ces missions démontrent l’intérêt tactique des bombardiers lourds.

La doctrine d’emploi reste toutefois limitée par les conditions techniques de l’époque. L’absence de dispositifs de visée précis et de coordination interarmes réduit l’efficacité globale des missions. Néanmoins, ces premières expériences posent les bases d’une stratégie aérienne offensive en Italie.

Un dernier mot sur le Caproni Ca.1

Le Caproni Ca.1 voit sa carrière opérationnelle prendre fin courant 1917, progressivement remplacé par le Caproni Ca.3, doté de moteurs plus puissants et d’une charge offensive accrue. Certains Ca.1 survivants sont reconvertis en avions civils, capables de transporter jusqu’à six passagers, sous la dénomination Caproni Ca.56.

Le Ca.1 n’a pas changé le cours du conflit, mais il a ouvert une voie technologique vers le bombardement stratégique, contribuant à une nouvelle typologie d’aviation militaire. Son architecture triplement motorisée, bien que perfectible, est l’un des premiers jalons d’une évolution structurelle dans les bombardiers multimarques.

À défaut de performances exceptionnelles, le Caproni Ca.1 a servi d’outil d’expérimentation à grande échelle. Son impact réside davantage dans sa valeur doctrinale que dans ses résultats tactiques. Il a permis à l’Italie de structurer son aviation de bombardement lourd, préalable aux développements futurs du Caproni Ca.3, puis des modèles interguerres.

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