Le Caudron G.4 fut un bombardier français de la Première Guerre mondiale, conçu pour appuyer les opérations aériennes alliées dès 1915.
Le Caudron G.4 est un bombardier français conçu en 1915 pour répondre aux besoins tactiques du front. Développé à partir du Caudron G.3, il introduit une motorisation bimoteur avec deux Le Rhône de 80 chevaux. Sa structure biplan, son équipage de deux hommes et sa capacité à embarquer jusqu’à 120 kg de bombes en font un appareil adapté aux premières missions offensives. Le modèle initial G.4 B.2 subit de lourdes pertes en mission de jour et fut réaffecté aux tâches de reconnaissance. Environ 1 421 exemplaires furent produits. Il servit dans les forces françaises, britanniques, italiennes et russes. Il fut actif dans les Alpes, en Belgique et sur le front de l’Est. Il fut retiré progressivement en 1917, remplacé par des appareils plus performants. Le Caudron G.4 marque une étape dans le développement du bombardement aérien tactique.
L’historique du Caudron G.4
Le Caudron G.4 est conçu au début de l’année 1915, à partir du modèle Caudron G.3, dans un contexte où les forces aériennes cherchent à structurer un véritable bombardement offensif. À cette date, l’aviation militaire n’en est qu’à ses débuts. La version G.3, principalement dédiée à la reconnaissance, montre ses limites en termes de charge utile et de puissance. La firme Société des avions Caudron, fondée par Gaston et René Caudron, propose alors une évolution directe de l’appareil : le G.4.
L’objectif était de proposer un appareil pouvant emporter une charge de bombes significative tout en conservant une autonomie suffisante et une certaine maniabilité. Le prototype est testé dès le premier semestre 1915, et les premières livraisons suivent rapidement, malgré des problèmes de production récurrents liés au contexte de guerre.
Les premiers modèles livrés, désignés G.4 B.2, sont affectés aux unités de bombardement diurne. Toutefois, dès fin 1915, les pertes s’accumulent. L’appareil, vulnérable aux tirs antiaériens et aux avions ennemis, est relégué progressivement à des tâches de reconnaissance et de réglage d’artillerie. Une seconde série, baptisée G.4 A.2, est développée pour cette mission spécifique.
Le G.4 est également construit sous licence au Royaume-Uni, et plusieurs appareils sont livrés aux forces italiennes et russes. Il s’inscrit dans les premières tentatives de guerre aérienne structurée sur plusieurs fronts, avec des usages tactiques encore expérimentaux mais stratégiquement importants.

Le design du Caudron G.4
Le Caudron G.4 adopte une architecture biplan, avec des ailes disposées en superposition et un fuselage réduit au strict minimum. La cellule centrale abrite le poste de pilotage et une nacelle pour l’observateur/mitrailleur. Le reste de la structure est composée de longerons en bois et d’un entoilage tendu. L’appareil se distingue par une configuration bimoteur en nacelles latérales, une disposition encore rare à l’époque.
Chaque moteur Le Rhône 9C développe 80 chevaux (environ 59 kW), permettant une meilleure traction et une plus grande capacité d’emport que le G.3. La vitesse maximale atteint 130 km/h, pour une autonomie d’environ 4 heures. L’envergure est de 16,85 mètres, la longueur de 7,20 mètres, et la hauteur de 2,45 mètres. Le poids à vide est d’environ 700 kg, et le poids total au décollage peut atteindre 1 000 kg.
La structure de l’empennage arrière comprend quatre dérives verticales pour stabiliser le vol. Ce choix technique améliore la manœuvrabilité, mais ajoute de la traînée.
L’équipage est composé de deux hommes : le pilote et un observateur/mitrailleur placé à l’avant. L’armement défensif est généralement constitué d’une mitrailleuse Lewis de calibre 7,7 mm, montée sur affût mobile dans la nacelle avant. La charge offensive varie selon les missions, avec une capacité d’emport de 100 à 120 kg de bombes sous les ailes, souvent réparties en petites bombes de 10 ou 20 kg.
La performance du Caudron G.4
Les performances du Caudron G.4 restent modestes selon les standards actuels, mais elles étaient adaptées aux exigences de 1915-1916. Sa vitesse de croisière est de l’ordre de 110 km/h, avec une vitesse maximale de 130 km/h en conditions optimales. Il atteint une altitude maximale de 4 500 mètres, ce qui lui confère une certaine efficacité en milieu montagneux, notamment pour les missions italiennes dans les Alpes.
Le temps de montée à 2 000 mètres est d’environ 18 minutes, ce qui limitait ses capacités de réaction face aux menaces aériennes. La maniabilité est jugée acceptable à basse altitude, mais l’appareil souffre de faiblesses aérodynamiques dues à la disposition ouverte du fuselage et à la traînée induite par le système de gouvernes multiples.
Le rayon d’action opérationnel est estimé à 300 km, ce qui permet des missions de moyenne portée, notamment pour des bombardements de cibles stratégiques en Belgique ou sur le front allemand. Néanmoins, le manque de blindage et l’armement léger réduisent ses capacités de survie en milieu hostile.
La fiabilité mécanique des moteurs Le Rhône est globalement satisfaisante, bien que la maintenance en escadrille soit complexe du fait du double groupe motopropulseur. Le comportement en vol est stable, mais les conditions climatiques influent fortement sur ses performances, particulièrement à haute altitude.

Les missions du Caudron G.4 au combat
Le Caudron G.4 est engagé dès l’été 1915 dans des missions de bombardement tactique. Les escadrilles françaises, telles que la VB 101 à VB 110, sont chargées de viser les installations ferroviaires, dépôts logistiques et batteries d’artillerie allemandes. Toutefois, l’efficacité reste limitée par la précision des bombardements et la vulnérabilité en plein jour.
Les pertes sont importantes. En 1916, la VB 103 perd près de 50 % de ses appareils lors d’une opération contre les gares de Montmédy et Longuyon. Le Caudron G.4 B.2 est rapidement retiré du rôle de bombardier de jour.
L’appareil trouve une seconde fonction dans la reconnaissance et le réglage d’artillerie. Le G.4 A.2, équipé de radios embarquées rudimentaires, sert à corriger les tirs d’artillerie lourde. Il est utilisé dans ce cadre jusqu’en fin 1917.
En Italie, le G.4 est exploité dans les Alpes juliennes pour des missions d’interdiction. En Belgique, les pilotes britanniques du Royal Naval Air Service l’utilisent contre les bases de Zeppelins et hydro-aviation allemandes. En Russie, plusieurs escadrilles l’utilisent sur le front de l’Est pour des reconnaissances de secteur.
Malgré des résultats inégaux, le G.4 contribue à structurer les doctrines d’emploi de l’aviation tactique et prépare le terrain aux bombardiers lourds à venir.
Un dernier mot sur le Caudron G.4
Le Caudron G.4 est progressivement remplacé dès 1917 par des appareils plus performants, notamment le Breguet 14 ou le Salmson 2 A2, mieux armés et mieux motorisés. L’expérience acquise avec le G.4 a toutefois permis de formaliser les besoins futurs : blindage, puissance, rayon d’action, protection de l’équipage.
Avec 1 421 unités produites, il reste un des premiers bombardiers français construits en série. Son retrait s’explique autant par ses limites techniques que par l’évolution rapide des combats aériens. Il marque une transition vers une aviation militaire structurée, mais ses missions offensives de 1915-1916 mettent également en évidence les contraintes de l’époque.
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