Lebed Type XII

Le Lebed Type XII fut un avion de reconnaissance russe produit en 1915, peu performant mais emblématique des limites de l’industrie aéronautique impériale.

Le Lebed Type XII est un avion russe de reconnaissance développé en 1915 par l’atelier Lebed à Saint-Pétersbourg. Conçu en pleine Première Guerre mondiale, il s’agit d’un biplan biplace, équipé d’un moteur Salmson de 150 chevaux. Il pouvait atteindre 135 km/h, voler jusqu’à 3 500 mètres et rester en vol 3 heures. La commande initiale de 400 exemplaires fut réduite à 225 unités, dont seulement 216 furent produits. Malgré des essais corrects, l’appareil souffrait de faiblesses structurelles et d’un manque de fiabilité moteur, le rendant peu adapté au front. Il fut affecté à quatre divisions aériennes russes, mais fut vite relégué à la formation des pilotes. Le Lebed Type XII incarne les limites industrielles de l’Empire russe dans l’aviation militaire face aux productions occidentales plus avancées.

L’historique du Lebed Type XII

Le Lebed Type XII apparaît dans un contexte de modernisation aérienne tardive du commandement impérial russe. Alors que les autres puissances disposaient d’industries aéronautiques déjà structurées, la Russie dépendait largement de modèles étrangers ou d’assemblages sous licence. Le bureau Lebed, implanté à Saint-Pétersbourg, avait jusque-là essentiellement reproduit des avions capturés ou construit des modèles britanniques tels que le Sopwith Tabloid.

En 1915, face à l’ampleur du conflit, l’état-major russe sollicite Lebed pour concevoir un appareil indigène de reconnaissance biplace, afin de limiter la dépendance aux importations. Le premier prototype est présenté en décembre 1915, équipé d’un moteur de 130 chevaux. Les essais initiaux, réalisés début 1916, valident globalement les performances de l’appareil.

Une commande initiale de 400 unités est signée en février 1916. Mais dès avril, elle est réduite à 225 exemplaires, en raison des problèmes techniques rencontrés. Il est alors décidé d’intégrer un moteur plus puissant de 150 chevaux, ce qui impose de nouvelles modifications structurelles. Les essais de la version révisée se prolongent jusqu’en octobre 1916, ce qui retarde considérablement la production.

Les premières livraisons opérationnelles ne débutent qu’en janvier 1917, dans un contexte de désorganisation militaire croissante liée à la situation politique intérieure russe. L’appareil, déjà en retrait sur le plan technologique, souffrira de ce retard tout au long de sa brève carrière.

Le design du Lebed Type XII

Le Lebed Type XII repose sur une configuration biplan conventionnelle à double plan fixe, inspirée des modèles allemands capturés. Sa structure bois et toile repose sur des longerons en bois et un fuselage renforcé par des tubes métalliques à l’arrière. Cette architecture, assez répandue en 1915, est toutefois déjà dépassée par certains modèles occidentaux plus robustes.

L’appareil accueille deux membres d’équipage en tandem : le pilote en cockpit avant, l’observateur à l’arrière sur une nacelle équipée d’une mitrailleuse Lewis de calibre 7,7 mm montée sur affût mobile. L’habitacle est ouvert et non protégé, exposant fortement les opérateurs aux intempéries et aux tirs ennemis.

Le train d’atterrissage, non rétractable, se compose de deux roues fixées sur jambe rigide, avec une béquille arrière. L’aile supérieure, plus large que l’inférieure, est reliée par des montants verticaux et câblages tendus. L’ensemble ne présente pas d’innovation aérodynamique notable.

Le moteur est installé en configuration tractrice à l’avant, entraînant une hélice bipale en bois. Il s’agit du Salmson 9, un moteur radial refroidi par eau, produit sous licence française, fournissant 150 chevaux (environ 112 kW). L’alimentation en carburant et le système de refroidissement restent rudimentaires, exposant l’appareil à des pannes fréquentes, parfois critiques.

Le poids à vide est estimé à environ 800 kg, pour une masse maximale au décollage proche de 1 200 kg. Le design, bien que fonctionnel, révèle une conception artisanale plus qu’industrielle, typique des productions russes de cette époque.

Lebed Type XII

Les performances du Lebed Type XII

Les performances du Lebed Type XII sont modestes, même pour un appareil de reconnaissance de la période 1915–1917. Sa vitesse maximale plafonne à 135 km/h, soit environ 84 mph, en dessous des modèles contemporains comme le Sopwith 1½ Strutter (160 km/h). La vitesse de croisière moyenne se situait autour de 115 km/h, ce qui le rendait vulnérable aux chasseurs ennemis.

Le plafond opérationnel est de 3 500 mètres, soit environ 11 500 pieds, suffisant pour certaines missions de reconnaissance mais insuffisant pour échapper aux tirs antiaériens à longue portée. L’autonomie maximale est de 3 heures de vol, soit une capacité opérationnelle limitée aux zones proches du front.

Le rapport poids/puissance (environ 8 kg par cheval) témoigne d’un manque d’efficacité globale, notamment en montée. Les premiers prototypes montraient une instabilité latérale, corrigée partiellement par des ajustements sur les dérives et les ailes.

L’armement standard se limitait à une seule mitrailleuse mobile, insuffisante pour faire face aux avions de chasse allemands, de plus en plus rapides et manœuvrants dès 1917. L’absence d’arme frontale limitait également la capacité d’auto-défense du pilote.

Les retours d’escadrilles signalent des problèmes fréquents d’incendies moteur, causés par une mauvaise isolation thermique autour du bloc Salmson. Les pannes mécaniques récurrentes participent au retrait progressif du modèle, jugé peu fiable en conditions opérationnelles.

Les missions du Lebed Type XII au combat

Le Lebed Type XII a été affecté principalement à des missions de reconnaissance visuelle et photographique sur le front Est, au sein de quatre divisions aériennes de l’armée impériale russe. Ses tâches comprenaient l’observation des mouvements de troupes ennemies, le repérage d’artillerie, la cartographie des lignes adverses et la liaison.

Déployé début 1917, l’appareil arrive sur le terrain au moment où les hostilités se complexifient, et où l’aviation allemande dispose déjà d’appareils supérieurs, tels que les Albatros D.III et Roland C.II, plus rapides, mieux armés et plus fiables.

Les performances du Type XII le rendent rapidement vulnérable. Plusieurs unités signalent une perte élevée d’appareils en mission, sans capacité réelle de riposte. Certains escadrons préfèrent l’utiliser uniquement en arrière-front ou en mission de jour, par ciel clair, pour limiter les risques. Son taux de survie sur mission active reste faible.

L’utilisation tactique du Type XII devient donc marginale dès la fin de l’année 1917. Il est peu utilisé pendant les dernières grandes offensives allemandes et se retrouve progressivement relégué à des rôles secondaires ou à l’entraînement des pilotes.

Aucune opération majeure ou offensive décisive ne peut être attribuée à son usage. L’appareil n’a pas non plus bénéficié d’un engagement structuré dans des missions de bombardement léger ou de soutien au sol.

Un dernier mot sur le Lebed Type XII

Le Lebed Type XII n’a pas marqué durablement l’histoire de l’aviation militaire russe. Sa production fut limitée à 216 exemplaires, dont 214 livrés à l’armée. Il fut rapidement remplacé de facto par des modèles étrangers, notamment les appareils Farman et Voisin fournis par la France.

Avec l’effondrement de l’armée impériale en 1917, l’appareil devient obsolète. Le peu d’exemplaires encore en état de vol sont utilisés pour la formation, puis transférés aux unités de la nouvelle armée de l’air soviétique après 1922.

Seul un exemplaire fut utilisé à l’étranger, en Estonie. Aucun ne fut préservé dans un musée.

Le Lebed Type XII illustre les limites de la filière aéronautique russe avant 1918, marquée par un retard industriel, des moyens techniques insuffisants et une faible capacité à tenir le rythme des évolutions technologiques du conflit.

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