Le LVG C.II fut un avion de reconnaissance et de bombardement léger allemand, utilisé dès 1915. Il marqua les premières attaques sur Londres.
Le LVG C.II est un avion biplan allemand utilisé pendant la Première Guerre mondiale. Développé en 1915 par Luft-Verkehrs-Gesellschaft (LVG), il s’agit d’un dérivé armé du LVG B.II, optimisé pour les missions de reconnaissance et de bombardement léger. Équipé d’un moteur Mercedes D.III de 160 chevaux, il atteignait 130 km/h et un plafond de 4 000 m. Son autonomie atteignait 4 heures, un atout pour les vols de surveillance longue durée. Il fut le premier avion à bombarder Londres avec des bombes de 10 kg. Son armement comprenait une mitrailleuse Parabellum MG14 de 7,92 mm pour l’observateur, parfois complétée par une LMG 08/15 fixe à l’avant. Environ 300 exemplaires furent construits avant d’être remplacés. L’avion offrait une bonne visibilité au pilote et un poste arrière efficace pour la défense.
L’historique du LVG C.II
Le LVG C.II est issu de la transition entre les avions de reconnaissance non armés et les appareils dotés d’un armement défensif. Conçu par la société Luft-Verkehrs-Gesellschaft à partir de 1915, il est le prolongement direct du LVG B.II, biplace sans armement offensif.
Le développement du C.II s’inscrit dans le besoin de moderniser les avions de reconnaissance allemands, face à l’évolution rapide des combats aériens. Le positionnement du pilote à l’avant et de l’observateur à l’arrière (sur tourelle annulaire) permettait une meilleure répartition des fonctions en vol, contrairement aux configurations antérieures inversées.
L’avion fut introduit au cours de l’année 1915 sur les fronts de l’Ouest et de l’Est. Il s’agissait alors d’un des premiers appareils allemands conçus dès l’origine pour intégrer un armement, et non d’une adaptation secondaire. Ce changement marqua une évolution tactique importante : les missions de reconnaissance ne pouvaient plus se passer d’autodéfense.
Le LVG C.II eut un rôle particulièrement marquant lorsqu’un exemplaire effectua un raid aérien sur Londres le 28 novembre 1915, larguant plusieurs bombes à proximité de la gare Victoria. C’était la première fois qu’un avion à voilure fixe bombardait la capitale britannique. L’équipage fut cependant capturé après un atterrissage forcé près de Boulogne, consécutif à une panne moteur.
La production du C.II est estimée à 300 unités. Elle fut répartie entre les usines de LVG et les sites sous-traitants comme Otto Werke et Schütte-Lanz, afin de répondre aux besoins croissants du front.

Le design du LVG C.II
Le LVG C.II repose sur une architecture biplan classique à double baie, typique des productions allemandes de 1915. La cellule était construite en bois recouvert de toile, avec un fuselage fuselé à flancs plats. L’avant était légèrement caréné autour du moteur, bien que le radiateur et le réservoir demeuraient partiellement visibles.
L’appareil mesurait environ 7,85 m de longueur, avec une envergure de 12,8 m et une hauteur de 3,2 m. La surface alaire atteignait environ 40 m², favorisant la portance mais limitant la vitesse.
L’empennage vertical était de taille réduite, en forme arrondie, associé à des plans horizontaux classiques. Le train d’atterrissage fixe, composé de deux grandes roues et d’un patin de queue, assurait une bonne stabilité au sol.
L’ergonomie du cockpit tenait compte des fonctions : le pilote à l’avant bénéficiait d’une vue dégagée vers l’avant, bien qu’entravée par le radiateur. L’observateur à l’arrière, équipé d’une mitrailleuse Parabellum MG14 de 7,92 mm montée sur affût mobile, pouvait couvrir l’axe arrière et latéral.
Sur les versions ultérieures, une mitrailleuse LMG 08/15 fixe de 7,92 mm fut ajoutée pour le pilote, répondant à l’évolution de la guerre aérienne.
Le système de propulsion reposait sur un moteur Mercedes D.III, 6 cylindres en ligne refroidis par liquide, d’une puissance de 160 chevaux (environ 120 kW). L’hélice bipale en bois entraînée en traction permettait un fonctionnement simple et fiable, mais avec des performances limitées en altitude.
Les performances du LVG C.II
Le LVG C.II affichait des performances équilibrées pour un avion de reconnaissance de 1915. Sa vitesse maximale atteignait 130 km/h, ce qui le plaçait dans la moyenne haute pour les appareils de sa catégorie.
Le moteur Mercedes D.III, malgré sa puissance modérée, garantissait une endurance de 4 heures, essentielle pour les missions de reconnaissance profonde. Cette autonomie permettait des vols prolongés sur des secteurs stratégiques, sans ravitaillement.
Le plafond opérationnel atteignait 4 000 m, avec des sources évoquant ponctuellement des vols jusqu’à 5 000 m. Cette altitude suffisait pour échapper à l’artillerie légère anti-aérienne et offrait une marge de sécurité face aux chasseurs ennemis, encore rares en 1915.
La charge utile pour le bombardement restait limitée : l’appareil pouvait emporter environ 60 kg de bombes, souvent réparties en 6 bombes de 10 kg fixées sous les ailes. Cela suffisait pour des cibles d’opportunité comme des gares, dépôts ou tranchées.
Le LVG C.II n’avait pas vocation à engager le combat offensif. Ses capacités défensives reposaient sur la mitrailleuse arrière mobile, parfois renforcée par une arme fixe à l’avant. Cette configuration préfigurait les futurs biplans de coopération comme les DFW C.V ou Halberstadt CL.II.
Le rapport poids/puissance restait raisonnable : poids à vide de 730 kg, masse maximale au décollage de 1 150 kg, soit un ratio de 7,2 kg/ch. Cela suffisait pour des performances stables mais sans supériorité.

Les missions du LVG C.II au combat
Le LVG C.II fut principalement utilisé dans des missions de reconnaissance photographique, d’observation d’artillerie et de bombardement léger. Il opérait sur les fronts de l’Ouest, de l’Est et en Macédoine.
Son rôle premier était d’assurer la surveillance des lignes ennemies, notamment avant les offensives. Il emportait des appareils de photographie aérienne pour cartographier les réseaux de tranchées, les infrastructures logistiques et les mouvements de troupes.
L’appareil servait également à corriger les tirs d’artillerie, grâce à la radio ou à des signaux visuels. Ces missions, longues et exposées, expliquent l’importance de l’autonomie et de la visibilité.
Le raid du 28 novembre 1915 sur Londres reste l’action la plus connue. Six bombes furent larguées près de la gare Victoria, visant en réalité des bâtiments gouvernementaux. Cette opération démontra la capacité de l’Allemagne à frapper au cœur du Royaume-Uni, bien que l’impact tactique ait été limité. L’appareil fut perdu au retour.
Sur le front, les LVG C.II furent utilisés en duos ou trios, souvent escortés par des chasseurs de type Fokker Eindecker. Leur efficacité dépendait largement de la qualité de l’équipage, notamment pour la photographie et la coordination avec les unités au sol.
Les pertes étaient fréquentes : malgré son armement, le C.II restait vulnérable aux chasseurs rapides et aux tirs anti-aériens. Son manque de manœuvrabilité et sa faible vitesse rendaient l’évasion difficile en cas d’alerte.
Un dernier mot sur la fin du service du LVG C.II
L’entrée en service du LVG C.II fut brève mais significative. Dès 1916, il commença à être remplacé par des modèles plus modernes comme le LVG C.IV, doté d’un moteur de 220 chevaux et d’une structure plus solide.
Les limites de performances du C.II, en particulier sa vitesse et sa charge utile, furent rapidement dépassées par l’évolution du conflit. D’autres appareils comme le DFW C.V prirent le relais, mieux adaptés aux nouvelles conditions du front.
Cependant, le LVG C.II conserva une place dans les unités de second plan jusqu’en 1917, notamment pour des missions d’instruction et des vols de liaison.
Son emploi permit de structurer les doctrines de reconnaissance aérienne allemande, avec une configuration biplace standardisée, armement défensif arrière, et rôle de coopération interarmes.
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