Le Voisin Type 5, bombardier français de 1915, prolonge le modèle III avec une structure renforcée, un moteur plus puissant et un armement frontal.
Le Voisin Type 5 est un bombardier biplan français utilisé pendant la Première Guerre mondiale. Conçu en 1915 à partir du Voisin III, il intègre une cellule renforcée, un moteur plus puissant et un armement frontal plus important. L’appareil adopte une configuration en propulsion arrière, avec une mitrailleuse de 7,7 mm ou un canon de 37 mm monté à l’avant. Il pouvait emporter environ 60 kg de bombes. Malgré quelques améliorations techniques, le Type 5 n’apporte que peu de gains opérationnels. Il est rapidement relégué aux missions secondaires. Employé sur le front occidental et par l’armée russe, il souffre d’un manque de défenses arrière et d’un faible rendement. Son utilisation prend fin dès 1916, remplacé par des modèles plus efficaces adaptés à la guerre aérienne en évolution.
L’historique du Voisin Type 5
Le Voisin Type 5 apparaît en 1915, dans un contexte de transformation rapide de l’aviation militaire. Issu de la série Voisin III, ce nouvel appareil tente de répondre aux limites constatées sur le champ de bataille : charge utile trop faible, motorisation insuffisante et manque de robustesse des cellules.
La société Voisin Frères, dirigée par Gabriel Voisin, conçoit le Type 5 comme une évolution directe du Voisin III. L’objectif est d’augmenter la capacité de bombardement tout en conservant la simplicité de la cellule d’origine. L’aviation militaire française cherche alors à renforcer son aviation de bombardement tactique.
Le développement du Type 5 intervient dans un moment critique. L’aviation militaire commence à s’affirmer comme un élément tactique décisif. Les premiers bombardements profonds en Allemagne montrent l’intérêt d’augmenter la portée et la charge des avions.
Le Voisin Type 5 est alors produit en parallèle du modèle III. Il est affecté aux escadrilles de bombardement à partir de l’été 1915, mais sa carrière opérationnelle est courte. Dès 1916, il est déjà surclassé par des modèles biplaces plus rapides, mieux armés et plus polyvalents comme les Salmson-Moineau SM.1 ou le Breguet 14.
Son usage se prolonge néanmoins dans les unités d’instruction. Certains exemplaires sont exportés vers la Russie, mais ils ne connaissent pas de production locale. Leur emploi y reste limité.
Le design du Voisin Type 5
Le Voisin Type 5 adopte une architecture typique des premiers avions militaires français, avec des caractéristiques spécifiques à la gamme Voisin. Il s’agit d’un biplan à propulsion arrière (configuration “pusher”), dérivée directement du Voisin III.
La cellule centrale est constituée d’une nacelle avant en bois et métal, installée sur un châssis tubulaire. Cette nacelle abrite le poste de pilotage, l’armement avant et le système de largage des bombes. Le moteur est installé à l’arrière de la nacelle, entraînant une hélice en poussée.
Le Voisin Type 5 utilise un moteur Salmson Canton-Unné M9, 9 cylindres en étoile refroidi par eau, développant 110 chevaux (environ 82 kW). Ce moteur est légèrement plus puissant que celui du Voisin III, mais l’écart reste faible.
L’envergure atteint 14,4 mètres, avec une longueur de 9,5 mètres. La structure est renforcée pour supporter un poids total en charge d’environ 1 000 kg. L’appareil repose sur un train d’atterrissage à quatre roues fixes, sans amortisseur.
L’empennage arrière est constitué d’un double plan horizontal et d’une dérive verticale. L’ensemble est soutenu par un réseau de haubans et de câbles tendus sur des tubes métalliques.
L’armement principal se compose d’une mitrailleuse Lewis de 7,7 mm ou d’un canon Hotchkiss de 37 mm, monté en position frontale. Le pilote occupe une position exposée, sans blindage, mais avec une visibilité directe sur le terrain.
La charge offensive maximale atteint 60 kg de bombes, réparties sur des supports sous la cellule. Ce chiffre reste modeste comparé aux futurs standards.

Les performances du Voisin Type 5
Le Voisin Type 5 affiche des performances modestes, limitées par sa conception et sa configuration technique. Bien que légèrement supérieur au Voisin III, il ne constitue pas un bond opérationnel significatif.
La vitesse maximale atteint 105 km/h en palier. À pleine charge, l’appareil met plus de 30 minutes pour atteindre 1 000 mètres d’altitude. Son plafond opérationnel est estimé à 3 000 mètres, une performance insuffisante face aux chasseurs ennemis.
L’autonomie en vol ne dépasse pas 3 heures, soit environ 300 km de rayon d’action, selon les conditions de charge et de vent. Cela limite l’emploi du Type 5 à des opérations tactiques à courte distance.
La maniabilité reste faible. Le poids arrière du moteur rend l’appareil difficile à contrôler en virage. De plus, le centre de gravité instable nuit à la précision du bombardement.
L’armement frontal assure une certaine capacité offensive, mais le manque de défense arrière constitue un point critique. Le pilote est isolé et ne peut se défendre face aux attaques venant de l’arrière.
Enfin, la configuration “pusher” empêche l’installation de blindages ou d’équipements radio avancés. Ces limites rendent l’appareil obsolète dès la fin de 1915, malgré les efforts d’adaptation.
Les missions du Voisin Type 5 au combat
Le Voisin Type 5 est engagé dans les premières missions de bombardement tactique et stratégique de l’aviation française. Ses missions principales consistent à bombarder les lignes ennemies, les voies ferrées, les dépôts logistiques et les batteries d’artillerie.
Il est utilisé principalement au sein des escadrilles VB (Voisin Bombardement), notamment les VB 101 à VB 114, sur le front occidental, entre l’Argonne, la Marne et la Somme. Il participe aux campagnes de soutien d’artillerie et de perturbation des lignes arrières allemandes.
Son emploi s’intensifie à l’été 1915, lors des opérations dans la région de Verdun et Champagne. Il intervient en formation de plusieurs appareils, avec des charges légères, souvent de nuit ou à basse altitude.
L’efficacité réelle reste limitée. Les bombardements sont imprécis, la charge utile trop faible pour infliger des dégâts structurels. Plusieurs escadrilles rapportent des pertes élevées dues à l’absence de défense arrière et à la faible vitesse de l’appareil.
L’armée russe emploie également le Voisin Type 5, principalement dans les unités de bombardement stationnées autour de Grodno, Lviv et Varsovie, mais sans engagement massif.
À partir de début 1916, les unités de première ligne réaffectent le Type 5 à des rôles secondaires : entraînement des pilotes, missions de liaison ou bombardement d’appoint dans les secteurs moins exposés.
Un dernier mot sur le Voisin Type 5
L’utilisation du Voisin Type 5 prend fin progressivement au cours de l’année 1916. Son remplacement s’opère avec l’arrivée d’appareils plus puissants, comme le Breguet 14, le Farman F.40 ou le Caudron G.4, qui répondent mieux aux besoins d’un bombardement plus efficace et protégé.
Le Type 5 ne parvient pas à s’imposer comme appareil standard. Son évolution par rapport au Voisin III reste trop limitée pour répondre aux enjeux tactiques. L’armée de l’air française réduit progressivement sa production.
Le projet de variante bimoteur “push-pull” reste au stade expérimental et n’aboutit à aucune série opérationnelle. Aucun modèle Type 5 n’est conservé dans les collections muséales connues aujourd’hui.
Le Voisin Type 5 reste cependant une étape intermédiaire, illustrant les contraintes techniques et doctrinales du début de la guerre aérienne.
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