Le Lloyd C.II fut un avion de reconnaissance biplan austro-hongrois employé dès 1915. Détails techniques, missions et fin de service.
Le Lloyd C.II est un avion de reconnaissance biplan utilisé par l’Empire austro-hongrois à partir de 1915. Conçu sur la base du Lloyd C.I, il intègre un moteur Hiero de 145 chevaux, une vitesse maximale de 129 km/h, une autonomie de 400 km et une altitude maximale de 3 000 m. L’appareil était armé d’une mitrailleuse Schwarzlose de 8 mm montée sur tourelle et d’une capacité d’embarquement de bombes de 90 kg. Au moins 100 exemplaires ont été produits. Il fut engagé sur le front italien et dans les Balkans. Moins performant que ses concurrents, il fut progressivement remplacé à partir de 1917.
L’historique du Lloyd C.II
Le Lloyd C.II a été développé pour répondre aux besoins de reconnaissance aérienne de l’armée austro-hongroise durant la Première Guerre mondiale. Il dérive directement du Lloyd C.I, prototype civil de 1914 adapté pour une utilisation militaire à l’entrée en guerre.
Ce modèle tire parti de l’expérience acquise par Lloyd-Werke dans la fabrication sous licence des avions de la Deutsche Flugzeug-Werke (DFW). Le C.II représente une évolution structurée du C.I, renforcée pour les opérations de front. Il est officiellement intégré aux unités opérationnelles dès 1915, avec une production initiale d’environ 100 appareils répartis entre les usines Lloyd et ses partenaires industriels.
Le Lloyd C.II s’inscrit dans la logique de standardisation des biplans à deux places servant à la fois pour l’observation, la cartographie et l’appui tactique léger. Il marque une transition entre les aéronefs de début de conflit encore peu armés et les modèles intégrant une protection défensive minimale.
Le modèle fut également employé par des unités polonaises, mais dans un cadre plus secondaire, souvent capturé et utilisé pour la formation des pilotes ou pour l’entraînement au sol après la guerre. L’appareil a connu une carrière relativement courte, concurrencé dès 1916 par des avions plus rapides et mieux protégés.
Le design du Lloyd C.II
Le Lloyd C.II est un biplan conventionnel avec une structure en bois, un revêtement en contreplaqué et toile, et un fuselage à parois plates. Il mesure 9 m de long pour une envergure de 14 m, avec une hauteur estimée à 3,2 m.
Le poste de pilotage est en tandem : le pilote à l’avant, l’observateur-armurier à l’arrière, tous deux installés en cockpit ouvert. Les ailes présentent un légère flèche vers l’arrière, sont décalées verticalement (staggered) et reliées par des montants parallèles et un réseau de câbles assurant la rigidité.
Le train d’atterrissage est fixe, simple, adapté aux terrains rudimentaires. L’empennage horizontal et vertical est de forme traditionnelle, avec des commandes par câbles.
L’armement initial du C.II était absent, mais dès le déploiement opérationnel, une mitrailleuse Schwarzlose de 8 mm est ajoutée sur une affûte semi-circulaire mobile, actionnée par l’observateur. La charge offensive secondaire permettait l’emport de bombes légères, jusqu’à 90 kg, larguées manuellement.
La conception globale du C.II révèle une volonté de simplicité constructive mais avec des compromis sur l’aérodynamique. Le fuselage anguleux et les ailes épaisses généraient une traînée importante, limitant la performance globale de l’appareil.

La performance du Lloyd C.II
Le Lloyd C.II est propulsé par un moteur Hiero de 145 chevaux (108 kW), un moteur 6 cylindres en ligne à refroidissement liquide, monté à l’avant. Il actionne une hélice bipale en bois à traction.
Les performances du C.II étaient modestes :
- Vitesse maximale : 129 km/h
- Rayon d’action : 400 km
- Plafond opérationnel : 3 000 m
- Taux de montée : 335 m/min
Ces caractéristiques, bien que correctes en 1915, deviennent rapidement obsolètes face aux avions de chasse ennemis, notamment les Nieuport français ou Albatros allemands plus rapides et mieux armés.
L’autonomie limitée et le plafond opérationnel rendaient certaines missions difficiles dans les zones montagneuses, comme sur le front italien. Le moteur, bien que fiable, avait une consommation élevée, limitant les missions longues.
Le poids à vide du C.II était de 760 kg, pour un poids maximal au décollage estimé à 1 180 kg. L’allongement des ailes et leur configuration inégale influençaient négativement la maniabilité en vol.
Son efficacité dépendait principalement de la coordination avec d’autres unités, notamment l’artillerie au sol pour l’observation indirecte, mais son rôle offensif restait limité.
Les missions du Lloyd C.II au combat
Le Lloyd C.II a principalement servi dans les missions de reconnaissance aérienne, de repérage d’artillerie et de surveillance de terrain sur les fronts italien, serbe et roumain. Il fut déployé dès 1915 au sein des Fliegerkompanien de l’armée austro-hongroise.
Sur le front italien, le C.II participait aux missions d’observation de vallée et aux repérages sur les positions ennemies dans les Alpes juliennes, malgré la difficulté liée au plafond de vol limité. Il était souvent la cible des premiers chasseurs monoplaces, qui le surpassaient en vitesse et en capacité d’interception.
En Balkans, l’appareil effectuait également des missions de liaison, de transport de messages, voire des bombardements de faible intensité sur des cibles ponctuelles (postes avancés, voies ferrées, entrepôts logistiques). Le largage de bombes se faisait manuellement, sans système de visée efficace.
La mitrailleuse arrière offrait une certaine défense, mais la protection globale de l’équipage restait faible. En combat, l’avion manquait de maniabilité et de vitesse pour échapper à une attaque ennemie.
Certaines unités signalèrent également l’usage du Lloyd C.II pour des missions de nuit à très basse altitude, bien que cela restât marginal. Dès 1916, son retrait progressif débute, remplacé par des modèles plus compétitifs comme le Lloyd C.III ou des appareils de meilleure puissance comme le Aviatik B.III.
Un dernier mot sur le Lloyd C.II
L’emploi du Lloyd C.II prend fin dès 1917, en raison de son obsolescence technique. Son remplacement progressif par le Lloyd C.III puis le C.IV, dotés de moteurs Austro-Daimler de 160 chevaux, traduit une tentative d’amélioration des performances.
Le Lloyd C.III, bien que mieux motorisé, n’apportait que peu de gain en autonomie et était toujours vulnérable. Le C.IV, avec une envergure légèrement augmentée, reste peu produit (48 unités).
Après guerre, les quelques C.II capturés par la Pologne sont utilisés comme avions-écoles jusqu’en 1920, avant leur retrait définitif du service.
Le Lloyd C.II reste aujourd’hui un exemple typique des avions utilitaires de 1915, utiles pour les premières opérations aériennes mais vite dépassés. Sa conception reste marquée par une production simple mais peu évolutive, ce qui limita son emploi dans la durée.
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