Avion de reconnaissance biplan du front occidental, le Rumpler C.I fut essentiel aux opérations de l’aviation allemande entre 1915 et 1918.
Le Rumpler C.I est un avion de reconnaissance biplan allemand mis en service en 1915. Conçu par Rumpler Flugzeugwerke, il était utilisé par la Luftstreitkräfte pour l’observation, la photographie aérienne, l’appui tactique et la défense légère. Doté d’un moteur Mercedes D.III de 160 chevaux, il atteignait 150 km/h et une altitude opérationnelle de 5 000 mètres. Son armement comprenait une mitrailleuse Parabellum MG14 de 7,92 mm et, dans certaines versions, une LMG 08/15 synchronisée pour le pilote. Il servit jusqu’en 1918, y compris au sein de l’aviation ottomane. Après-guerre, il fut encore utilisé par la Pologne, la Lettonie et la Yougoslavie.
L’historique du Rumpler C.I
Le Rumpler C.I a été introduit dans un contexte de transition stratégique au début de la Première Guerre mondiale. À cette époque, l’aviation militaire passait du simple repérage visuel à une utilisation tactique plus structurée. Edmund Rumpler, ingénieur austro-hongrois installé en Allemagne, fonda Rumpler Flugzeugwerke en 1909. Il débuta par la production sous licence du Etrich Taube, avant de concevoir ses propres appareils.
Le Rumpler C.I, mis en service en 1915, s’inscrivait dans la série des avions dits C, utilisés pour la reconnaissance armée. Le C.I fut le premier modèle produit en série dans cette catégorie. Il était destiné à fournir aux unités au sol des informations sur les mouvements ennemis, à corriger le tir d’artillerie et à surveiller les lignes adverses. L’Oberste Heeresleitung (OHL) avait compris l’intérêt de disposer d’un avion capable de voler à haute altitude avec une autonomie suffisante pour couvrir des zones étendues.
Le C.I fut produit dans les usines Rumpler, mais également par d’autres constructeurs allemands pour répondre aux besoins croissants du front. L’aviation ottomane en fit aussi l’acquisition pour ses campagnes au Moyen-Orient. L’appareil servit jusqu’en 1918, ce qui est remarquable compte tenu de la rapide obsolescence des avions de l’époque.

Le design du Rumpler C.I
Le Rumpler C.I était un biplan biplace à train fixe. Sa configuration structurale reposait sur un fuselage en bois recouvert de toile, une solution classique mais efficace pour l’époque. L’appareil présentait une silhouette fuselée, avec un poste de pilotage situé à l’avant et un poste d’observateur à l’arrière.
Les ailes étaient droites et reliées par des mâts verticaux et haubans, offrant une bonne stabilité structurelle. L’envergure atteignait environ 12 mètres, pour une longueur de 8,4 mètres et une hauteur de 3,2 mètres. Le poids à vide était d’environ 820 kg, et la masse maximale au décollage approchait 1 300 kg.
L’avion était équipé d’un moteur Mercedes D.III à 6 cylindres en ligne, refroidi par eau, développant 160 chevaux (environ 119 kW). Cette motorisation autorisait une vitesse de croisière de 150 km/h et une autonomie de 4 heures, ce qui le rendait particulièrement adapté aux missions de longue durée. L’altitude maximale opérationnelle dépassait 5 000 mètres, un seuil respectable à l’époque.
L’aménagement du poste arrière permettait une mitrailleuse mobile sur anneau rotatif Schneider, assurant une protection arrière. À partir de versions ultérieures, une mitrailleuse fixe LMG 08/15, synchronisée pour tirer à travers l’hélice, fut installée pour le pilote, améliorant ainsi ses capacités d’autodéfense.
Les performances du Rumpler C.I
Les performances du Rumpler C.I étaient notables dans sa catégorie. L’appareil combinait vitesse, plafond opérationnel et autonomie, trois éléments essentiels pour les missions de reconnaissance de longue portée.
Avec une vitesse maximale de 150 km/h, il pouvait maintenir une avance modérée sur les chasseurs alliés de début de guerre, mais devint progressivement vulnérable face à des modèles plus modernes comme le Sopwith Camel ou le SPAD S.VII. Son plafond pratique de 5 060 mètres permettait toutefois d’opérer hors de portée de certaines défenses sol-air rudimentaires et de plusieurs chasseurs de 1915-1916.
L’autonomie de 4 heures, assurée par une capacité carburant d’environ 160 litres, offrait une grande flexibilité aux unités opérationnelles. Cette endurance permettait de surveiller des secteurs entiers du front occidental sans relai.
Côté armement, l’installation de la Parabellum MG14 mobile à l’arrière offrait une protection relative, bien que l’angle de tir restait limité par la structure arrière. L’ajout progressif d’une LMG 08/15 synchronisée, à l’avant, rendait l’appareil apte à interagir directement avec des cibles aériennes ou terrestres.
Enfin, le C.I pouvait embarquer jusqu’à 100 kg de bombes sous les ailes. Cette capacité de bombardement léger était secondaire mais utile pour harceler les lignes arrière ou frapper des points logistiques.
Les variants du Rumpler C.I
Le Rumpler C.I a donné lieu à quelques dérivés, bien qu’aucune refonte majeure n’ait été développée avant son retrait du service.
Le Rumpler C.Ia incorporait un moteur Argus As.III de 180 chevaux (environ 132 kW). Ce changement de motorisation offrait une légère amélioration des performances, notamment au décollage et en montée. La documentation sur ce modèle reste toutefois fragmentaire.
Un autre dérivé, parfois désigné Rumpler C.II, aurait existé mais les sources techniques restent peu claires sur ses caractéristiques.
Des versions d’entraînement ont également été produites. Elles étaient équipées d’un moteur Benz Bz.III de 150 chevaux (110 kW) et dépourvues d’armement. Ces modèles étaient réservés à la formation des pilotes et observateurs, en dehors des lignes de front.
Enfin, le Rumpler 6B, hydravion issu du C.I, fut produit à 88 exemplaires pour la Kaiserliche Marine. Doté de flotteurs, il assurait des missions côtières et de surveillance maritime.

Les missions du Rumpler C.I au combat
Le Rumpler C.I fut largement utilisé sur le front occidental entre 1915 et 1918. Son rôle principal restait la reconnaissance tactique et photographique. Il servait également à la correction d’artillerie, au repérage de mouvements ennemis et à des missions de harcèlement léger.
Le C.I était intégré dans les Flieger-Abteilungen, unités mixtes de reconnaissance et d’observation. Il survolait les lignes ennemies pour photographier les tranchées, repérer les batteries d’artillerie et localiser les concentrations de troupes.
L’avion connut une forte activité durant la bataille de la Somme en 1916, où il permit de suivre les déplacements alliés. Lors de la bataille d’Arras (1917), il fut également employé pour guider les tirs de contre-batterie allemands.
Ses limites apparurent cependant dès 1917, face à l’intensification de la chasse alliée. Son armement limité et sa faible vitesse l’exposaient aux attaques. De nombreux C.I furent abattus par des escadrilles britanniques et françaises.
Malgré cela, sa capacité à opérer à haute altitude, souvent au-delà de 4 500 mètres, assurait une certaine protection, notamment lorsque les chasseurs adverses peinaient à atteindre ces altitudes.
Un dernier mot
Le Rumpler C.I fut progressivement remplacé à partir de 1917 par des modèles plus performants comme le Rumpler C.IV, doté de meilleures vitesses et d’une meilleure capacité de défense. La production s’arrêta courant 1918.
L’appareil fut cependant réutilisé après-guerre par des forces aériennes secondaires, notamment en Pologne, Lettonie et Yougoslavie, jusqu’au début des années 1920. Cette prolongation d’usage tenait à la solidité de conception et à la relative facilité d’entretien.
Son retrait progressif fut lié à l’obsolescence technologique, plus qu’à une insuffisance structurelle. Le Rumpler C.I demeure aujourd’hui une référence pour l’étude des premiers avions tactiques allemands et un jalon important dans l’histoire de la reconnaissance aérienne.
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