Royal Aircraft Factory F.E.2

Le Royal Aircraft Factory F.E.2, biplan à moteur propulsif, fut un acteur essentiel du front aérien britannique de 1915 à 1918.

Le Royal Aircraft Factory F.E.2 fut un avion britannique à moteur propulsif utilisé entre 1914 et 1918. Conçu comme chasseur et appareil de reconnaissance, il joua un rôle central pendant la période dite du Fokker Scourge. Son architecture biplan en tandem, avec un observateur armé à l’avant et un pilote à l’arrière, répondait aux contraintes techniques de l’époque. Plusieurs versions furent produites, notamment les modèles F.E.2b et F.E.2d. Moins performant que les appareils à hélice tractrice, il fut progressivement redéployé pour des missions de bombardement de nuit. Plus de 2 300 exemplaires furent construits. Il fut notamment impliqué dans la destruction de plusieurs dirigeables et la perte du pilote allemand Max Immelmann.

L’historique du Royal Aircraft Factory F.E.2

Le Royal Aircraft Factory F.E.2 trouve ses origines dans le F.E.1, prototype conçu en 1910 par Geoffrey de Havilland, alors influencé par les travaux des frères Farman. Dès son intégration à la Royal Aircraft Factory, De Havilland adapte ce concept vers un appareil militaire opérationnel. Une première version du F.E.2 vole en 1911, mais l’appareil est rapidement remplacé par des versions redessinées.

L’enjeu, en 1914, est de proposer un appareil capable de contrer les premières offensives aériennes allemandes, en particulier face aux monoplans Fokker armés de mitrailleuses synchronisées. En l’absence de technologie équivalente, le concept du moteur en position propulsive, c’est-à-dire installé à l’arrière du fuselage, permet de placer l’armement à l’avant sans interférer avec une hélice frontale.

La première série réellement opérationnelle fut le F.E.2a, produit à partir de 1915. Ce modèle fut limité à douze exemplaires. Rapidement remplacé par le F.E.2b, cet appareil devint l’un des piliers de l’aviation britannique jusqu’en 1917. L’introduction du F.E.2d, avec un moteur plus puissant, prolongea sa présence sur le front, malgré des performances déclinantes face aux nouveaux chasseurs ennemis. Le Royal Flying Corps exploita ce modèle dans plusieurs missions clés, notamment durant la Battle of the Somme.

Avec plus de 2 300 unités produites entre 1915 et 1918, le F.E.2 figure parmi les avions les plus diffusés du conflit, témoignant de la transition rapide entre avions de reconnaissance et avions de chasse.

Le design du Royal Aircraft Factory F.E.2

Le F.E.2 repose sur une architecture biplan à cellule ouverte, avec un fuselage court en bois recouvert de toile, typique des constructions britanniques de l’époque. Sa particularité principale est le moteur en configuration propulsive, monté entre les ailes supérieures et inférieures, derrière le poste du pilote.

Le choix de cette configuration répondait à l’absence de mécanisme de tir synchronisé. Elle permettait à l’observateur, placé à l’avant du fuselage, d’opérer une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm, avec un large champ de tir frontal et latéral. Le pilote, situé en position surélevée derrière l’observateur, bénéficiait d’une visibilité correcte, malgré les haubans et la structure biplan.

L’appareil mesurait 9,8 mètres de long, pour une envergure de 14,5 mètres. Son poids à vide était d’environ 900 kg, avec une masse maximale au décollage de 1 400 kg. Le train d’atterrissage fixe se composait de deux roues principales et d’un patin arrière.

L’armement secondaire comprenait parfois une seconde mitrailleuse Lewis montée sur l’aile supérieure, orientée vers l’arrière. L’observateur devait alors se lever pour l’utiliser, augmentant considérablement les risques. Certains modèles comportaient même une troisième arme fixe orientée vers l’avant, manipulée directement par le pilote.

Les moteurs variaient selon les versions. Le F.E.2b utilisait un Beardmore de 120 ch, puis un 160 ch. Le F.E.2d fut équipé d’un Rolls-Royce Eagle de 250 ch, offrant une poussée notablement supérieure. Le système de refroidissement par radiateur frontal restait exposé, rendant l’appareil vulnérable aux tirs.

Malgré son caractère peu aérodynamique, l’avion avait une structure robuste. Il était relativement simple à réparer, critère important dans les conditions de terrain du conflit.

Royal Aircraft Factory F.E.2

La performance du Royal Aircraft Factory F.E.2

Les performances du F.E.2, dès son entrée en service, étaient déjà limitées par sa conception propulsive. La vitesse maximale du F.E.2b atteignait environ 145 km/h, avec une autonomie de 3 heures. Son plafond opérationnel s’élevait à 3 300 mètres, suffisant pour les premières missions de reconnaissance ou d’interception de dirigeables.

Le F.E.2d, avec son moteur Rolls-Royce Eagle de 250 ch, atteignait environ 160 km/h. L’amélioration restait modeste face aux nouveaux chasseurs allemands comme l’Albatros D.III qui dépassait les 175 km/h.

L’avion était peu manœuvrable en combat rapproché. Son architecture frontale, pourtant avantageuse pour le champ de tir, générait une forte traînée. L’absence de blindage, combinée à la position exposée du moteur et du pilote, augmentait la vulnérabilité de l’équipage.

La capacité offensive reposait principalement sur la précision de l’observateur et sur la coordination avec le pilote. Les charges utiles, notamment pour les bombardements nocturnes, pouvaient atteindre 90 kg de bombes, souvent larguées manuellement.

L’efficacité du F.E.2 ne résidait donc pas dans ses performances pures, mais dans sa capacité à répondre temporairement à un vide technologique. L’aviation britannique ne possédait alors ni avions monoplans performants, ni armes synchronisées.

Les missions du Royal Aircraft Factory F.E.2 au combat

Le F.E.2 entra en service actif en 1915 au sein du Royal Flying Corps. Il participa aux combats de la Fokker Scourge, période durant laquelle les chasseurs allemands équipés de mitrailleuses synchronisées dominaient le ciel. Grâce à son armement frontal libre, le F.E.2 fut l’un des rares appareils alliés capables de riposter efficacement.

L’appareil fut utilisé pour des missions de patrouille, d’escorte, de reconnaissance photographique et d’attaque au sol. Il fut engagé dans la Battle of Loos, la Battle of the Somme et la Battle of Arras. Il opéra également des missions d’interception de dirigeables Zeppelin, en particulier en 1916-1917.

Le F.E.2 fut crédité de la chute de plusieurs appareils allemands, dont celle du célèbre Max Immelmann, bien que l’armée allemande contesta cette attribution. Ses principales unités utilisatrices furent les squadrons 20, 25, 100 et 101 du RFC.

À partir de 1917, l’avion fut principalement affecté à des missions de bombardement nocturne, ciblant les infrastructures logistiques allemandes en Flandre et dans le nord de la France. Malgré ses lacunes, sa stabilité en vol lent et sa simplicité de maintenance en faisaient une plateforme adaptée à ces opérations.

Un dernier mot sur le Royal Aircraft Factory F.E.2

Le Royal Aircraft Factory F.E.2 fut progressivement retiré du front à partir de mi-1917. L’arrivée de nouveaux modèles tels que le Sopwith Camel ou le Airco DH.4 rendit son emploi obsolète dans les combats diurnes. Il continua cependant ses missions de nuit jusqu’à la fin de 1918.

Son architecture à moteur propulsif fut abandonnée dans les développements ultérieurs, en raison de ses limites techniques et de sa vulnérabilité structurelle. Il reste un jalon dans l’évolution des appareils armés biplaces, illustrant les contraintes technologiques rencontrées par les ingénieurs de l’époque.

Sa production dépassa 2 300 unités, ce qui en fait l’un des appareils les plus construits du conflit. Il laisse une trace spécifique dans l’histoire de l’aviation militaire britannique par son rôle transitoire entre reconnaissance, chasse et bombardement.

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