Le Nieuport 16, chasseur français de 1916, marque une étape clé dans l’évolution aéronautique de la Première Guerre mondiale.
Le Nieuport 16, conçu en 1916, représente une amélioration du Nieuport 11 avec un moteur plus puissant. Bien qu’il ait connu une utilisation limitée, il a servi de transition vers des modèles plus avancés. Son armement comprenait une mitrailleuse Lewis et des roquettes Le Prieur pour attaquer les ballons d’observation. Malgré ses performances accrues, il souffrait d’une maniabilité réduite en raison de son nez lourd. Utilisé par plusieurs forces aériennes, dont la France, la Grande-Bretagne et la Russie, il a été rapidement remplacé par le Nieuport 17. Le Nieuport 16 a néanmoins joué un rôle important dans l’évolution des chasseurs pendant la Première Guerre mondiale.
L’historique du Nieuport 16
Le Nieuport 16, introduit début 1916, est une évolution directe du Nieuport 11, surnommé « Bébé ». Conçu par Gustave Delage, il visait à améliorer les performances en intégrant un moteur Le Rhône 9J de 110 chevaux (environ 82 kW), contre 80 chevaux pour son prédécesseur. Cette augmentation de puissance répondait à la nécessité de contrer les nouveaux appareils allemands plus performants.
Le premier vol du Nieuport 16 a eu lieu fin 1915, et il a été mis en service au début de 1916. Bien qu’il ait été rapidement remplacé par des modèles plus avancés, il a été utilisé par plusieurs forces aériennes, notamment la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, la Russie et l’Italie. En Russie, certains exemplaires ont été construits sous licence par l’usine Dux.
Le Nieuport 16 a été principalement utilisé comme chasseur, mais aussi pour des missions d’escorte et d’attaque de ballons. Il a été équipé de roquettes Le Prieur pour attaquer les ballons d’observation allemands. Cependant, son service a été de courte durée en raison de l’arrivée rapide du Nieuport 17, qui offrait de meilleures performances et une maniabilité accrue.
Le design du Nieuport 16
Le Nieuport 16 est un biplan sesquiplan, c’est-à-dire que son aile inférieure est plus petite que l’aile supérieure. Cette configuration, soutenue par des montants en V, offrait une bonne visibilité vers le bas et une structure légère. La cellule était principalement en bois, recouverte de toile, avec une structure renforcée à l’avant pour supporter le moteur plus puissant.
Le fuselage mesurait environ 5,64 mètres de long, avec une envergure de 7,52 mètres et une hauteur de 2,40 mètres. Le poids à vide était de 375 kg, et le poids maximal au décollage atteignait 570 kg. Le train d’atterrissage fixe était simple, avec deux roues principales et un patin arrière.
Le moteur Le Rhône 9J, un rotatif à 9 cylindres, était monté à l’avant, entraînant une hélice bipale en bois. La capote moteur en forme de fer à cheval était ouverte vers le bas pour faciliter le refroidissement. Un appuie-tête a été ajouté derrière le cockpit pour améliorer le confort du pilote.
L’armement standard comprenait une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm montée au-dessus de l’aile supérieure, tirant au-dessus du disque de l’hélice. Certains exemplaires ont été équipés d’une mitrailleuse Vickers synchronisée, tirant à travers l’hélice, mais cette configuration rendait l’avion plus lourd à l’avant, affectant sa maniabilité.

Les performances du Nieuport 16
Le Nieuport 16, propulsé par un moteur Le Rhône 9J de 110 chevaux (environ 82 kW), atteignait une vitesse maximale de 165 km/h. Cette performance représentait une amélioration par rapport au Nieuport 11, mais l’augmentation de poids à l’avant rendait l’avion plus difficile à manœuvrer.
Le taux de montée était d’environ 3,5 mètres par seconde, permettant d’atteindre une altitude de 3 000 mètres en environ 14 minutes. L’autonomie était limitée, avec une endurance de vol d’environ 1,5 à 2 heures, en fonction des conditions de vol et de la charge utile.
La maniabilité du Nieuport 16 était inférieure à celle de son prédécesseur en raison de la charge accrue sur l’aile et du centre de gravité avancé. Cependant, il conservait une bonne vitesse ascensionnelle et une stabilité acceptable pour les missions de chasse et d’attaque de ballons.
L’armement principal, une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm montée au-dessus de l’aile supérieure, permettait un tir dégagé, mais son accès était difficile en vol pour recharger ou dégager les incidents. L’ajout de roquettes Le Prieur augmentait la capacité offensive contre les ballons d’observation, mais ajoutait du poids et de la traînée, réduisant les performances globales.
Les missions du Nieuport 16 au combat
Dès sa mise en service début 1916, le Nieuport 16 a été utilisé pour trois types de missions principales : le combat aérien, l’escorte de bombardiers légers, et l’attaque de ballons d’observation ennemis. Ces rôles répondaient à une urgence opérationnelle : contrer les Fokker Eindecker qui avaient imposé la suprématie aérienne allemande fin 1915.
Sur le front occidental, les premiers escadrons français à recevoir le Nieuport 16 ont été ceux ayant opéré avec le Nieuport 11. Des pilotes comme Georges Guynemer ou Charles Nungesser ont brièvement volé sur cet appareil avant de passer au modèle suivant. Son moteur plus puissant permettait de grimper plus rapidement pour intercepter des avions de reconnaissance allemands, bien que les limites de manœuvrabilité aient été rapidement identifiées.
Le Nieuport 16 s’est illustré dans la lutte contre les ballons d’observation allemands, souvent fortement protégés par la DCA et la chasse ennemie. Les roquettes Le Prieur, montées par groupes de quatre sous chaque aile, permettaient d’enflammer ces cibles stationnaires à distance. L’efficacité de ces roquettes était toutefois limitée : leur portée était faible (quelques centaines de mètres) et leur trajectoire imprécise.
Le Royal Flying Corps britannique a également utilisé le Nieuport 16, notamment dans les escadrilles de chasse stationnées dans le nord de la France. Des unités comme le No. 1 Squadron ou le No. 11 Squadron ont brièvement aligné des Nieuport 16 avant de les remplacer par des Sopwith Pup ou des Nieuport 17.
En Russie, l’appareil a été produit localement par l’usine Dux. Ces avions ont servi sur le front de l’Est, dans des conditions climatiques difficiles. Leur emploi a souvent été limité par le manque de pièces de rechange et de personnel formé, mais ils ont été utilisés pour des missions de reconnaissance armée et des patrouilles défensives.
Si le Nieuport 16 n’a pas brillé par une longévité opérationnelle élevée, il a toutefois comblé un vide critique durant les premiers mois de 1916. Son déploiement a permis d’assurer une certaine continuité tactique avant l’arrivée de modèles plus efficaces comme le Nieuport 17 ou le SPAD VII.
Un dernier mot
L’entrée en service du Nieuport 17 à l’été 1916 a rapidement condamné le Nieuport 16 à un retrait progressif. Le modèle 17 offrait une cellule plus robuste, une meilleure maniabilité et la possibilité d’emporter une mitrailleuse synchronisée sans déséquilibre aérodynamique aussi marqué. Ainsi, en moins de six mois, le Nieuport 16 a été relégué à des unités d’entraînement ou à des missions secondaires.
Le défaut principal du Nieuport 16 résidait dans son centrage trop avancé dû à l’adjonction du moteur plus lourd. Ce déséquilibre rendait le pilotage exigeant, surtout lors des virages serrés ou à basse vitesse. Les pilotes expérimentés pouvaient en tirer un certain avantage grâce à une meilleure vitesse ascensionnelle, mais les pertes mécaniques et les accidents restaient fréquents.
Les exemplaires non détruits ou réformés ont été transférés à des écoles de pilotage, notamment en France et au Royaume-Uni. Dans ces contextes, le Nieuport 16 servait à former les pilotes à la gestion d’un moteur rotatif plus puissant avant leur passage sur des appareils de première ligne.
Le retrait définitif du Nieuport 16 a eu lieu courant 1917. À cette date, les progrès techniques avaient rendu obsolète sa conception initiale. L’aviation de chasse s’orientait vers des appareils plus stables, plus rapides, et surtout capables d’emporter un armement plus fiable et mieux intégré à la cellule.
Malgré son rôle transitoire, le Nieuport 16 reste un jalon significatif dans l’évolution de la chasse aérienne pendant la Grande Guerre. Il a permis d’introduire des innovations (moteur de 110 ch, roquettes Le Prieur, synchronisation expérimentale) qui seront reprises et améliorées par ses successeurs.
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