Martinsyde G-series (Elephant)

Analyse technique et historique du Martinsyde G-series (Elephant), bombardier léger britannique de la Première Guerre mondiale.

Le Martinsyde G-series, surnommé “Elephant”, était un avion britannique de la Première Guerre mondiale, initialement conçu comme chasseur mais réaffecté en bombardier léger en raison de sa taille et de sa maniabilité limitée. Deux variantes principales ont été produites : le G.100 avec un moteur de 120 ch et le G.102 avec un moteur de 160 ch. Utilisé principalement par le Royal Flying Corps et l’Australian Flying Corps, l’Elephant a servi sur les fronts français et moyen-oriental, effectuant des missions de bombardement et de reconnaissance jusqu’à son remplacement par des avions plus performants en 1917.

L’historique du Martinsyde G-series (Elephant)

Le Martinsyde G-series, communément appelé “Elephant”, est un avion britannique développé pendant la Première Guerre mondiale. Conçu par la société Martinsyde Ltd, fondée en 1908 par H.P. Martin et George Handasyde, l’Elephant a été initialement pensé comme un chasseur à long rayon d’action. Cependant, en raison de sa taille imposante et de sa maniabilité limitée, il a rapidement été reclassé en tant que bombardier léger de jour.

Le prototype du G.100 a effectué son premier vol à l’automne 1915, propulsé par un moteur Austro-Daimler de 120 chevaux. La production en série a débuté peu après, avec l’adoption d’un moteur Beardmore de 120 chevaux pour les premiers modèles. Environ 100 exemplaires du G.100 ont été construits.

Face aux limitations du G.100, notamment en termes de puissance et de performances, Martinsyde a développé une version améliorée, le G.102, équipé d’un moteur Beardmore de 160 chevaux. Cette variante a été produite à 171 exemplaires.

Le surnom “Elephant” lui a été attribué par les pilotes en raison de sa taille imposante et de sa maniabilité réduite, caractéristiques peu adaptées aux missions de chasse. Cependant, sa capacité à transporter une charge utile significative et son autonomie en ont fait un bombardier efficace pour l’époque.

Le G-series a été principalement utilisé par le Royal Flying Corps (RFC) et l’Australian Flying Corps (AFC), opérant sur les fronts français et moyen-oriental. Il a servi dans diverses missions, notamment le bombardement de cibles ennemies et la reconnaissance aérienne, jusqu’à son retrait progressif du service actif en 1917, remplacé par des avions plus performants.

Martinsyde G-series (Elephant)

Le design du Martinsyde G-series (Elephant)

Le Martinsyde G-series présente une configuration biplan classique de l’époque, avec des ailes égales en envergure et décalées, soutenues par des mâts et des haubans. La structure est principalement en bois, recouverte de toile, ce qui était courant pour les avions de cette période.

Le fuselage, de forme rectangulaire, abrite un cockpit ouvert situé derrière l’aile supérieure, offrant au pilote une visibilité limitée vers l’avant. Le train d’atterrissage est fixe, composé de deux roues principales et d’une béquille arrière.

Le G.100 est propulsé par un moteur Beardmore de 120 chevaux, tandis que le G.102 est équipé d’un moteur Beardmore de 160 chevaux. Ces moteurs entraînent une hélice bipale en bois. L’armement standard comprend une mitrailleuse Lewis de calibre 7,7 mm montée sur l’aile supérieure, tirant au-dessus du disque de l’hélice. Une seconde mitrailleuse Lewis, orientée vers l’arrière, est parfois installée sur le côté gauche du fuselage, derrière le pilote.

L’avion peut emporter une charge de bombes allant jusqu’à 120 kg, suspendues sous le fuselage. Cette capacité de charge, combinée à une autonomie de vol de plusieurs heures, en fait un bombardier léger efficace pour des missions de moyenne portée.

Malgré sa conception robuste, le G-series souffre d’une maniabilité limitée, ce qui le rend moins adapté aux combats aériens rapprochés. Cependant, sa stabilité en vol et sa capacité à transporter une charge utile en font un appareil précieux pour les missions de bombardement et de reconnaissance.

La performance du Martinsyde G-series (Elephant)

Le Martinsyde G.100, équipé d’un moteur Beardmore de 120 chevaux, atteint une vitesse maximale d’environ 153 km/h au niveau de la mer. Son plafond opérationnel est de 4 270 mètres, avec une autonomie de vol d’environ 5 heures et demie. Le G.102, avec son moteur de 160 chevaux, offre une vitesse maximale légèrement supérieure, atteignant 174 km/h, mais avec une autonomie réduite à environ 4 heures et demie en raison de la consommation accrue de carburant.

La capacité d’emport de bombes est identique pour les deux variantes, avec une charge maximale de 120 kg. Cette charge est généralement composée de petites bombes, adaptées aux missions de bombardement tactique.

En termes de performances, le G-series est considéré comme inférieur aux chasseurs contemporains en raison de sa maniabilité limitée et de sa vitesse modeste. Cependant, sa stabilité en vol et son autonomie en font un appareil adapté aux missions de reconnaissance et de bombardement de jour.

Le taux de montée est relativement lent, avec un temps estimé de 16 minutes pour atteindre une altitude de 3 000 mètres. Cette performance limite l’efficacité du G-series en mission offensive rapide. Il n’était pas conçu pour la montée en flèche ou l’évasion rapide, ce qui le rendait vulnérable face aux chasseurs allemands comme l’Albatros D.III. Néanmoins, son autonomie de près de 725 km (soit environ 450 miles) offrait un rayon d’action supérieur à celui de nombreux appareils contemporains.

La charge utile maximale, bien qu’assez modeste, permettait au Martinsyde G-series (Elephant) de s’acquitter de missions de bombardement ciblé sur les positions d’artillerie, les voies ferroviaires ou les concentrations de troupes. Cette spécialisation, combinée à une certaine solidité en vol, a contribué à sa reconnaissance comme bombardier léger fiable, malgré l’échec de son concept initial de chasseur longue portée.

En matière de maniabilité, les témoignages des pilotes indiquent une réponse lente aux commandes latérales et un rayon de virage large, ce qui l’empêchait d’affronter efficacement des avions plus agiles. En revanche, sa plateforme stable était bien adaptée pour le vol à moyenne altitude et les missions prolongées.

Les modèles ultérieurs comme le G.102 ont légèrement amélioré les performances, mais le bond technologique attendu n’a pas suffi à combler l’écart avec les appareils de nouvelle génération produits par Sopwith ou Bristol. Ainsi, le Martinsyde G-series, bien que dépassé dès 1917, a offert une solution temporaire mais utile à une période où les bombardiers tactiques fiables étaient encore peu nombreux dans l’arsenal britannique.

Les missions du Martinsyde G-series (Elephant) au combat

Le Martinsyde G-series (Elephant) a vu le combat principalement entre 1916 et la fin de l’année 1917, dans un contexte de guerre aérienne encore en structuration. Conçu à l’origine pour des missions de chasse et d’escorte, il a été rapidement relégué à des opérations de bombardement léger de jour, pour lesquelles il montrait de meilleures aptitudes.

Le Royal Flying Corps (RFC) a intégré le G.100 dès l’été 1916, avec une concentration importante dans les escadrilles déployées sur le front occidental. Son rayon d’action lui permettait de frapper des cibles à l’arrière des lignes allemandes, telles que des dépôts de munitions, des nœuds ferroviaires ou des positions logistiques.

En Égypte et en Palestine, le No. 1 Squadron de l’Australian Flying Corps (AFC) a employé le G-series dans des missions de soutien terrestre et de harcèlement contre les troupes ottomanes. Ces opérations ont montré l’utilité du G-series dans des contextes où la supériorité aérienne ennemie était moindre, et où les conditions climatiques exigeaient des avions robustes et endurants. L’appareil pouvait ainsi effectuer des reconnaissances stratégiques et appuyer l’avancée des troupes alliées dans des zones désertiques.

Sur le théâtre européen, les faiblesses du G-series sont apparues plus nettement. Son incapacité à se défendre efficacement en combat aérien, associée à sa silhouette imposante, le rendait vulnérable aux chasseurs allemands. Pour limiter les pertes, il a été progressivement retiré des unités de première ligne dès la fin de 1917, au profit de bombardiers plus modernes comme le Airco DH.4.

Malgré ces limites, le G-series a accompli des missions de bombardement tactique et de reconnaissance avec régularité. On recense au total 15 escadrilles du RFC ayant été équipées avec le G.100 ou le G.102, certaines opérant en France, d’autres en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient.

L’Elephant a également permis l’entraînement des équipages sur des missions longues et complexes, contribuant à la montée en compétence des forces aériennes britanniques. Ses missions ont donc, au-delà de leur efficacité directe, participé à structurer l’emploi des bombardiers légers dans la doctrine tactique britannique.

Martinsyde G-series (Elephant)

Un dernier mot

Le Martinsyde G-series (Elephant) est progressivement retiré des premières lignes à la fin de 1917. Cette décision est motivée par l’évolution rapide des technologies aéronautiques pendant la Première Guerre mondiale, qui rend l’appareil obsolète face aux nouvelles générations de bombardiers et de chasseurs.

Son remplacement s’opère principalement par le Airco DH.4, un biplan bimoteur beaucoup plus rapide (jusqu’à 230 km/h), avec une meilleure capacité de défense grâce à un mitrailleur arrière intégré dans un poste dédié. Le DH.4 peut également emporter une charge de bombes deux fois supérieure, avec une autonomie similaire, ce qui en fait un successeur logique.

Le G-series ne disparaît pas totalement en 1918. Plusieurs appareils sont relégués à des tâches secondaires : entraînement avancé, liaison ou essais techniques. Quelques unités sont encore visibles dans certaines missions de surveillance côtière, notamment au sein de formations d’entraînement du RFC. Cependant, son rôle opérationnel actif s’éteint avec l’année 1918.

Sur le plan industriel, la production totale du G-series reste modeste : 100 unités pour le G.100, 171 pour le G.102, soit 271 exemplaires au total. Ce chiffre reflète une transition rapide dans les priorités de production vers des avions plus performants.

L’histoire du Martinsyde G-series (Elephant) illustre bien les tâtonnements technologiques et stratégiques des premières années de guerre aérienne. Son échec dans le rôle de chasseur longue portée est compensé par une carrière plus utile comme bombardier tactique. Il reste donc une étape technique importante dans la structuration de l’aviation militaire britannique, sans avoir pour autant marqué durablement l’histoire opérationnelle.

Retour sur la section WARBIRDS.