Le Pfalz E.I fut l’un des premiers chasseurs allemands de 1915, conçu par Pfalz Flugzeugwerke sur la base du Morane-Saulnier H.
Le Pfalz E.I est un chasseur monoplane allemand de 1915, dérivé sous licence du Morane-Saulnier Type H français. Construit par Pfalz Flugzeugwerke, il marque l’entrée de l’entreprise dans la production de chasseurs armés. Propulsé par un moteur rotatif Oberursel U.0 de 80 chevaux, il est équipé d’une mitrailleuse LMG 08/15 de 7,92 mm synchronisée. Son armature est en bois avec ailes montées à l’épaule. Employé principalement pour l’escorte et la reconnaissance rapide, il fut brièvement actif sur le front occidental et lors de la campagne du Sinaï. Seulement 27 exemplaires furent construits. Le Pfalz E.I est rapidement dépassé, cédant la place à des modèles plus performants.
L’historique du Pfalz E.I
Le Pfalz E.I apparaît dans un contexte où l’aviation militaire allemande se structure face à la montée en puissance des forces aériennes alliées. En 1913, l’entreprise Pfalz Flugzeugwerke est créée à Speyer pour fournir des appareils au service aérien bavarois. Dès 1914, l’Empire allemand entre en guerre, et l’industrie aéronautique doit produire en urgence des avions de combat.
Avant même la guerre, Pfalz obtient les droits de licence des Morane-Saulnier Type H et L, deux monoplans français à ailes hautes. Le Pfalz E.I est directement inspiré de ces appareils. Il en conserve la silhouette et les caractéristiques générales, mais y ajoute des éléments adaptés aux standards allemands, notamment l’armement synchronisé.
La certification militaire du E.I intervient en septembre 1915. Deux unités sont mises en service dès le mois suivant. La production reste limitée : 27 exemplaires sont construits jusqu’au printemps 1916, date à laquelle l’appareil cesse progressivement d’être utilisé. Il s’agit donc d’un modèle de transition, dans une phase encore expérimentale de la guerre aérienne allemande.
L’intérêt historique du Pfalz E.I repose sur sa fonction de précurseur. Il constitue le premier chasseur armé produit par Pfalz Flugzeugwerke, qui deviendra plus tard l’un des principaux fournisseurs de chasseurs biplans comme les Pfalz D.III et Pfalz D.XII. Le E.I marque une tentative d’adaptation rapide aux nouveaux impératifs du combat aérien, dans un contexte de changement technologique rapide.
Le design du Pfalz E.I
Le Pfalz E.I adopte une configuration monoplane à ailes hautes directement inspirée du Morane-Saulnier Type H. La cellule est construite essentiellement en bois, avec un revêtement entoilé. Seule la partie avant, autour du moteur, reçoit des éléments métalliques.
Les ailes rectangulaires sont montées à mi-hauteur du fuselage et maintenues par un réseau de câbles reliés à des mâts fixés au-dessus et au-dessous du fuselage. L’envergure est d’environ 9,2 mètres, pour une longueur totale de 6,3 mètres. La masse à vide atteint 322 kg, tandis que la masse maximale au décollage avoisine les 500 kg.
Le moteur est un Oberursel U.0, version allemande du Gnome Lambda rotatif français. Ce moteur à 7 cylindres rotatifs développe 59 kW (80 chevaux). Il est monté à l’avant, avec un capot arrondi en aluminium, typique des constructions de cette époque. L’hélice bipale en bois est entraînée directement.
L’habitacle est ouvert, situé juste derrière le moteur. L’avion repose sur un train d’atterrissage fixe à roues principales renforcées, et une béquille arrière en bois. Le plan de queue comprend une dérive verticale unique et un stabilisateur horizontal monté bas.
L’équipement standard comprend une mitrailleuse LMG 08/15 Spandau de 7,92 mm, montée sur le capot moteur et synchronisée pour tirer à travers l’hélice à l’aide d’un mécanisme d’interruption mécanique. Cette configuration représente une avancée significative à l’époque. Dans certaines missions de reconnaissance, l’armement pouvait être supprimé pour alléger l’appareil.

La performance du Pfalz E.I
Le Pfalz E.I n’était pas conçu pour la supériorité technique. Son rôle principal était l’escorte aérienne et la reconnaissance rapide, plus que l’interception.
Avec son moteur de 80 chevaux, le E.I atteignait une vitesse maximale de 130 km/h. Son plafond opérationnel était d’environ 3 500 mètres. Le taux de montée était modeste, avec 1 000 mètres atteints en environ 10 minutes.
L’autonomie restait faible : le réservoir permettait un temps de vol de 1 h 30, soit environ 200 km de rayon d’action pratique. Ce rayon réduit limitait son usage à des missions locales, sur le front ou en appui tactique.
Les performances de vol étaient médiocres comparées à celles des Fokker E.I, E.III ou à certains appareils alliés. Le pilotage était jugé instable à haute vitesse et les performances en virage étaient limitées. La structure en bois et le câblage exposé nuisaient à la solidité à long terme. Par ailleurs, le manque de blindage exposait fortement le pilote.
Son armement unique lui permettait d’intercepter des avions d’observation, mais il restait en difficulté face à des chasseurs mieux motorisés. Certains exemplaires furent désarmés pour remplir des missions de reconnaissance rapide, rôle dans lequel leur légèreté offrait un avantage partiel.
Les missions du Pfalz E.I au combat
Le Pfalz E.I est engagé principalement à partir de fin 1915 sur le front occidental. Sa principale fonction était l’escorte des avions d’observation, notamment les avions Rumpler ou Albatros utilisés pour le repérage des positions ennemies. En parallèle, il assurait des interceptions ponctuelles contre des appareils alliés volant à basse altitude.
Le E.I participe aussi à des missions de reconnaissance rapide, seul ou en binôme, grâce à son profil léger. Cette polyvalence, bien que théorique, est compromise par la faiblesse de ses performances en altitude ou face à des Fokker plus avancés.
En 1916, plusieurs unités sont envoyées en Palestine, dans le cadre de la campagne du Sinaï. Les Pfalz E.I y sont utilisés dans un environnement moins saturé en aviation ennemie. Le climat chaud réduisait encore la performance moteur, mais l’absence de chasseurs performants dans cette zone permettait au E.I d’être utile en soutien aux troupes terrestres.
Cependant, aucun succès tactique majeur ne peut être attribué à ce modèle. Le faible armement et la lenteur relative l’ont rendu obsolète très tôt. Aucun E.I n’est cité dans les grands combats aériens de la période, et peu d’unités allemandes le réclamaient en dotation.
Le bilan opérationnel du Pfalz E.I reste donc limité et secondaire dans l’histoire des engagements aériens de la Première Guerre mondiale.
Un dernier mot sur la fin de service du Pfalz E.I
Le Pfalz E.I est retiré progressivement du service dès mi-1916, remplacé par des appareils plus performants comme les Fokker E.III ou les premiers biplans Albatros D.I. Ces avions offraient une meilleure vitesse, une meilleure maniabilité, et des structures plus robustes.
L’échec relatif du E.I n’est pas uniquement technique. Il reflète aussi la difficulté d’adapter un modèle civil français à l’évolution rapide de la guerre aérienne. Pfalz apprend cependant de cette expérience et entame le développement de ses propres modèles biplans.
Dès 1917, l’entreprise produit des chasseurs plus aboutis, comme les Pfalz D.III à moteur Mercedes D.III de 160 chevaux, utilisés massivement jusqu’à 1918. Le E.I reste donc une étape transitoire, sans effet stratégique, mais utile pour structurer la production militaire allemande naissante.
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