Le Junkers J1 fut le premier avion monocoque entièrement métallique, conçu en 1915 par Hugo Junkers, préfigurant l’aviation moderne.
Le Junkers J1, développé en 1915 par Hugo Junkers, est le premier avion au monde à structure intégralement métallique. Conçu comme prototype, il ne fut jamais engagé en combat mais permit de démontrer la faisabilité de l’aviation tout-métal. Le J1 possédait un fuselage monocoque en tôle d’acier et un moteur Mercedes D.II de 120 ch, atteignant 177 km/h. Sa conception sans haubanage extérieur représentait une rupture nette avec les biplans en bois. Il vola pour la première fois en décembre 1915, mais resta un démonstrateur technologique. Il fut détruit en 1944 lors d’un bombardement allié à Munich.
L’historique du Junkers J1
Le Junkers J1 est issu d’un projet amorcé en 1915 par l’ingénieur allemand Hugo Junkers, alors professeur de thermodynamique. Son objectif était clair : construire un avion intégralement métallique, pour éviter les structures en bois et les haubanages extérieurs. Il s’agissait d’une démarche technique radicalement différente des standards de l’époque.
Le développement du J1 débuta après juillet 1915, à Dessau, au sein de Junkers & Co. L’entreprise reçut l’accord de l’administration militaire allemande pour créer un prototype biplace respectant un cahier des charges prévoyant une vitesse de croisière d’environ 130 km/h. Le projet devint rapidement un défi industriel, notamment en raison des difficultés liées à l’assemblage de tôles d’acier.
Le premier vol fut réalisé le 12 décembre 1915, mais un accident lors du test endommagea une aile. Ce contretemps retarda les essais jusqu’en janvier 1916. Les tests suivants montrèrent une stabilité correcte et une maniabilité jugée satisfaisante par les pilotes d’essai. L’avion atteignit une altitude de 80 mètres au cours des vols suivants.
Malgré ses qualités, le J1 ne fut jamais destiné à l’engagement militaire direct. Il servit uniquement de plateforme expérimentale pour démontrer la pertinence des structures métalliques dans l’aviation. Un seul exemplaire fut construit.
Le design du Junkers J1
Le design du Junkers J1 s’écarte radicalement des avions contemporains. Il s’agit d’un monoplan à aile médiane, doté d’un fuselage rectiligne aux contours angulaires. L’ensemble est entièrement réalisé en tôle d’acier, rivetée sur une structure métallique interne. Le revêtement n’avait aucune fonction portante, mais garantissait une meilleure durabilité face à l’humidité, aux chocs ou à l’usure.
L’aile principale est montée directement sur le fuselage, sans haubanage extérieur, ce qui réduisait la traînée. Le train d’atterrissage fixe, monté sur jambe rigide, repose sur deux roues principales. Le cockpit, ouvert, permettait l’installation d’un pilote seul, même si la version initiale avait été envisagée comme biplace.
Les dimensions de l’appareil sont les suivantes :
- Longueur : 8,63 mètres
- Envergure : 12,93 mètres
- Hauteur : 3,05 mètres
Le poids à vide était de 921 kg, pour une masse maximale au décollage de 1 080 kg. Ce rapport poids/structure était élevé, car l’acier utilisé alourdissait l’ensemble par rapport au bois. C’est l’un des éléments qui limitait les performances globales.
Le moteur installé était un Mercedes D.II, 6 cylindres en ligne, refroidi par eau, développant 89 kW (120 chevaux). Il entraînait une hélice bipale en bois montée à l’avant. Ce choix était classique, mais le positionnement du moteur dans une cellule métallique était nouveau à cette époque.

Les performances du Junkers J1
Malgré son poids important dû à l’acier, le Junkers J1 atteignait des performances honorables en 1915. La vitesse maximale enregistrée lors des essais fut de 177 km/h, ce qui plaçait l’appareil légèrement au-dessus des biplans de la même période, souvent limités à 150-160 km/h.
Le taux de montée, en revanche, restait modeste, avec une altitude de 80 mètres atteinte en janvier 1916 seulement, au cours de ses premiers vols réels. Cela s’explique par la densité élevée du fuselage métallique, qui pénalisait les capacités de grimpe, en comparaison des cellules bois-canvas plus légères.
L’autonomie estimée se situait autour de 300 à 350 kilomètres, mais elle n’a jamais été exploitée en opération. Le rayon d’action n’a jamais été mesuré précisément, car le J1 n’a pas fait l’objet de vols longue distance.
La manœuvrabilité fut jugée correcte, notamment en virage, grâce à la rigidité de la structure. Le comportement au décollage et à l’atterrissage était stable. Cependant, les conditions de visibilité depuis le cockpit ouvert restaient limitées en vol de croisière.
Le Junkers J1 ne fut jamais armé, n’intégra ni mitrailleuse ni armement embarqué. Il n’était donc pas conçu pour affronter d’autres appareils ou pour effectuer des missions d’attaque.
Les missions du Junkers J1 au combat
Le Junkers J1 n’a jamais été utilisé au combat. Il ne fut ni livré à l’armée impériale allemande, ni affecté à une escadrille. Son rôle était strictement expérimental. Aucun déploiement n’eut lieu sur le front de l’Ouest ou sur d’autres théâtres d’opérations de la Première Guerre mondiale.
Toutefois, son rôle dans l’histoire militaire reste indirect mais significatif. Le J1 permit à l’armée de valider la possibilité d’un aéronef tout-métal, en observant ses caractéristiques structurelles, son comportement en vol et son processus de fabrication. Ces données furent cruciales pour les développements ultérieurs, notamment ceux du Junkers J4 (ou J.I), un avion blindé biplace qui entra en service opérationnel en 1917.
Le J1 fut donc un prédécesseur technique, bien qu’il n’ait pas participé directement à la guerre. Sa contribution s’inscrit dans le cadre des essais industriels et des évaluations préliminaires, qui ont permis à Junkers de concevoir des appareils militaires opérationnels dans les années suivantes.
Un dernier mot
Le Junkers J1 est resté à l’état de prototype unique. Il n’a pas été produit en série, ni intégré dans les programmes militaires allemands. Après ses vols d’essai, l’appareil fut conservé à Munich, au Deutsches Museum, comme pièce de démonstration technologique.
Il y resta jusqu’en décembre 1944, où il fut détruit lors d’un bombardement allié. Aucun exemplaire n’a survécu. Son héritage se mesure aujourd’hui dans les évolutions techniques qu’il a permis d’initier. Il servit de transition vers le Junkers J4, puis vers les monoplans métalliques des années 1920 et 1930.
Le Junkers J1 marque une étape de rupture technologique, mais non une étape opérationnelle. Il a permis aux ingénieurs allemands d’anticiper l’abandon progressif du bois dans les cellules d’avion. À ce titre, il demeure un jalon précis de l’histoire de l’aviation militaire.
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