Avion de reconnaissance biplan du début de la Première Guerre mondiale, le Rumpler B.I a servi au sein de la Luftstreitkräfte et de la marine impériale allemande.
Le Rumpler B.I, avion de reconnaissance biplan conçu en 1914 par Rumpler Flugzeugwerke, a été employé par la Luftstreitkräfte et la Kaiserliche Marine. Il était non armé, destiné à l’observation aérienne et au repérage d’artillerie. Propulsé par un moteur Mercedes D.I ou Benz Bz.III, il atteignait 145 km/h et disposait d’un équipage de deux hommes. Environ 224 exemplaires furent construits, dont 26 hydravions. Il fut également livré à l’Empire ottoman. Deux variantes principales furent produites : B.I 4A (terrestre) et B.I 4B (hydravion). Sa conception simple mais robuste en fit un outil utile dans les premiers mois du conflit, avant d’être dépassé par des modèles mieux motorisés et armés. Il fut progressivement retiré au profit des séries C, mieux adaptées au combat aérien. Son emploi cessa avant la fin de la guerre.
L’historique du Rumpler B.I
Le Rumpler B.I est issu du besoin croissant de reconnaissance aérienne au début du conflit de 1914-1918. Il s’inscrit dans la série des premiers aéronefs produits par Rumpler Flugzeugwerke, entreprise fondée en 1909 à Berlin par l’ingénieur Edmund Rumpler.
L’appareil effectue son premier vol en 1914 et est rapidement adopté par la Luftstreitkräfte, l’armée de l’air impériale allemande. À cette époque, les appareils de reconnaissance sont essentiels pour l’orientation des tirs d’artillerie, l’observation des lignes ennemies et l’évaluation des mouvements de troupes.
En tout, environ 224 à 225 exemplaires sont produits, répartis entre 198 avions terrestres et 26 hydravions destinés à la Kaiserliche Marine. Quelques unités sont exportées vers l’Empire ottoman, alors allié de l’Allemagne. Le Rumpler B.I est l’un des premiers modèles entièrement conçus en interne par l’usine, rompant avec les premières copies de l’Etrich Taube.
La production s’étend sur une période restreinte, de 1914 à 1915, avant que des modèles plus puissants et armés ne prennent le relais, comme ceux de la série Rumpler C, dotés de mitrailleuses et de moteurs plus performants.
Le B.I reste cependant l’un des premiers aéronefs à structurer la doctrine de reconnaissance aérienne allemande. Son développement correspond à une étape intermédiaire avant l’introduction de modèles de combat plus avancés.

Le design du Rumpler B.I
Le Rumpler B.I adopte une configuration biplan conventionnelle, avec deux ailes inégales reliées par des mats parallèles et un système de câbles de tension. L’ensemble est organisé selon un schéma twin-bay, permettant une meilleure rigidité structurelle tout en conservant une masse réduite.
L’envergure atteint 13,0 mètres, la longueur 8,4 mètres, et la hauteur 3,05 mètres. Le fuselage est constitué de bois et toile, monté sur une structure en longerons et nervures renforcées. Le poste de pilotage est disposé en tandem : le pilote à l’avant, l’observateur à l’arrière, tous deux en cockpits ouverts sans protection.
L’appareil repose sur un train d’atterrissage fixe à roues, renforcé par des jambes en V inversé. L’empennage est de type classique avec plans en goutte d’eau et un patin arrière pour les manœuvres au sol.
Le moteur est installé à l’avant du fuselage, légèrement caréné, entraînant une hélice bipale en bois. Le B.I ne dispose d’aucune arme embarquée. Cette absence limite ses possibilités de défense, mais correspond à son rôle strictement passif d’observation.
L’aérodynamisme reste rudimentaire, mais adapté à l’époque. Le faible poids et la bonne visibilité à bord permettent des vols à basse altitude et une observation directe du terrain, un atout pour les premières missions de repérage.
La performance du Rumpler B.I
Le Rumpler B.I est initialement motorisé par un Mercedes D.I à 6 cylindres en ligne, refroidi par liquide, d’une puissance de 100 ch (74 kW). Certains modèles ultérieurs, comme le B.I 4A14 ou le 4B2, reçoivent un Benz Bz.III de 150 ch (110 kW), permettant d’améliorer modérément les performances.
La vitesse maximale atteint 145 km/h avec le moteur le plus puissant. Le plafond opérationnel avoisine les 3 000 mètres, suffisant pour éviter la plupart des tirs d’infanterie, mais exposant l’appareil aux tirs antiaériens. Le taux de montée est estimé à 2,5 m/s.
L’autonomie de vol dépasse les 3 heures, grâce à une consommation modérée de carburant et à la faible charge embarquée. Le rayon d’action pratique se situe autour de 200 à 250 km, selon les conditions météo et le profil de la mission.
Le poids à vide est de 740 kg, pour une masse maximale au décollage de 1 050 kg. La charge utile reste limitée, composée essentiellement d’instruments d’observation, de cartes et de moyens de communication (lampes, signaux, appareils photographiques rudimentaires).
L’absence d’armement offensif rend le B.I vulnérable aux attaques, ce qui limitera sa durée d’utilisation sur le front. En comparaison, des appareils concurrents comme le Sopwith 1½ Strutter ou le Voisin III affichent des performances similaires, mais bénéficient d’une meilleure protection ou d’un armement défensif.

Les missions du Rumpler B.I au combat
Le Rumpler B.I est utilisé essentiellement pour des missions de reconnaissance aérienne, au-dessus des lignes françaises, belges et russes, dès août 1914. Son emploi se concentre sur les repérages d’artillerie, les cartographies de terrain et l’observation des mouvements ennemis.
En l’absence de radars et de systèmes de repérage automatisés, la reconnaissance visuelle constitue l’un des rares moyens fiables pour obtenir une vision du front. Le Rumpler B.I permet aux officiers d’état-major de planifier des offensives ou de corriger les trajectoires d’artillerie lourde.
Sur le front de l’Ouest, les B.I effectuent des vols réguliers au-dessus des tranchées françaises, souvent à moins de 2 000 mètres d’altitude, ce qui les rend parfois vulnérables à la DCA légère ou aux interceptions. Leur manque d’armement les oblige à éviter tout engagement avec les chasseurs ennemis.
Sur le front de l’Est, leur rôle s’étend à la reconnaissance de grande profondeur, en terrain plus mobile. L’Empire ottoman utilise également quelques exemplaires pour surveiller les zones du Caucase, du Levant et de la Mésopotamie.
Cependant, dès 1915, l’inefficacité du B.I face aux premières patrouilles armées pousse l’état-major à privilégier les avions de la série C, dotés d’un armement défensif, d’un moteur plus puissant, et d’une meilleure survivabilité.
Le B.I reste néanmoins un outil fondamental dans l’initiation des doctrines d’observation aérienne tactique, et dans l’organisation des premières escadrilles de reconnaissance au sein de la Luftstreitkräfte.
Un dernier mot sur la fin de carrière du Rumpler B.I
L’utilisation du Rumpler B.I décline progressivement dès fin 1915, avec l’introduction de modèles plus performants. Les avions de reconnaissance armée C.I et C.IV, également produits par Rumpler, remplacent rapidement le B.I dans les escadrilles opérationnelles.
Les exemplaires encore en service sont affectés à l’entraînement des observateurs et pilotes. Quelques unités servent encore en 1916, mais à des fins secondaires.
À l’issue du conflit, certains appareils sont revendus ou cédés à des pays tiers. Le Danemark en récupère plusieurs pour son aviation militaire. Aucun autre utilisateur significatif ne se manifeste.
La fin du B.I reflète les limites de l’aéronautique militaire de 1914. Non armé, sous-motorisé, il devient obsolète face à l’évolution rapide des tactiques aériennes. Toutefois, il constitue une étape importante dans l’histoire des avions de reconnaissance biplans, par sa contribution aux premières missions de renseignement aérien systématisées.
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