Le Morane-Saulnier Type N fut un avion de chasse français de 1915, rapide mais difficile à piloter, produit en 49 exemplaires.
Le Morane-Saulnier Type N est un avion de chasse monoplane français utilisé dès 1915 pendant la Première Guerre mondiale. Conçu autour d’un moteur rotatif Le Rhône 9C de 81 kW (110 chevaux), il affichait une conception aérodynamique novatrice pour son époque. Il disposait d’une aile haute, d’un train fixe à deux roues et d’un cockpit ouvert. Son armement reposait sur une mitrailleuse de calibre .303, tirant à travers l’hélice grâce à un système de déflecteurs métalliques. Malgré ses qualités, il était instable en vol, difficile à poser, et sa production fut limitée à 49 unités. Il servit en France, au Royaume-Uni et en Russie impériale. Rapidement dépassé par des modèles plus efficaces, il fut retiré du front. Cet appareil reste un exemple de transition entre aviation pionnière et chasseurs plus évolués.
L’historique du Morane-Saulnier Type N
Le Morane-Saulnier Type N est apparu en 1915, en réponse à la nécessité d’un avion de chasse plus rapide et maniable sur le front occidental. Il s’inscrit dans la continuité des travaux de la société Morane-Saulnier, active depuis 1911. Le Type N se distingue par sa volonté d’alléger les structures et d’optimiser la finesse aérodynamique, ce qui marque une rupture avec les biplans encore nombreux en début de conflit.
Le développement du Type N correspond à une période où l’aviation militaire évolue rapidement, notamment avec l’apparition des premiers véritables chasseurs monoplaces. Jusqu’alors, les avions étaient surtout utilisés pour l’observation et le réglage de l’artillerie. Le besoin de protéger ces appareils a conduit à la conception de chasseurs capables d’intercepter leurs homologues adverses.
Le premier vol du Type N a lieu au début de l’année 1915. L’appareil est alors intégré aux unités françaises sous la désignation MS.5C.1. Il est également livré en petit nombre à la Royal Flying Corps britannique et au service aérien impérial russe. Les Britanniques le surnomment “Bullet”, en raison de sa forme fuselée et de son capot moteur pointu.
Seulement 49 exemplaires du Type N seront construits, ce qui témoigne de son statut d’appareil de transition. Il est rapidement remplacé en escadrille par des modèles plus stables, plus puissants et mieux armés comme le Nieuport 11 ou le SPAD VII.
Le Morane-Saulnier Type N reste cependant un jalon important dans la progression technique de l’aviation de chasse, notamment par son emploi de solutions aérodynamiques avancées et d’une intégration partielle de l’armement dans le flux d’hélice.

Le design du Morane-Saulnier Type N
Le Morane-Saulnier Type N est un monoplan à aile haute, caractérisé par une cellule étroite et un fuselage très épuré. Il s’agit d’un appareil de conception légère, optimisée pour la pénétration dans l’air.
L’élément distinctif de l’appareil réside dans son grand cône d’hélice métallique, destiné à dévier le flux d’air et à améliorer le comportement aérodynamique. Ce cône s’est toutefois révélé source de surchauffe moteur, et fut retiré dans la majorité des unités opérationnelles.
Le moteur Le Rhône 9C, de type rotatif, développe 110 chevaux (81 kW). Il occupe l’avant du fuselage, entraînant une hélice bipale en bois. Le système de refroidissement par air est direct, sans radiateur.
L’appareil mesure environ 6,45 mètres de long, avec une envergure de 8,15 mètres et une hauteur de 2,3 mètres. Son poids à vide est de 356 kg, et son poids maximal au décollage atteint 500 kg.
Le poste de pilotage est ouvert, situé immédiatement derrière le moteur, sans verrière ni capot. Un simple pare-brise protège le pilote des projections d’huile ou de poussières. L’instrumentation est réduite au strict minimum : tachymètre, altimètre, compas.
Les ailes ne sont pas équipées d’ailerons, mais utilisent la technique de gauchissement, méthode héritée des frères Wright. Cette solution rend le pilotage plus délicat, notamment en virage.
Le train d’atterrissage est constitué de deux roues à jantes pleines fixées sur une structure tubulaire, avec une béquille arrière en bois. Ce train fixe ne dispose d’aucune suspension amortie, ce qui complique les phases de roulage et d’atterrissage.
Les performances du Morane-Saulnier Type N
Les performances du Morane-Saulnier Type N reflètent ses choix techniques orientés vers la légèreté et la vitesse.
L’avion peut atteindre une vitesse maximale de 148 km/h, ce qui le place parmi les chasseurs les plus rapides de sa génération en 1915. Sa vitesse de croisière est estimée à 130 km/h, avec une autonomie limitée à 330 kilomètres. Le plafond pratique atteint 4 000 mètres, soit une altitude suffisante pour la plupart des missions de chasse et d’interception de l’époque.
Le taux de montée est correct, avec environ 4,5 mètres par seconde dans les premiers 1 000 mètres. Toutefois, la machine perd en efficacité au-delà de 3 000 mètres, notamment à cause de la faible puissance du moteur en altitude.
L’armement se compose d’une seule mitrailleuse de calibre .303 (7,7 mm), montable en version Vickers ou Hotchkiss. Elle est synchronisée de manière rudimentaire par un dispositif de déflecteurs en acier placés sur l’hélice. Cette solution, développée par Raymond Saulnier, permet le tir en ligne directe sans que les balles détruisent l’hélice. Néanmoins, le rendement de tir reste irrégulier, et le système est mécaniquement limité.
Le Morane-Saulnier Type N est également réputé difficile à piloter. Sa vitesse d’atterrissage élevée, combinée au gauchissement des ailes, impose une grande expérience du pilote. Plusieurs accidents sont documentés, notamment lors des phases d’approche.

Les missions du Morane-Saulnier Type N au combat
Le Morane-Saulnier Type N a été engagé dès l’été 1915 sur le front occidental, principalement au sein de l’Armée de l’Air française. Il est affecté à des escadrilles de chasse et utilisé pour l’interception et la défense locale contre les avions de reconnaissance allemands.
Il participe à des patrouilles de protection des ballons d’observation, des missions d’escorte et des interceptions de biplans allemands comme les Aviatik ou les Albatros B.I. Toutefois, sa capacité à engager un combat tournoyant est limitée.
Quelques unités sont également livrées à la Royal Flying Corps, où il est utilisé de manière expérimentale mais abandonné au profit du Nieuport 10, plus stable. En Russie, les pilotes du Service aérien impérial constatent les mêmes limites et remettent l’appareil à l’arrière pour l’entraînement.
Les résultats opérationnels sont mitigés : la vitesse en ligne droite est bonne, mais le rayon de virage est trop large, le pilotage peu intuitif, et l’armement insuffisant. Le Type N subit des pertes significatives, souvent sans engagement direct, mais lors des manœuvres ou de l’atterrissage.
Il n’a pas marqué de succès tactiques significatifs. Sa contribution est avant tout pionnière, préparant le terrain pour des chasseurs mieux conçus.
Un dernier mot sur le Morane-Saulnier Type N
Le Morane-Saulnier Type N est progressivement retiré du front dès début 1916. Son remplacement se fait par le Nieuport 11, plus maniable et mieux armé. Les unités restantes sont reléguées à des missions de formation ou retraitées des escadrilles de combat.
Sa production reste faible, limitée à 49 unités, ce qui confirme son statut d’appareil de transition technologique. Il ne sera jamais modernisé ni décliné en variantes significatives.
L’expérience acquise avec le Type N contribue cependant à l’évolution des modèles ultérieurs, notamment le Morane-Saulnier Type I et les premiers chasseurs SPAD. Il permet également d’éprouver en vol le concept de tir à travers l’hélice, bientôt remplacé par les systèmes de synchronisation allemands plus fiables.
Le Type N incarne ainsi une étape nécessaire dans le développement de l’aviation de chasse, mais il reste en retrait face aux modèles plus aboutis apparus dès 1916.
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