Le Häfeli DH-1 était un biplan de reconnaissance suisse conçu en 1916 par l’ingénieur August Häfeli. Premier avion militaire développé en Suisse, il a servi jusqu’en 1919.
Le Häfeli DH-1, conçu par August Häfeli en 1916, fut le premier avion militaire suisse. Ce biplan de reconnaissance à double poutre et hélice propulsive était propulsé par un moteur Argus As II de 120 ch, atteignant une vitesse maximale de 126 km/h et un rayon d’action de 250 km. Malgré sa conception innovante, seuls six exemplaires furent construits, et trois furent détruits dans des accidents. Retiré du service en 1919, le DH-1 a ouvert la voie à des modèles plus performants comme le DH-3.
L’historique du Häfeli DH-1
En 1915, face aux refus des nations étrangères de fournir des avions militaires, la Suisse décide de développer sa propre industrie aéronautique. Le Service Technique Militaire (STM) confie alors aux Ateliers de construction fédéraux de Thoune (K+W) la mission de concevoir un avion de reconnaissance. L’ingénieur August Häfeli, ayant précédemment travaillé en France chez Farman et en Allemagne chez AGO Flugzeugwerke, est recruté pour diriger ce projet. Fort de son expérience, notamment avec le AGO C.I, un avion de reconnaissance à double poutre, Häfeli s’inspire de ce concept pour créer le DH-1. Le premier vol du DH-1 a lieu en 1916, marquant une étape importante dans l’aviation militaire suisse. Cependant, la production est limitée à six exemplaires. Malheureusement, trois d’entre eux sont détruits dans des accidents en moins d’un an, ce qui soulève des questions sur la fiabilité de l’appareil. Les survivants sont retirés du service en 1919 et finalement démantelés. Malgré ces défis, le DH-1 pose les bases du développement aéronautique suisse, ouvrant la voie à des modèles plus aboutis comme le DH-3, qui connaîtra une production plus importante et une utilisation prolongée.

Le design du Häfeli DH-1
Le Häfeli DH-1 adopte une configuration distinctive avec une nacelle centrale abritant l’équipage et une hélice propulsive montée à l’arrière. Cette conception à double poutre est inspirée des travaux antérieurs de Häfeli chez AGO Flugzeugwerke. Le fuselage est principalement construit en bois et recouvert de toile, une pratique courante à l’époque pour allier légèreté et solidité. L’équipage, composé d’un pilote et d’un observateur, est installé en tandem dans la nacelle ouverte, l’observateur prenant place à l’avant pour une visibilité optimale lors des missions de reconnaissance. Le train d’atterrissage fixe se compose de deux roues principales sous la nacelle et de deux petites roues sous les poutres arrière, assurant une stabilité au sol. Les ailes biplans, dotées de trois paires de montants, offrent une envergure de 12,80 mètres, tandis que la longueur totale de l’appareil est de 8,82 mètres et la hauteur de 3 mètres. L’empennage est constitué de deux dérives verticales arrondies reliées par un plan horizontal, une caractéristique propre aux avions à double poutre de cette époque. L’armement se limite à une mitrailleuse de 7,5 mm montée à l’avant de la nacelle, permettant à l’observateur de défendre l’appareil en cas d’attaque. Cette configuration, bien que novatrice, présente des défis en termes de maniabilité et de performances, ce qui limitera l’efficacité opérationnelle du DH-1.
La performance du Häfeli DH-1
Le Häfeli DH-1 est propulsé par un moteur Argus As II, un six cylindres en ligne refroidi par liquide, développant 120 chevaux (environ 89 kW). Ce moteur, fabriqué sous licence en Suisse par la société Gebrüder Bühler AG, entraîne une hélice en bois bipale en configuration propulsive. Grâce à cette motorisation, le DH-1 atteint une vitesse maximale de 126 km/h, une performance respectable pour un avion de reconnaissance de l’époque. Le rayon d’action est d’environ 250 km, permettant des missions de reconnaissance en profondeur dans le territoire ennemi. Le plafond opérationnel est estimé à 3 000 mètres, offrant une certaine marge pour échapper à la défense anti-aérienne au sol. Cependant, le taux de montée est relativement modeste, avec environ 1,5 mètre par seconde, ce qui peut être un handicap lors des phases d’ascension rapide. La charge utile limitée et les performances en demi-teinte du DH-1 conduiront à son remplacement rapide par des modèles plus performants.

Les missions du Häfeli DH-1 au combat
Le Häfeli DH-1 est principalement conçu pour des missions de reconnaissance aérienne, visant à collecter des informations sur les positions et les mouvements ennemis. Intégré à la force aérienne suisse en 1916, il effectue des vols d’observation le long des frontières pour surveiller d’éventuelles incursions. Cependant, en raison de sa production limitée à six exemplaires et de ses performances modestes, son impact opérationnel reste restreint. Les accidents ayant entraîné la perte de trois appareils en moins d’un an limitent davantage son utilisation. Les missions réalisées par le DH-1 mettent en évidence les défis techniques et opérationnels de l’époque, notamment en termes de fiabilité et de performances en vol. Ces expériences influenceront le développement de futurs avions de reconnaissance suisses, comme le DH-3, qui bénéficiera des leçons tirées de l’exploitation du DH-1.
Un dernier mot
Le Häfeli DH-1 marque une étape fondatrice dans l’histoire de l’aviation militaire suisse, mais son service opérationnel fut bref et limité. À peine entré en service en 1916, il est retiré en 1919. Cette période correspond à la fin de la Première Guerre mondiale, mais la Suisse étant neutre, l’utilisation du DH-1 ne s’est pas faite dans des conflits ouverts. L’appareil a donc principalement servi pour des missions d’observation et d’entraînement.
Les performances du DH-1, jugées trop modestes, ont rapidement été considérées comme insuffisantes pour les besoins militaires croissants, même dans un contexte de neutralité. Le rayon d’action de 250 km, la vitesse limitée à 126 km/h et l’armement minimal ne permettaient pas une défense active ni une observation profonde et fiable face aux évolutions technologiques rapides des puissances européennes. Le concept de l’hélice en configuration propulsive, bien qu’intéressant pour la visibilité frontale et le tir, n’a pas convaincu sur le long terme à cause des contraintes aérodynamiques et mécaniques.
Le taux d’accidents élevé (trois appareils détruits sur six) a également entamé la confiance des opérateurs. Cela a contribué à sa mise au rebut rapide, malgré l’effort industriel fourni par les Ateliers fédéraux de Thoune et la société Bühler pour produire localement avion et moteur. Aucun exemplaire ne fut exporté, preuve d’un intérêt international limité.
L’échec partiel du DH-1 ne doit pas être interprété comme une impasse. Il a permis à l’ingénieur August Häfeli de développer des modèles suivants plus performants, comme le Häfeli DH-3, utilisé jusqu’en 1932. Cette évolution illustre un processus d’apprentissage rapide, dans un pays qui cherchait à construire une capacité aérienne indépendante, avec ses propres standards techniques et industriels.
L’histoire du Häfeli DH-1 est donc celle d’un projet pionnier aux ambitions modestes mais structurantes. Il n’a pas marqué durablement les performances militaires aériennes, mais a offert à la Suisse une première expérience dans la conception, la fabrication et l’exploitation d’un avion militaire.
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