Le SPAD S.A fut un avion de reconnaissance armé français conçu en 1915, utilisé brièvement en France puis transféré massivement en Russie.
Le SPAD S.A est un avion biplan conçu par Société Pour l’Aviation et ses Dérivés (SPAD) au début de la Première Guerre mondiale. Entré en service en 1915, il visait à offrir une capacité de tir frontal avant l’arrivée des dispositifs de synchronisation. Sa configuration particulière avec un mitrailleur installé en nacelle à l’avant a marqué les premiers essais d’avions de reconnaissance armée. La version SPAD S.A.2, motorisée par un Le Rhône 9J de 110 chevaux, fut produite à 107 exemplaires. Son usage en France fut limité, l’appareil étant rapidement transféré à l’armée russe. Les performances restaient modestes : vitesse de 112 km/h, plafond de 3 000 mètres, armement Lewis de 7,7 mm. Malgré des défauts structurels et opérationnels, le SPAD S.A a constitué une étape transitoire avant les chasseurs plus efficaces du conflit.
L’historique du SPAD S.A
Le SPAD S.A apparaît en 1915 dans un contexte technique encore inabouti. Les forces alliées ne disposent pas encore d’un mécanisme fiable de synchronisation permettant à une mitrailleuse de tirer à travers une hélice en rotation. Pour contourner ce problème, SPAD conçoit une cellule particulière dans laquelle le mitrailleur est placé en avant du moteur, dans une nacelle ouverte.
Il s’agit alors d’une solution de transition. L’objectif est de fournir rapidement un appareil armé capable de missions de reconnaissance offensive. Le SPAD S.A devient ainsi le premier appareil militaire développé par la société, avant que celle-ci ne s’oriente vers des chasseurs plus performants comme le SPAD VII ou le SPAD XIII.
Les premiers exemplaires, SPAD S.A.1, sont produits en petite quantité, puis la version S.A.2 constitue la série principale. Toutefois, la France se désintéresse rapidement de l’appareil, qui est principalement envoyé en Russie. Le manque de manœuvrabilité, la vulnérabilité du mitrailleur et la difficulté de communication entre les deux membres d’équipage limitent l’intérêt opérationnel. 107 unités seulement seront produites entre 1915 et 1916.
En Russie, le SPAD S.A connaît un usage plus prolongé, notamment par manque d’alternatives. Il est maintenu en service jusque dans les premières années de l’Armée Rouge, avant d’être définitivement abandonné.

Le design du SPAD S.A
Le SPAD S.A adopte une architecture biplan classique, avec des ailes supérieures et inférieures reliées par des montants verticaux et câblées. Le train d’atterrissage est fixe, composé de deux roues principales et d’un patin de queue.
L’élément distinctif du design reste la nacelle avant, suspendue entre les ailes, abritant le mitrailleur-observateur. Le moteur est situé immédiatement derrière cette nacelle, ce qui impose plusieurs contraintes techniques. Un grillage métallique est installé derrière le mitrailleur pour le protéger de l’hélice, tout en évitant que des débris n’atteignent celle-ci.
L’appareil affiche les dimensions suivantes :
- Longueur : 7,29 mètres
- Envergure : 9,55 mètres
- Hauteur : environ 2,6 mètres
- Surface alaire : environ 27 m²
Le fuselage est de forme arrondie à l’avant et plat sur les flancs, avec une queue conventionnelle équipée d’un plan horizontal et d’un empennage vertical de petite taille.
Les problèmes ergonomiques sont notables. La communication entre les deux membres d’équipage est difficile, les bruits du vent et du moteur masquant toute instruction vocale. De plus, la visibilité du pilote est réduite par les ailes et la nacelle avant. Le décollage et l’atterrissage sont rendus dangereux par cette configuration.
La performance du SPAD S.A
Les performances du SPAD S.A sont limitées, même pour l’époque. L’appareil est propulsé par différents moteurs selon les versions :
- SPAD S.A.1 : Le Rhône 9C de 80 chevaux (59 kW)
- SPAD S.A.2 : Le Rhône 9J de 110 chevaux (82 kW)
- SPAD S.A.4 : retour au 9C
- SPAD S.D : Renault 98Fg de 220 chevaux (164 kW)
Les performances mesurées du SPAD S.A.2 sont les suivantes :
- Vitesse maximale : 112 km/h
- Plafond pratique : 3 000 mètres
- Autonomie de vol : environ 2 heures
L’armement de base consiste en une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm, montée sur affût mobile dans la nacelle avant. Le SPAD S.A.3, version d’entraînement, dispose de deux mitrailleuses, une par membre d’équipage.
Malgré l’augmentation de puissance moteur dans certaines variantes, l’appareil reste lent, peu manœuvrable et instable. La configuration moteur-propulseur inversée, avec l’hélice derrière le mitrailleur, entraîne des problèmes de refroidissement, d’entretien et de vibrations.

Les missions du SPAD S.A au combat
Le SPAD S.A n’a que très peu servi dans l’aviation française. Quelques missions de reconnaissance courte portée ont été effectuées au cours de l’année 1915, sans impact stratégique notable. L’avion est remplacé rapidement par des appareils plus efficaces, notamment avec l’introduction de systèmes de tir synchronisé.
L’essentiel des appareils produits est envoyé en Russie. Là-bas, le SPAD S.A.2 est utilisé de manière plus soutenue, à partir de fin 1915 jusqu’en 1917. Il sert à des missions de patrouille, reconnaissance armée et escorte légère. Toutefois, les rapports russes évoquent une grande vulnérabilité en vol et une difficulté de pilotage. Les conditions météorologiques et d’entretien du front de l’Est accentuent les défauts structurels de l’appareil.
L’utilisation se poursuit brièvement dans les premières années de la flotte aérienne soviétique (Vozdushny Flot Raboche-Krestyanskoy Krasnoy Armii), sans qu’aucun rôle significatif ne soit attribué à l’appareil. Il est rapidement remplacé par des modèles plus fiables, y compris d’origine britannique ou nationale.
Un dernier mot
Le SPAD S.A constitue une solution technique transitoire, répondant à un besoin tactique ponctuel. Il ne s’est jamais imposé comme un appareil de combat de premier plan, ni en France, ni en Russie. Ses défauts structurels, sa faible performance et sa conception complexe ont limité son emploi.
L’arrivée rapide des avions SPAD VII et Nieuport 11, équipés de synchronisation de tir, a rendu le SPAD S.A obsolète dès 1916. Il est resté marginal dans l’histoire opérationnelle de la guerre aérienne. Toutefois, il a permis à SPAD de lancer ses premières productions militaires, amorçant une série d’appareils plus performants dans les années suivantes.
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