Sopwith Gunbus

Le Sopwith Gunbus fut un des premiers chasseurs en configuration poussoir, utilisé brièvement par la Royal Naval Air Service dès 1915.

Le Sopwith Gunbus fut un des premiers avions armés de la Première Guerre mondiale. Conçu initialement comme hydravion pour la Grèce, il fut transformé en chasseur terrestre à configuration poussoir. Il était équipé d’un moteur Sunbeam de 150 chevaux et d’une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm. Malgré une capacité d’emport de bombes, ses performances limitées (vitesse maximale de 129 km/h, plafond de 1 200 m) et sa maniabilité difficile freinèrent son engagement. Seulement 17 exemplaires sur 30 commandés furent livrés, et il fut relégué au rôle d’entraînement dès 1916, remplacé par des avions plus efficaces comme le Vickers FB.5. Le Sopwith Gunbus illustre les premiers essais d’intégration de l’armement dans l’aviation militaire, mais son impact opérationnel reste limité.

L’historique du Sopwith Gunbus

Le Sopwith Gunbus tire ses origines d’un contrat signé en 1913 avec la marine grecque. L’objectif était de livrer six hydravions biplaces. Le premier vol eut lieu en février 1914. L’appareil, dérivé d’un hydravion, était destiné à des missions d’observation et d’entraînement. La structure comprenait un fuselage à coque nautique, deux postes de pilotage en tandem, et un moteur Anzani radial de 100 chevaux, installé en configuration poussoir.

Les essais concluants pour la Grèce ont suscité l’intérêt de la Royal Naval Air Service (RNAS) britannique, qui passa commande en mai 1914 de deux exemplaires. Cependant, la faible fiabilité du moteur limita leur emploi. Dès février 1915, ces deux appareils furent retirés du service.

En août 1914, après l’entrée en guerre du Royaume-Uni, la RNAS réquisitionna cinq des six avions destinés à la Grèce. Ces modèles furent armés d’une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm montée à l’avant. Un moteur Gnome Monosoupape remplaça le moteur initial. Cette évolution marqua la naissance du Sopwith Gunbus S.P.Gn., une version réellement opérationnelle.

Cependant, les performances restaient médiocres. En juillet 1914, le projet évolua vers une version terrestre sous la désignation Admiralty Type 806, à train d’atterrissage classique. La production fut limitée à 30 exemplaires, dont seuls 17 furent livrés, les autres servant de pièces détachées.

Sopwith Gunbus

Le design du Sopwith Gunbus

Le Sopwith Gunbus adopte une configuration poussoir, caractéristique de plusieurs prototypes britanniques du début de la guerre. Cette disposition permettait d’éviter toute gêne mécanique ou structurelle devant le mitrailleur, situé à l’avant.

Le poste de pilotage, d’abord à l’arrière, fut déplacé à l’avant dans la version terrestre Type 806. Cette modification visait à améliorer la coordination et la défense arrière. Le fuselage, de 9,9 mètres de long et de 3,4 mètres de haut, comportait une structure en bois entoilé, classique pour l’époque.

L’envergure atteignait 15,2 mètres, avec une cellule à quatre baies, renforçant la rigidité. L’ensemble reposait sur un train d’atterrissage fixe à roues, sans amortisseurs, limitant son usage à des terrains réguliers.

L’armement principal était une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm, installée en pivot sur le poste avant. Cette configuration offrait un large champ de tir, mais la stabilité en vol rendait le tir imprécis.

L’intégration d’un compartiment à bombes sur le plancher du fuselage permettait d’embarquer quatre petites bombes, fixées sous l’aile inférieure. Le système de largage était rudimentaire : une trappe manuelle actionnée par le copilote.

Malgré ses qualités de conception initiales, le design souffrait d’un centre de gravité mal équilibré, d’une résistance aérodynamique élevée, et d’un contrôle latéral peu réactif, limitant ses capacités en combat tournoyant.

La performance du Sopwith Gunbus

Les performances du Sopwith Gunbus sont représentatives des limites technologiques des années 1914-1915. Alimenté par un moteur Sunbeam Crusader de 150 chevaux (112 kW), il atteignait une vitesse maximale de 129 km/h. Son plafond opérationnel était limité à 1 200 mètres, avec un taux de montée initial de 70 mètres par minute.

La distance franchissable restait modeste, autour de 250 kilomètres, en raison d’un réservoir de carburant limité et d’un rendement moteur faible. Le poids à vide s’établissait à environ 730 kg, pour une masse maximale au décollage proche de 1 100 kg.

Le comportement en vol était jugé peu satisfaisant : instabilité longitudinale, difficultés de virage, ralentissement excessif en montée. L’angle de roulis était lent, et les commandes nécessitaient un effort constant, rendant l’appareil fatiguant à piloter.

La mitrailleuse Lewis, malgré sa puissance relative, souffrait d’un mauvais champ de tir vertical, en raison de la position basse du cockpit. De plus, aucun synchroniseur n’existait encore, limitant les perspectives de tir direct à travers l’hélice.

La capacité de bombardement – quatre charges de 9 à 12 kg – restait très faible pour une mission de bombardement léger, et ne compensait pas la faible vitesse et la vulnérabilité de l’appareil en mission.

Les missions du Sopwith Gunbus au combat

Le Sopwith Gunbus fut engagé essentiellement par la Royal Naval Air Service (RNAS) entre février et juillet 1915. Sa mission principale était la défense côtière et les patrouilles de reconnaissance armée, en particulier autour des installations portuaires de la Manche et de la mer du Nord.

L’objectif était de disposer d’un intercepteur capable de contrer les premiers appareils allemands, en particulier les Zeppelin et les Taube allemands. Mais ses performances limitées empêchèrent tout emploi offensif soutenu.

Les missions opérationnelles répertoriées se limitent à quelques engagements aériens, sans victoire confirmée. Les rapports mentionnent des tirs inefficaces, une vulnérabilité face aux appareils plus rapides, et des difficultés à grimper rapidement pour intercepter des cibles.

Aucun combat aérien majeur n’est attribué à cet appareil. Le Vickers FB.5, mis en service en parallèle, offrit des résultats légèrement supérieurs avec 224 unités produites, contre seulement 17 Sopwith Gunbus livrés.

Face à des chasseurs allemands comme le Fokker Eindecker, l’avion fut dépassé. Dès fin 1915, les Sopwith Gunbus furent retirés des missions de première ligne et affectés à l’entraînement des pilotes, où leur double commande restait utile.

Un dernier mot

L’utilisation du Sopwith Gunbus fut rapidement arrêtée. Dès début 1916, les exemplaires restants furent affectés exclusivement à la formation. Le projet fut abandonné, au profit d’appareils plus modernes comme le Sopwith 1½ Strutter et le Sopwith Pup, dotés de synchronisation de tir et de meilleures performances générales.

Le Sopwith Gunbus illustre une phase de transition dans l’évolution des avions de combat. Il constitue un jalon technique, mais sans véritable impact opérationnel durable. Son rôle reste pédagogique et expérimental, marquant les limites d’une configuration poussoir, vite dépassée par les concepts de chasseurs monoplans tracteurs.

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