Le Lohner B.VII fut un avion de reconnaissance biplace utilisé par l’Empire austro-hongrois dès 1915, avant d’être supplanté en 1917.
Le Lohner B.VII est un avion de reconnaissance biplace conçu pour l’aviation impériale austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale. Mis en service dès août 1915, il constituait l’évolution aboutie des premières séries Lohner B. Doté d’un moteur Austro-Daimler de 110 à 120 kW (150 à 160 ch), il assurait une autonomie de 6 heures, avec une capacité de vol à 15 km/h de montée verticale à 1,8 m/s. Bien que conçu sans armement fixe, certains exemplaires furent modifiés pour accueillir une mitrailleuse mobile arrière. Avec une envergure de 15,4 mètres, le B.VII offrait une stabilité correcte pour les missions de reconnaissance sur le front italien et adriatique. Il fut progressivement remplacé dès 1917 par des modèles plus performants, comme le Lohner C.I, mieux armé et mieux motorisé.
L’historique du Lohner B.VII
Le Lohner B.VII s’inscrit dans une lignée d’aéronefs développés par Jakob Lohner Werke AG, une entreprise autrichienne spécialisée dans les véhicules terrestres et aériens. Avant la guerre, cette firme développe le Lohner B.I, un avion d’observation non armé à deux places. Dès 1914, les évolutions successives du B.I (jusqu’au B.VI) visent à améliorer la motorisation, la stabilité en vol et la portée.
Le B.VII apparaît en 1915 comme une version plus aboutie du concept, avec un moteur Austro-Daimler de 150 ou 160 ch, une structure renforcée et une meilleure endurance. À cette époque, l’Empire austro-hongrois cherche à standardiser ses appareils de reconnaissance, face aux besoins croissants sur le front italien. 73 exemplaires du B.VII sont construits entre 1915 et 1916, exclusivement par Lohner à Vienne.
Le rôle principal du B.VII est la reconnaissance à longue portée, mais l’appareil est parfois adapté pour des missions de bombardement léger ou d’observation navale. En parallèle, les ingénieurs développent une version armée, le Lohner C.I, qui entre en service en 1916.
L’arrivée de nouveaux avions ennemis, plus rapides et mieux armés (notamment des modèles italiens et français), réduit rapidement la pertinence du B.VII en première ligne. À partir de 1917, il est progressivement retiré du service opérationnel, remplacé par des avions mieux adaptés aux nouvelles conditions du conflit.

Le design du Lohner B.VII
Le Lohner B.VII reprend la configuration classique des biplans du début du conflit. Il se compose de deux ailes décalées à double baies, renforcées par des mats parallèles. L’aile inférieure présente un dièdre positif, tandis que l’aile supérieure est montée plus en avant et plus haute.
L’appareil mesure environ 7,9 mètres de long, avec une envergure de 15,4 mètres (50 pieds 6 pouces). La cellule est réalisée en bois et toile, avec un fuselage à flancs droits, se terminant par une empennage classique. Le poste de pilotage est tandem, le pilote à l’avant, l’observateur à l’arrière. Celui-ci peut être équipé d’une mitrailleuse mobile sur affût annulaire, bien que le B.VII soit officiellement désigné comme non armé.
Le moteur Austro-Daimler 6 cylindres en ligne refroidi par liquide est monté en position avant, sans capot moteur. Il entraîne une hélice bipale en bois. Ce moteur développe entre 110 et 120 kW selon les versions. En revanche, l’implantation du moteur gêne partiellement la visibilité frontale du pilote.
Le train d’atterrissage est fixe, avec deux roues principales montées sur jambe de force et un patin arrière. La masse à vide est estimée à environ 780 kg, avec une masse maximale au décollage proche de 1 150 kg. La charge utile inclut jusqu’à 80 kg de bombes, soit environ 180 livres, disposées sous le fuselage.
L’ensemble de ces caractéristiques confère au B.VII une bonne stabilité et une autonomie correcte, au prix d’une vitesse relativement faible et d’un blindage nul.
La performance du Lohner B.VII
Le Lohner B.VII n’était pas conçu pour les performances offensives mais pour l’endurance et la fiabilité. Son vitesse maximale atteignait environ 110 km/h, ce qui le rendait vulnérable face aux avions de chasse ennemis dès 1916.
Sa vitesse ascensionnelle était modeste : environ 1,8 m/s, soit 350 pieds/minute. Cette performance limitait son usage en altitude, notamment en zone montagneuse. Le plafond opérationnel restait aux alentours de 3 000 à 3 500 mètres.
En revanche, son principal atout restait son autonomie. Il pouvait rester en vol jusqu’à 6 heures, ce qui le rendait particulièrement adapté aux missions de reconnaissance longue distance ou de surveillance maritime. Cette capacité permettait de couvrir efficacement les fronts du Trentin ou de la mer Adriatique, zones d’engagement prioritaire pour l’aviation austro-hongroise.
Le rayon d’action estimé, selon les conditions de charge, dépassait 300 km, un chiffre significatif pour un appareil non motorisé au-delà de 160 ch.
Enfin, bien que le B.VII n’ait pas été conçu pour des missions d’attaque, sa capacité d’emport de bombes de 80 kg permettait des frappes ponctuelles sur cibles au sol ou en mer, souvent contre des dépôts logistiques ou des petites unités navales.

Les missions du Lohner B.VII au combat
Le Lohner B.VII a principalement servi à partir de l’été 1915, dans des missions de reconnaissance aérienne, de cartographie des lignes ennemies, et d’observation d’artillerie. Il est déployé dans les unités de l’Aviation impériale et royale austro-hongroise (K.u.K. Luftfahrtruppen), notamment sur le front italien et dans le secteur adriatique.
Dans les Alpes juliennes et sur le front du Trentin, le B.VII effectue des survols à moyenne altitude pour repérer les mouvements de troupes italiennes. Il est également utilisé pour corriger les tirs d’artillerie austro-hongroise, en transmettant les coordonnées des cibles.
En mer Adriatique, le B.VII surveille les mouvements de la marine italienne et signale les convois maritimes ou les petits bâtiments côtiers. Quelques opérations de bombardement léger sont recensées, souvent sur des entrepôts de munitions ou des positions retranchées.
Cependant, l’arrivée rapide de chasseurs ennemis plus rapides, notamment les Nieuport 11 ou SPAD VII, rend le B.VII vulnérable. Sans armement standardisé ni blindage, il devient une cible facile dès la seconde moitié de 1916. Certains équipages équipent leur appareil d’une mitrailleuse Lewis ou Schwarzlose, mais ces montages restent improvisés.
Les performances modestes du B.VII ont limité ses résultats offensifs, mais sa longue autonomie lui a permis d’être utile dans des rôles de second plan jusqu’à son retrait en 1917.
Un dernier mot
Le Lohner B.VII fut un appareil de transition dans l’aviation militaire austro-hongroise. Il a rempli ses missions sans excès mais avec une certaine fiabilité opérationnelle, notamment sur les fronts secondaires. Dès 1917, il est remplacé par des modèles plus puissants et armés comme le Lohner C.I ou les avions construits sous licence tels que les UFAG C.I.
La disparition du B.VII des premières lignes s’explique par son vitesse faible, son armement limité, et son incapacité à affronter les avions ennemis plus récents. Son retrait progressif marque la fin des avions de reconnaissance non armés dans l’aviation austro-hongroise.
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